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Si la justification se fait par la foi, alors il nous faut comprendre quel type de foi justifie. Rappelez-vous que l’Église catholique romaine du xvie siècle enseignait que la foi est nécessaire à la justification. Mais elle soutenait qu’il était possible pour une personne d’avoir une foi véritable sans pour autant être en état de justification. Les réformateurs ont répondu que la foi authentique suffit pour être lié à Christ et être considéré comme juste aux yeux de Dieu. Ainsi, notre question clé à présent portera sur la nature du type de foi qui justifie.

Pour défendre l’Église catholique romaine, les théologiens romains du xvie siècle étaient terrifiés à l’idée que certaines personnes entendent justification par la foi seule et pensent que cela signifie que pour être sauvé, on a uniquement besoin d’accepter les affirmations de vérité du christianisme, sans que rien ne change dans la vie personnelle. Ils craignaient que cette formule n’ouvre la porte à l’iniquité. Il était donc impératif pour les réformateurs de définir le caractère et la nature de la foi qui sauve. Les théologiens réformés ont discerné dix dimensions distinctes dans le concept de la foi tel qu’on le trouve dans le Nouveau Testament, lesquelles ont par la suite été condensées en trois aspects majeurs de la foi salvatrice.

Le premier aspect de la foi salvatrice est notitia. Il s’agit simplement du contenu de la foi, ce que vous croyez. Combien de fois avez-vous entendu quelqu’un dire : « Peu importe ce que vous croyez, pourvu que vous soyez sincère. » Peut-être l’avez-vous vous-même dit. C’est effroyable d’imaginer que ce que vous croyez n’a pas d’importance tant que vous êtes sincère ! Une telle notion est aux antipodes de la foi chrétienne. Au cœur de celle-ci, le christianisme est un ensemble de doctrines qui ont été proclamées au monde, d’abord par Christ lui-même, puis par ses apôtres, et que nous devons accepter et croire. Ce que nous croyons compte, et cela compte pour l’éternité.

Comment puis-je être juste devant Dieu ?

Comment puis-je être juste devant Dieu ?

La Rochelle. 71.

Dieu peut-il pardonner à quelqu’un comme moi ?

Dieu est saint, et nous sommes pécheurs. Dieu ne peut supporter la vue du péché. Toutefois, l’Évangile de Jésus-Christ révèle comment les personnes pécheresses peuvent devenir justes devant Dieu.

Dans ce petit livre, R. C. Sproul explore la doctrine de la justification par la foi seule à partir des Écritures et de l’histoire de l’Église. Ce faisant, il explique que c’est par la foi seule en Christ seul que les pécheurs peuvent être justifiés et pardonnés aux yeux d’un Dieu saint.

La Rochelle. 71.

Même sans tenir compte de l’incompatibilité de cette idée avec la foi chrétienne, cette question demeure : et si vous vous trompiez sincèrement ? Supposons que vous croyez qu’un objet inanimé, comme une chaise, par exemple, soit le sauveur du monde. Cela peut paraître ridicule, mais ce n’est pas si différent de ce que des multitudes de gens ont fait tout au long de l’histoire, en plaçant leur confiance dans des objets tels que des statues, des totems, des buissons ou des idoles artisanales. Ces idoles ont été fabriquées par les mains de ceux qui les vénéraient, mais ils avaient réellement foi en ces idoles. Ils les priaient, les adoraient, et croyaient qu’elles pouvaient les racheter des calamités de ce monde – et ils étaient sincères. Une des grandes tragédies de l’histoire de l’Église est que les hérétiques ont tendance à être des gens qui sont tout à fait sincères dans ce qu’ils croient. Pélage croyait vraiment que le péché d’Adam n’avait affecté personne d’autre qu’Adam lui-même. Arius croyait réellement que Jésus n’était pas divin. Ces hérétiques étaient sincères dans leurs croyances, mais ils avaient sincèrement tort – et les erreurs qu’ils enseignaient condamneraient le monde si elles étaient adoptées par d’autres personnes.

Les réformateurs ont compris que la foi salvatrice ne nécessite pas une compréhension parfaite de chaque point de doctrine ou de théologie systématique

Les réformateurs ont compris que la foi salvatrice ne nécessite pas une compréhension parfaite de chaque point de doctrine ou de théologie systématique. Nous ne sommes pas justifiés par la seule connaissance ou l’information, mais nous ne sommes pas non plus justifiés en dehors de la connaissance ou de l’information. Quand le geôlier de Philippes a demandé à Paul : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » et que Paul a répondu : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille » (Ac 16.30,31), c’était une réponse minimale, mais elle incluait du contenu. Paul n’a pas dit à l’homme : « Crois en la chaise sur laquelle tu es assis » ou « Crois en Baal ». Il a dit : « Crois au Seigneur Jésus. » La prédication du Nouveau Testament a cherché à condenser le contenu essentiel de la foi salvatrice au fur et à mesure que les apôtres prêchaient au monde. Lorsqu’ils allaient vers les communautés païennes, ils ne leur disaient pas : « Nous allons offrir un cours de dix ans sur l’histoire de la rédemption, en commençant par le livre de la Genèse jusqu’à Malachie. Ensuite, nous vous demanderons de devenir chrétiens. » Non, ils avaient ce qu’on appelait kerygma ou « prédication » : un résumé des déclarations essentielles de la foi chrétienne, le message fondateur de la personne et de l’œuvre de Jésus, le caractère pécheur de l’humanité et l’œuvre de réconciliation qui avait été accomplie par le Christ sur la croix. Ce message était suivi d’un appel à la foi et à l’engagement envers Jésus. Au fur et à mesure que les gens répondaient par la foi au kerygma et étaient baptisés dans l’Église, ils poursuivaient avec ce qu’on appelait didachē ou « enseignement », où l’ensemble de la doctrine était expliqué plus en détail.

L’Église de toutes les époques doit comprendre quelles sont ces vérités essentielles que nous devons saisir pour être justifiés.

L’Église de toutes les époques doit comprendre quelles sont ces vérités essentielles que nous devons saisir pour être justifiés. Quand les réformateurs ont dit que l’un des ingrédients nécessaires à la foi salvatrice était notitia, ils entendaient par là le strict minimum de contenu nécessaire pour comprendre la naissance virginale, la vie sans péché, la mort expiatoire et la résurrection de Jésus.

Cela nous amène au deuxième élément essentiel de la foi salvatrice que les réformateurs ont appelé assensus. Ce terme a à voir avec l’accord ou l’assentiment intellectuel. Pour Luther et les réformateurs, être justifié par la foi signifiait que vous deviez d’abord avoir l’information – notitia – et que vous deviez aussi croire que l’information est vraie – assensus.

Avoir ces deux éléments suffit-il pour être justifié ? Jacques nous dit que non : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent » (Ja 2.19). D. James Kennedy de l’Église presbytérienne de Coral Ridge a fait remarquer un jour que si vous n’avez que notitia et assensus, cela ne fait que vous qualifier de démon. Les démons ont été les premiers à reconnaître le véritable caractère de Jésus, mais ils n’ont pas pour autant été justifiés. Ils n’avaient pas la foi qui sauve, puisqu’il leur manquait un élément crucial que l’on appelle fiducia, qui se rapporte à la confiance. Ainsi, cet élément de la foi salvatrice, si nécessaire pour que la justification ait lieu, est un élément de confiance personnelle.

En quoi avez-vous confiance ? Sur quoi vous appuyez-vous pour vous réconcilier avec Dieu ? Plusieurs de ceux qui diraient : « Jésus est le Fils de Dieu, et il a fait toutes ces choses merveilleuses » s’appuient en fait sur leurs propres performances. « J’ai essayé de mener une bonne vie » ; « J’ai donné de l’argent à ceux qui étaient dans le besoin » ; « Je suis allé à l’église. » L’objet de leur foi est eux-mêmes, alors que l’objet biblique de la foi est Christ et Christ seul. Nous devons mettre notre confiance en lui et compter exclusivement sur lui en tant que notre rédempteur.

Satan et les démons savent qui est Jésus ; ils connaissent la véracité des affirmations de Christ, mais Satan n’a jamais voulu mettre sa confiance en Christ ou s’y fier. Pourquoi ? Parce qu’il déteste Christ, et parce que son péché fondamental est l’orgueil. Il ne veut compter sur personne d’autre que sur lui-même. Pour que nous ayons une foi et une confiance véritables, nous devons voir quelque chose que Satan ne voit pas : la beauté, la douceur et l’excellence de Christ. Nous n’allons pas mettre notre confiance en quelqu’un que nous méprisons. Mais la foi qui sauve est vivifiée dans le cœur lorsque celui-ci comprend et accepte la vérité de l’Évangile de Christ et passe de cette dimension à la confiance personnelle, à l’assurance et à l’affection pour Christ.

James Kennedy a un jour essayé d’expliquer fiducia en utilisant l’illustration d’une chaise. Vous pouvez regarder une chaise et voir qu’elle n’a aucun défaut et qu’elle pourrait donc probablement vous soutenir en toute sécurité, mais vous ne croyez pas vraiment qu’elle peut vous soutenir tant que vous ne vous asseyez pas dessus. C’est la différence entre l’aspect intellectuel de la foi et la véritable confiance. Christ est comme cette chaise, et nous devons tout risquer pour nous reposer sur lui et en lui, en reconnaissant que lui seul a le pouvoir et la force de nous maintenir en sécurité dans la présence de Dieu.

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