Presque tous les hommes naturels qui entendent parler de l’enfer se targuent de pouvoir y échapper.
Il se pourrait bien que le sermon le plus célèbre jamais prêché en Amérique soit celui de Jonathan Edwards intitulé « Entre les mains d’un Dieu en colère ». Non seulement on l’a reproduit dans d’innombrables recueils de prédications, mais on l’inclut aussi dans la plupart des anthologies des débuts de la littérature américaine. Ce portrait frappant de l’état précaire des inconvertis sous la menace de l’enfer est à ce point scandaleux aux yeux de certains analystes modernes qu’ils le disent absolument sadique.
Le sermon d’Edwards abonde en illustrations choquantes de la fureur divine et de l’horreur du châtiment implacable réservé aux méchants en enfer. À notre époque, de tels sermons sont jugés vieux jeu, ainsi que de mauvais goût et fondés sur une théologie qui date d’avant les Lumières. Les sermons qui insistent sur la colère impitoyable d’un Dieu saint que s’attirent les impénitents contrastent avec la bonne ambiance qui règne dans le sanctuaire de l’Église locale. Fini les arcades gothiques ; fini les vitraux ; fini les sermons qui inspirent une crainte morale. Notre génération met l’accent sur les progrès personnels et une ouverture d’esprit par rapport au péché.
La sainteté de Dieu
Robert C. Sproul
Êtes-vous émerveillés ou effrayés par la sainteté de Dieu ?
La sainteté est au centre du caractère de Dieu. Pourtant, la plupart des gens ont du mal à définir ce qu’est précisément la sainteté de Dieu. Beaucoup de prédicateurs aujourd’hui évitent complètement ce sujet parce que les gens ont de la difficulté à bien saisir certains concepts qui y sont reliés, comme celui de la crainte de Dieu. Cependant, la compréhension de la sainteté de Dieu est primordiale, car elle nous délivre de notre propension à nous confier en nous-mêmes et en notre propre justice pour le salut de notre âme.
Dans cet ouvrage, R. C. Sproul explique pourquoi il est essentiel d’acquérir une compréhension biblique de la sainteté de Dieu pour développer une théologie et une vision de la vie chrétienne qui honorent Dieu. Il peint un portrait impressionnant de Dieu afin d’encourager les chrétiens à être saints comme leur Père céleste. Lorsque vous découvrirez toute l’ampleur de la sainteté de Dieu, votre vie ne sera plus jamais la même.
Nous nous disons que, s’il existe vraiment un Dieu, il n’est certainement pas saint. Si, par chance, il est saint, il n’est pas juste. Même s’il est à la fois saint et juste, nous n’avons rien à craindre parce que son amour et sa miséricorde transcendent sa sainte justice. Si nous pouvons supporter sa sainteté et sa justice, nous croyons pouvoir compter sur une chose : il ne peut y avoir de colère en lui.
Or, il suffit d’y réfléchir cinq secondes pour constater notre erreur. Si Dieu est le moindrement saint, s’il n’y a qu’un soupçon de justice parmi ses attributs, s’il est bel et bien Dieu, comment pourrait-il ne pas être en colère contre nous ? Nous transgressons sa sainteté ; nous injurions sa justice ; nous ne prenons pas sa grâce au sérieux. Ces choses ne peuvent absolument pas lui plaire.
Edwards comprenait la nature de la sainteté de Dieu. Il savait que les méchants avaient bien des raisons de craindre un tel Dieu. Edwards avait peu besoin de justifier une théologie inspirant la crainte. Il s’employait surtout à prêcher sur la sainteté de Dieu ; à la prêcher avec ferveur, insistance, conviction et puissance. Il ne le faisait pas pour le plaisir sadique d’affoler les gens, mais plutôt par compassion pour eux. Il aimait assez son assemblée pour la mettre en garde contre les terribles conséquences de faire face à la colère de Dieu. Il ne cherchait pas à culpabiliser ses paroissiens, mais à leur faire prendre conscience du danger qu’ils couraient s’ils refusaient de se convertir à Christ.
Examinons une partie de ce sermon pour en avoir un petit avant-goût :
Le Dieu qui vous retient suspendu au-dessus de l’abîme infernal éprouve une infinie aversion à votre égard, tout comme l’on tient un insecte répugnant au-dessus du feu. Vous avez terriblement provoqué sa colère, et celle-ci brûle comme un feu à votre encontre. Vous méritez seulement d’être précipité dans le feu. Les yeux de Dieu sont trop purs pour supporter la vue que vous leur offrez, et vous lui paraissez dix mille fois plus abominable que le serpent le plus venimeux. Vous l’avez offensé, infiniment plus que ne l’a jamais fait le plus entêté des rebelles à l’égard de son prince. Pourtant, seule sa poigne vous empêche à tout moment de tomber dans le feu.
Elle seule vous a gardé de l’enfer la nuit dernière et vous a permis d’ouvrir à nouveau les yeux en ce monde après les avoir fermés dans le sommeil. Elle seule vous a préservé des tourments éternels depuis votre réveil.
De même, aucune autre raison ne vous a protégé de l’enfer depuis le début de votre lecture. Lors même que je vous parle, vous provoquez Dieu à la colère par la manière méchante et coupable dont vous réfléchissez à un sujet si solennel. Non, absolument aucune autre raison n’explique le fait que vous ne tombiez pas à l’instant même dans la gueule béante de l’enfer.
Oh ! pécheur inconverti ! Réfléchissez au danger effrayant que vous courez. Il y a une grande fournaise de colère, un abîme large et sans fond, un feu ardent de colère, au-dessus desquels la main de Dieu vous retient. Sa colère s’élève et brûle contre vous tout autant qu’elle s’acharne contre les damnés qui déjà peuplent l’enfer.
Seul le fil ténu de la miséricorde divine vous retient, alors que les flammes infernales font rage tout autour de vous, prêtes à tout moment à consumer ce lien. Rien de ce que vous avez accompli, ni rien de ce que vous ne pouvez jamais accomplir, ne peut repousser la flamme et amener Dieu à vous préserver une seconde de plus qu’il ne le décide1.
Le rythme de ce sermon est effréné. Edwards bombarde la conscience de ses paroissiens. Il tire des illustrations saisissantes de la Bible, toutes visant à mettre les pécheurs en garde contre le danger qui les guette. Il leur indique qu’ils avancent sur des pentes savonneuses et qu’ils risquent de tomber sous leur propre poids. Il dit qu’ils enjambent l’abîme de feu sur un pont de bois soutenu par des planches pourries qui menacent de céder à tout instant. Il parle de flèches invisibles et empoisonnées qui volent en plein jour. Il les avertit que Dieu a tendu son arc et qu’il vise leur cœur de ses flèches. Il compare la colère de Dieu à de fortes eaux qui poussent contre des écluses. Si le barrage devait céder, les pécheurs mourraient noyés. Il rappelle à ses auditeurs qu’il n’y a rien d’autre que de l’air entre eux et l’enfer :
Votre impiété vous donne le poids du plomb, et tout votre être tend vers le bas, vers l’enfer. Si Dieu vous laissait aller, vous plongeriez immédiatement et rapidement dans ce gouffre sans fond. Vos soins et votre prudence, tous vos artifices et votre propre justice ont, pour vous garder de l’enfer, l’influence qu’a une toile d’araignée pour retenir la chute d’un rocher2.
Dans la partie du sermon portant sur son application, Edwards insiste lourdement sur la nature et l’ardeur de la colère de Dieu. Au cœur de sa pensée réside la notion claire selon laquelle un Dieu saint est forcément un Dieu en colère. Il énumère plusieurs points clés relatifs à la colère de Dieu que nous aurions tort de négliger.
- La colère de Dieu est divine. La colère sur laquelle Edwards a prêché était celle d’un Dieu infini. Il met en contraste la colère de Dieu et la colère humaine ou la colère d’un roi envers son sujet. La colère humaine a une fin. Elle est limitée. La colère de Dieu peut durer indéfiniment.
- La colère de Dieu est ardente. La Bible compare à maintes reprises la colère de Dieu à « la cuve du vin de l’ardente colère du Dieu tout-puissant » (Ap 19.15). En enfer, aucune retenue ni miséricorde ne subsistent. La colère de Dieu ne se résume pas à une simple contrariété ou à un faible déplaisir. Il s’agit d’une rage froide contre l’impénitent.
- La colère de Dieu est éternelle. La colère que Dieu voue à ceux qui sont en enfer est sans fin. Si nous avions de la compassion pour les gens, nous gémirions à l’idée qu’un seul d’entre eux se retrouve dans le feu de l’enfer. Nous ne supporterions d’entendre les cris des damnés pas même cinq secondes. D’être exposés à la fureur de Dieu pour un seul instant nous serait intolérable. Cette scène serait trop terrible pour que nous puissions la contempler à jamais. Nous ne voulons pas d’un tel sermon, car il risquerait de nous bouleverser au point de nous amener à désirer un réveil spirituel. Il nous incite donc à opter plutôt pour une douce insouciance bercée d’illusions.
Le plus tragique, c’est qu’en dépit des mises en garde claires de la Bible et des enseignements de Jésus qui prêtent à réflexion, nous continuons de nous sentir à l’aise par rapport au châtiment réservé aux méchants. Si nous croyons en Dieu le moindrement, nous devons faire face à la terrible vérité selon laquelle il répandra un jour sa fureur. À ce sujet, Edwards a fait remarquer ce qui suit :
Presque tout homme naturel, en entendant parler de l’enfer, se flatte d’y échapper. Il trouve sa propre sécurité en lui-même, et s’appuie en ce qu’il a accompli, en ce qu’il fait, et en ce qu’il a l’intention d’entreprendre. Chacun échafaude des arguments sur la manière dont il évitera la damnation. Il se félicite de bien réussir en ce qui le concerne, et pense que ses efforts ne lui feront pas défaut.
Comment réagissons-nous au sermon d’Edwards ? Suscite-t-il en nous de la peur ? Nous met-il en colère ? Nous sentons-nous comme une multitude de personnes qui n’ont que du mépris pour tout ce qui concerne l’enfer et un châtiment sans fin ? Voyons-nous dans la colère de Dieu un concept primitif et indécent ? La notion même d’enfer constitue-t-elle pour nous une injure ? Le cas échéant, il est évident que le Dieu que nous adorons n’est pas un Dieu saint ; en effet, il n’est aucunement Dieu. Si nous méprisons la justice de Dieu, c’est dire que nous ne sommes pas chrétiens. Nous sommes dans une position tout aussi précaire que celle des gens qu’Edwards a décrits de manière si choquante. Si nous détestons la colère de Dieu, c’est parce que nous détestons Dieu lui-même. Il se peut que nous protestions avec véhémence contre ces accusations, mais notre véhémence ne fait que confirmer notre hostilité envers Dieu. Il se peut que nous nous y opposions ainsi : « Non, ce n’est pas Dieu que je déteste ; c’est Edwards que je déteste. Dieu n’est que bonté envers moi. Mon Dieu est un Dieu d’amour. » Il n’en reste pas moins qu’un Dieu d’amour sans colère n’est pas Dieu. C’est tout autant une idole de notre propre cru que si nous l’avions sculptée dans la pierre.
Jonathan Edwards a prêché un autre sermon célèbre que nous pourrions considérer comme un genre de suite au sermon « Entre les mains d’un Dieu en colère ». Il l’a intitulé « Men Naturally God’s Enemies » (Les hommes sont les ennemis naturels de Dieu). Si j’avais la prétention de pouvoir améliorer le titre d’Edwards, je lui donnerais celui de « Dieu entre les mains de pécheurs en colère ».
Si nous ne nous sommes pas convertis à Christ, une chose est certaine : Nous haïssons Dieu. La Bible est sans ambiguïté sur ce fait. Nous sommes ennemis de Dieu. Nous nous sommes promis d’en venir à le détruire. Il est tout aussi naturel pour nous de haïr Dieu que ce l’est pour la pluie d’humidifier la terre. Il se peut d’ailleurs que notre contrariété se change en indignation. Nous nions fermement ce que je viens d’écrire. Nous sommes bien disposés à nous reconnaître pécheurs. Nous admettons d’emblée ne pas aimer Dieu autant que nous le devrions. Par contre, qui d’entre nous serait prêt à admettre qu’il hait Dieu ?
Or, Romains 5 enseigne clairement sur le sujet : « [Lorsque] nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (Ro 5.10). Le Nouveau Testament a la réconciliation pour thème central. Celle-ci n’est pas nécessaire pour ceux qui s’aiment les uns les autres. L’amour que Dieu nous porte est indubitable. L’ombre d’un doute plane au-dessus de nous. C’est notre amour pour Dieu qui est remis en question. La pensée naturelle de l’homme, ce que la Bible appelle la « pensée charnelle » est inimitié contre Dieu.
Notre mauvaise estime de lui trahit notre hostilité naturelle envers lui. Nous le considérons indigne de notre complète dévotion. Nous n’éprouvons aucun plaisir à le contempler. Même le chrétien trouve souvent difficile de l’adorer et accablant de le prier. Nous sommes naturellement enclins à fuir le plus loin possible de sa présence. Sa Parole rebondit sur notre esprit comme un ballon de basket contre un mur.
Par nature, notre attitude envers Dieu n’en est pas une de simple indifférence. C’en est une de malice. Nous nous opposons à sa gouverne et nous refusons qu’il règne sur nous. Notre cœur naturel est dépourvu d’affection pour lui ; sa sainteté nous laisse de glace. Par nature, l’amour de Dieu ne réside pas en nous.
Comme Edwards l’a fait observer, il ne suffit pas de dire que l’homme naturel voit en Dieu un ennemi. Nous devons être plus précis que cela. Dieu est notre ennemi juré. Il représente la pire menace pour nos désirs impies. La répugnance qu’il nous inspire n’est rien de moins qu’absolue. Aucun degré de persuasion de la part de philosophes ou de théologiens ne saurait nous amener à aimer Dieu. Nous méprisons jusqu’à son existence et nous ferions tout en notre pouvoir pour débarrasser l’univers de sa sainte présence.
Si Dieu mettait sa vie entre nos mains, il n’y serait pas en sécurité une seule seconde. Nous ne le négligerions pas ; nous le détruirions. Il se peut que cette accusation nous semble exagérée et irresponsable tant que nous n’aurons pas examiné de nouveau ce qui s’est produit lorsque Dieu s’est manifesté en la personne de Christ. On ne s’est pas contenté de tuer Christ. Des gens perfides l’ont assassiné. La foule a réclamé son sang. Il ne leur suffisait pas de se débarrasser de lui, il leur fallait encore le mépriser et l’humilier. Nous savons que sa nature divine n’a pas péri sur la croix. C’est son humanité qui y a été mise à mort. Si Dieu avait exposé sa nature divine à l’exécution, s’il avait rendu son essence divine vulnérable aux clous de son bourreau, Christ serait encore mort et Dieu serait absent du ciel. Si l’épée avait transpercé l’âme de Dieu, la révolte ultime aurait réussi et l’humanité serait maintenant reine.
Nous protestons cependant que nous sommes chrétiens. Que nous aimons Dieu. Que nous avons vécu la réconciliation. Que nous sommes nés de l’Esprit et que Dieu a répandu son amour dans notre cœur. Que nous ne sommes plus ses ennemis, mais ses amis. Toutes ces choses s’avèrent dans le cas du chrétien. Nous devons toutefois nous rappeler que notre homme naturel n’a pas été anéanti au moment de notre conversion. Il reste un vestige de notre nature déchue que nous devons combattre jour après jour. Un coin de notre âme ne se réjouit toujours pas en Dieu. Ce vestige nous trahit chaque fois que nous péchons et que nous adorons Dieu avec tiédeur. Il apparaît même dans notre théologie.
On dit qu’historiquement, trois types de théologie génériques se font concurrence au sein de l’Église chrétienne : le pélagianisme, le semi-pélagianisme et l’augustinisme.
Le pélagianisme n’est pas chrétien. Il n’est pas simplement sous-chrétien, il est fortement anti-chrétien. Il ne constitue ni plus ni moins qu’une manifestation d’incrédulité. Le fait qu’il ait une mainmise sur tant d’Églises atteste le pouvoir de l’inimitié naturelle que les gens ont envers Dieu. Pour le pélagien ou libéral, l’activité surnaturelle n’existe pas. Il ne croit pas aux miracles, à la divinité de Christ, à l’expiation, à la résurrection, à l’ascension ni à la seconde venue. Bref, il n’y a aucun christianisme biblique en lui. Ce n’est que pur paganisme déguisé en piété.
Qu’en est-il du semi-pélagianisme ? Il est nettement chrétien en raison de sa confession passionnée de la divinité de Christ et de sa foi en l’expiation, la résurrection et le reste. Le semi-pélagianisme correspond à la théologie de la plupart des chrétiens évangéliques et probablement à celle de la vaste majorité des lecteurs du présent livre. J’ai toutefois la conviction que, malgré toutes ses vertus, le semi-pélagianisme constitue une théologie de compromis avec nos inclinations naturelles. Sa compréhension de Dieu comporte un défaut flagrant. Bien que ses adeptes saluent la sainteté de Dieu et déclarent croire fermement à la souveraineté de Dieu, ils se leurrent encore quant à leur capacité de s’incliner vers Dieu, de prendre la « décision » de naître de nouveau. Ils affirment qu’il est possible de convaincre les gens déchus, qui sont inimitié contre Dieu, de se réconcilier avec lui avant même que leur cœur impie ne change. Selon eux, les personnes qui ne sont pas encore nées de nouveau peuvent voir un royaume que Christ a déclaré invisible et entrer dans un royaume dans lequel il est impossible d’entrer sans passer par la nouvelle naissance. Les évangéliques d’aujourd’hui considèrent que des pécheurs impénitents qui sont morts à cause de leurs péchés peuvent revenir à la vie en choisissant de naître de nouveau. Or, Christ a clairement indiqué que les gens qui sont morts ne peuvent rien choisir, que la chair n’est rien et que nous devons naître de l’Esprit pour même voir le royaume de Dieu, à plus forte raison pour y entrer. L’évangélisme moderne a ceci pour défaut qu’il ne permet pas de comprendre la sainteté de Dieu. Si ses adeptes saisissaient cette réalité, on ne parlerait plus d’ennemis jurés de Christ venant à Jésus par leurs propres forces.
Seul l’augustinisme met la grâce au centre de sa théologie. Si nous saisissons les attributs de Dieu, si nous avons une certaine compréhension de la sainteté de Dieu, nous commençons à comprendre le caractère radical de notre impiété et de notre impuissance. Le pécheur impuissant ne peut survivre que par grâce. Nos forces sont futiles en soi ; sans l’aide d’un Dieu miséricordieux, nous sommes spirituellement impotents. Il se peut qu’il nous déplaise d’accorder notre attention à la colère et à la justice de Dieu, mais tant que nous ne nous serons pas attardés à ces dimensions de la nature de Dieu, nous ne pourrons jamais estimer à sa juste valeur ce qu’il a façonné en nous par sa grâce. Même le sermon d’Edwards portant sur les pécheurs entre les mains de Dieu n’avait pas pour but d’insister sur les flammes de l’enfer. Son auteur ne met pas l’accent sur l’abîme, mais sur les mains du Dieu qui nous retient d’y tomber. Ce sont des mains emplies de grâce. Elles seules ont le pouvoir de nous secourir d’une destruction certaine.
Comment aimer un Dieu saint ? La réponse la plus simple que je puisse fournir à cette question cruciale est que cela nous est impossible. Aimer un Dieu saint échappe à notre pouvoir moral. À cause de notre nature impie, le seul genre de Dieu que nous puissions aimer, c’est un dieu impie, une idole faite de main d’homme. À moins d’être nés de l’Esprit de Dieu, à moins que Dieu ne répande son amour saint dans notre cœur, à moins qu’il transforme notre cœur par sa grâce, nous ne l’aimerons pas. Il est le seul à prendre l’initiative de restaurer notre âme. Sans lui, nous ne pouvons rien faire de juste. Sans lui, nous serions voués à une aliénation éternelle d’avec sa sainteté. Si nous sommes à même de l’aimer, c’est uniquement parce qu’il nous a aimés le premier. Aimer un Dieu saint requiert de la grâce, une grâce assez forte pour transpercer notre cœur endurci et réveiller notre âme moribonde.
Si nous sommes en Christ, c’est qu’il nous a déjà réveillés. Il nous a tirés de la mort spirituelle pour nous faire entrer dans la vie spirituelle. Nous avons toutefois encore un « bandeau » sur les yeux, et il nous arrive parfois de déambuler comme des zombies. Nous redoutons encore jusqu’à un certain point de nous approcher de Dieu. Nous tremblons encore au pied de sa montagne sainte.
Par contre, à mesure que croît la connaissance que nous avons de lui, nous en venons à aimer plus profondément sa pureté et à dépendre davantage de sa grâce. Nous découvrons qu’il est entièrement digne de notre adoration. Notre amour grandissant envers lui a pour fruit l’augmentation de notre révérence envers son nom. Nous l’aimons maintenant parce que nous voyons sa bonté. Nous l’adorons maintenant parce que nous voyons sa majesté. Nous lui obéissons maintenant parce que son Saint-Esprit habite en nous.
PERMETTRE À LA SAINTETÉ DE DIEU DE TOUCHER NOTRE VIE
En mûrissant votre réflexion sur ce que vous avez appris et redécouvert au sujet de la sainteté de Dieu, répondez aux questions suivantes. Servez-vous d’un journal pour consigner vos réponses à la sainteté de Dieu ou discutez-en avec un ami.
1. Comment réagissez-vous au sermon de Jonathan Edwards ? Y voyez-vous de la compassion ?
2. En quoi une bonne compréhension de la colère de Dieu vous aide-t-elle à l’honorer en tant que Dieu saint ?
3. En quoi avez-vous besoin que Dieu vous aide à l’aimer ?