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Les protestants considèrent donc que la doctrine de la justification (par la grâce seule, par la foi seule, sur la base du sang et de la justice de Christ seuls, pour la seule gloire de Dieu, et sous l’autorité des Écritures seule) est « le cœur de l’Évangile biblique ». Je suis d’accord. Et bien que je sois ravi de l’affirmer, la métaphore (p. ex. cœur) peut être ambiguë. Que signifie-t-elle ? En utilisant le mot « cœur », j’entends que la justification aborde directement le problème principal qui s’interpose entre Dieu et l’homme (voir plus haut) et qu’elle devient, par conséquent, la source fondamentale de laquelle découlent tous les autres bienfaits de l’Évangile.

Cela donne une dimension particulière à l’interrogation clé de ce livre : pourquoi la justification est-elle une bonne nouvelle ? Quel bienfait y a-t-il à être justifié par la foi seulement ? Ou de façon plus générale, pourquoi l’Évangile, qui a pour doctrine centrale la justification par la foi, est-il une bonne nouvelle ? On soulève rarement cette question parce qu’il semble impertinent de se la poser quand on a le bonheur de comprendre que l’on a reçu le pardon de ses péchés, que l’on a été acquitté de ses crimes et que l’on est justifié devant un Dieu saint.

Je suis cependant d’avis qu’il nous faut insister pour en trouver la réponse, car elle revêt la plus haute importance. Chacun d’entre nous devrait se poser la question suivante : « Pourquoi considérez-vous comme une bonne nouvelle le fait que vos péchés vous soient pardonnés et que vous êtes désormais justifié devant le Juge de l’univers ? » La raison derrière cette question est que certaines réponses qui semblent bibliques de prime abord ignoreront entièrement le fait que Dieu s’est lui-même donné. Quelqu’un pourrait dire : « Être pardonné est une bonne nouvelle, puisque je ne veux pas aller en enfer. » Ou bien : « C’est une bonne nouvelle, car, sachant que je déteste vivre avec une mauvaise conscience, je suis particulièrement soulagé du fait que j’ai l’assurance que mes péchés sont pardonnés. » Un autre répondra : « Je désire aller au ciel. » Mais demandons-nous alors pourquoi ils souhaitent y aller. Ils affirmeront peut-être : « Parce que le seul autre endroit est un lieu de souffrance. » Ou : « Parce que ma femme, qui est décédée, s’y trouve. » Ou encore : « Parce qu’il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre et que la justice et la beauté y régneront. »

Dieu est l'Évangile

Dieu est l'Évangile

Édition Cruciforme. 215 Pages.

Ce livre est un plaidoyer pour que Dieu soit considéré lui-même comme le don suprême de l’Évangile, tel qu’il l’a révélé clairement et entièrement dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

Les précieuses bénédictions de l’Évangile ne sont pas, en fin de compte, ce qui rend la Bonne Nouvelle bonne. Leur rôle est plutôt de nous amener à voir et à apprécier pleinement notre Sauveur lui-même. Le pardon est bon parce qu’il ouvre la voie à la joie en Dieu. La justification est bonne parce qu’elle nous permet d’accéder à la présence de Dieu et de nous en délecter. La vie éternelle est bonne parce qu’elle promet une source infinie de jouissance auprès de notre Sauveur.

Tous les dons de Dieu sont bons et empreints d’amour, car ils nous conduisent à Dieu lui-même. Dieu a démontré son amour en faisant tout ce qui était nécessaire, jusqu’à sacrifier son Fils unique, pour tourner nos cœurs vers ce qui est le plus profondément et le plus durablement satisfaisant pour nos âmes, c’est-à-dire lui-même.

Édition Cruciforme. 215 Pages.

Qu’est-ce qui ne va pas dans ces réponses ? Il est vrai que personne ne devrait vouloir aller en enfer, que le pardon soulage une conscience chargée, qu’au ciel, nous retrouverons nos êtres chers qui se sont endormis en Christ, que nous échapperons aux tourments de l’enfer et que nous jouirons de la beauté de la nouvelle création, où la justice régnera. Tout cela s’avère, mais quel facteur en est absent ? Dieu n’y est pas considéré comme le bien suprême de l’Évangile. Ces affirmations n’expriment pas un désir dévorant de se trouver en sa divine présence. En fait, elles ne le mentionnent même pas, elles ne font état que de ses dons. Ceux-ci sont assurément inestimables, mais ils ne sont pas Dieu. En outre, ils ne sont pas même l’Évangile si le Seigneur n’est pas perçu comme étant le don suprême qui surpasse tous les autres dons. En l’absence d’un tel attachement à Dieu, aucun des bienfaits divins ne peut être une bonne nouvelle de l’Évangile. À l’inverse, celui qui reconnaît que Dieu est le bien le plus précieux de l’Évangile prisera également tous ses autres dons.

La justification ne constitue pas une fin en soi, pas plus que le pardon des péchés, l’imputation de la justice de Christ et l’exonération de l’enfer. Il en va de même pour l’entrée au ciel, l’absence de maladie, la libération de la servitude, la vie éternelle, la justice, la miséricorde et les splendeurs d’un monde sans douleur. Aucune de ces facettes du diamant de l’Évangile n’est son bien suprême ou son ultime objectif. Il s’agit plutôt de contempler Dieu et de prendre plaisir en lui, être transformés à l’image de son Fils, de sorte que nous goûtions et manifestions de plus en plus sa beauté et sa valeur infinies.

Extrait de: John Piper. « Dieu est l’Évangile. » Publications Chrétiennes. 

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