Les Évangiles se contredisent-ils ?
Mon groupe d’étude biblique propose en ce moment une série de « témoignages en deux minutes ». Différents membres du groupe racontent comment ils en sont arrivés à croire en Jésus. En réalité, il n’y a pas de chronomètre, et en général, les gens parlent un peu plus longtemps. Mais même ainsi, chaque témoignage n’est qu’une description très condensée de la vie de la personne. Supposons que l’on ait enregistré chaque témoignage et que l’on décide de recommencer toute la série une fois que tout le monde est passé. Je suis certaine que chacun raconterait son histoire de manière légèrement différente la deuxième fois.
Les Évangiles sont des biographies condensées. Ils rassemblent des années de paroles et d’actions de Jésus dans des livres qui peuvent être lus en deux heures de temps environ. Jean termine son Évangile de la façon suivante : « Jésus a accompli encore bien d’autres choses. Si on voulait les raconter une à une, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir tous les livres qu’il faudrait écrire » (Jean 21.25). Nous savons donc que les auteurs des Évangiles étaient extrêmement sélectifs, tant dans les histoires qu’ils racontaient que dans les détails de chaque histoire qu’ils choisissaient de mettre en valeur. C’est l’une des raisons pour lesquelles deux Évangiles peuvent parfois relater des éléments différents d’une même histoire.
Les auteurs des Évangiles ne sont pas que des historiens ennuyeux. Ce sont des conteurs qui cherchent à mettre en valeur la signification de chaque anecdote. Parfois, au lieu d’ordonner leurs histoires chronologiquement, ils placent deux histoires l’une à côté de l’autre pour souligner un message en particulier. Parfois, ils se concentrent sur une seule personne dans l’histoire. Par exemple, l’Évangile selon Marc raconte qu’en sortant de Jéricho, Jésus a guéri un mendiant aveugle nommé Bartimée (Marc 10.46-52), alors que Matthieu dit que Jésus a guéri deux mendiants aveugles anonymes à cet endroit (Matthieu 20.29-34). À première vue, ces récits semblent contradictoires. Mais les auteurs des Évangiles choisissent souvent de mettre en avant un individu dans un récit, et, si l’on y réfléchit bien, nous faisons la même chose. Par exemple, je viens d’avoir une conversation avec mon amie Julie. Il se peut que j’en parle à mon mari, Bryan, plus tard. Si je le fais, je laisserai probablement de côté le fait que Grace était aussi dans la pièce, car Bryan ne la connaît pas et qu’elle n’avait pas un rôle important dans la conversation. Dans les Évangiles, les personnes que Jésus guérit restent presque toujours anonymes. Mais Marc choisit ici de se concentrer sur Bartimée et de nous dire son nom parce que cet aveugle est devenu un témoin oculaire de Jésus, et qu’il était peut-être même connu de certains de ses lecteurs.
Pâques : peut-on vraiment y croire ?
Rebecca McLaughlin
- Jésus a-t-il vraiment existé?
- Est-il vraiment mort et ressuscité?
- D’ailleurs, pourquoi est-ce important?
Souvent éclipsée par les chocolats et les chasses aux œufs, la véritable histoire de Pâques a pourtant de quoi nous interpeller. Un homme qui meurt sur une croix, puis ressuscite pour sauver le monde… Peut-on vraiment croire une telle histoire? Ou est-elle un mythe religieux d’une autre époque?
L’auteure Rebecca McLaughlin nous conduit dans une enquête fascinante sur la fiabilité historique des événements à l’origine de Pâques. Et si l’histoire de la résurrection était bien plus crédible et bien plus belle que vous n’avez jamais osé le croire?
Lorsque nous comparons les récits des Évangiles, nous devons aussi garder à l’esprit qu’ils ont d’abord été écrits en grec, la langue internationale de l’Empire romain. Mais les Juifs de l’époque qui vivaient dans la région de Jésus parlaient l’araméen comme première langue. Ainsi, la plupart du temps, les auteurs des Évangiles traduisaient probablement de l’araméen au grec. Nous rencontrons la même situation dans mon groupe d’étude biblique, où l’anglais est la deuxième langue de plusieurs participants. Lorsque mon ami Jorge, qui vient du Pérou, a partagé son « témoignage en deux minutes », il n’a pas seulement résumé ce qui s’était passé dans sa vie, il a aussi, parfois, traduit certaines choses de l’espagnol à l’anglais. Le fait que les Évangiles aient été écrits en grec, alors que Jésus a probablement enseigné en araméen, ne signifie pas que leurs récits sur Jésus ne sont pas dignes de confiance. Pas plus que le récit du cheminement de foi de Jorge deviendrait soudainement douteux parce qu’il traduit dans la langue commune du groupe. Mais cela explique en partie pourquoi les propos de Jésus sont parfois rapportés un peu différemment d’un Évangile à un autre. De plus, Jésus a certainement donné des enseignements similaires dans des lieux différents au cours de ses déplacements. Il n’y avait pas de vidéos YouTube pour propager son message !
Nous aurions tort d’imaginer les Évangiles comme quatre témoins dans une salle d’audience, convoqués séparément pour rendre compte de ce qui s’est passé le jour du crime. Nous devrions plutôt les considérer comme quatre éloges funèbres, présentés sous des angles différents mais se complétant les uns les autres. Il est très probable que Matthieu et Luc ont eu accès à tout ou partie de l’Évangile selon Marc lorsqu’ils ont chacun rédigé leur biographie de Jésus, beaucoup plus longue. Il est fort possible que Jean ait également eu connaissance de l’Évangile selon Marc. Ces auteurs ont ajouté des témoignages provenant de leurs propres sources oculaires et ont chacun raconté les histoires à leur manière.
En résumé, les Évangiles n’ont pas été écrits long- temps après les événements qu’ils relatent par des personnes qui n’avaient pas accès à ce que Jésus a réellement dit et fait. Au contraire. Ils ont été écrits bien avant la fin de la vie des hommes et des femmes qui ont suivi Jésus partout, et ils nous offrent des biographies condensées d’un homme qui a guéri des centaines de malades et prêché des centaines de sermons dans des dizaines de villes et de villages. Selon les critères his- toriques les plus raisonnables, les Évangiles ont de très bonnes références – bien meilleures, en fait, que celles de nombreux documents que nous considérons comme des repères fiables au sujet de la vie de personnages de l’Antiquité.
Le livre Moi, Claude mêle faits historiques et spéculations romanesques sur la vie de cet empereur inattendu.
Mais il y a de bonnes raisons de croire que Matthieu, Marc, Luc et Jean ne mélangent pas réalité et fiction. Au contraire, ils nous donnent un accès authentique aux témoignages de témoins oculaires de Jésus de Nazareth. S’ils s’étaient sentis libres de modifier leurs récits et d’inventer des choses, ils n’auraient certainement pas inventé l’échec de tous ces hommes, disciples de Jésus. Ils n’auraient pas non plus donné un rôle de premier rang à toutes ces femmes, disciples de Jésus, en faisant d’elles des témoins de la crucifixion, de la mise au tombeau et de la résurrection de Jésus. Alors, que devrions-nous penser de cette mort la plus célèbre de toute l’histoire ? C’est la question que nous allons aborder au prochain chapitre.