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Recension : Timothy Keller, Le Dieu Prodigue, 2013, MB, 128 p. 11,40€

Nous connaissons tous la parabole du fils prodigue racontée par Jésus dans l’Evangile de Luc (15.11-32). Mais pourquoi la nommons-nous ainsi? Comment Jésus la commence-t-il? «Un homme avait deux fils…» Il n’y a donc pas un seul fils, mais deux, plus le père, ce qui fait trois personnes. En se concentrant seulement sur le cadet à la vie dissolue qui revient repentant à la maison paternelle, nous occultons une partie importante de l’enseignement de Jésus. Oui, ce fils s’est mal comporté, il s’est éloigné de son père en lui faisant beaucoup de tort, et il réalise qu’il est indigne et perdu. Avez- vous remarqué qui écoutait Jésus? «Tous les collecteurs d’impôts et les pécheurs… les pharisiens et les spécialistes de la loi» (15.1-2). Et les premiers se reconnaissent bien dans ce fils cadet.

A l’époque, au décès du père, le fils aîné recevait deux fois plus d’héritage, soit les deux tiers, ce qui laissait au cadet le tiers restant. Or, pour satisfaire son jeune fils, le père de la parabole «leur partage ses biens», c’est-à-dire qu’il se dépouille de tout pour eux, sauf de son amour, puisqu’il court vers son cadet les bras ouverts. C’est la grâce et le pardon d’un père aimant; et nous pouvons y voir l’image de notre Père céleste, qui nous a reçus de la même façon en donnant son Fils unique en sacrifice à la croix.

Mais l’histoire n’est pas finie, il y a un deuxième acte. Qu’en est-il de l’aîné? Frustré, jaloux, il est en colère contre son père (v. 28). Comment peut-il faire la fête à ce pécheur et ne pas le récompenser lui, le fils fidèle et juste qui le sert depuis si longtemps? Puisque les choses sont ainsi, il boude la fête, bien que son père sorte le supplier de participer. Jésus vise ici les pharisiens et les spécialistes de la loi. Mais se reconnaissent- ils dans ce fils aîné? Pourquoi refuse-t-il d’entrer? Par orgueil! Propre juste, il se voit moralement irréprochable. N’y a-t-il pas là une ressemblance avec le pharisien de Luc 18.9-14, qui se sent tellement supérieur au collecteur d’impôts?

Jésus utilise l’exemple de ces deux frères pour nous décrire les deux mentalités et manières de vivre opposées les plus courantes, tant à son époque qu’à la nôtre: s’éloigner du Père en voulant suivre notre propre voie pour rechercher notre épanouissement personnel ou chercher à gagner notre salut en nous conformant aux règles et traditions, les deux voies étant erronées. Car ce qui ressort, c’est qu’aucun des fils n’aime vraiment le père pour lui-même. En fin de compte, ils ne sont pas si différents l’un de l’autre. Tous deux sont centrés sur eux-mêmes, recherchant leur intérêt. Ne pensons-nous pas parfois comme l’aîné que Dieu doit nous bénir et nous venir en aide parce que nous le servons fidèlement depuis des années et que nous cherchons à lui plaire? L’aîné sert sans joie, sans amour, sans enthousiasme. Il n’aime pas non plus son frère, car il ne va pas le chercher comme la brebis et la pièce perdues dont Jésus parle juste avant (vv. 1-10).

Jésus montre ici qu’il n’y a pas d’un côté le bon fils et de l’autre le mauvais. Il y a deux fils perdus, qui ont besoin de changer de cœur et d’attitude. Comment? En prenant conscience de leur état et en mesurant l’amour du Père pour ses enfants. Il a donné ce qu’il avait de plus cher pour les ramener à lui tous les deux. Que nous soyons un frère cadet ou un frère aîné, il y aura une grande fête à la fin des temps, le festin des noces de l’Agneau (Ap 19), auquel notre Père nous convie par grâce, si nous nous attachons à lui et si nous nous consacrons à lui d’un cœur joyeux et aimant.

Un excellent petit livre, très profond, qui nous invite à examiner notre cœur et notre relation avec le Père céleste, ainsi qu’avec nos frères et sœurs dans la foi.

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