Parfois, ces affirmations fortes selon lesquelles Dieu dirige, dispose et gouverne toutes créatures, toutes actions et toutes choses soulèvent des questionnements quant à la différence entre le point de vue biblique sur la providence de Dieu et la destinée. L’idée de fatalité existe depuis longtemps – de la mythologie grecque à la physique moderne. Ce qui pose problème en général, c’est que la fatalité et la providence impliquent un arrêté dans le futur qui semble enlever à la vie son sens. Voici la réponse de Charles Spurgeon (1834-1892) face à cette inquiétude.
Pour commencer, il partage son étonnante conviction au sujet de la précision de l’omniprésence de la providence divine. Voici un extrait d’un sermon sur Ézéchiel 1.15-19 :
Je crois que chaque particule de poussière, que l’on voit danser dans un rayon de soleil, ne bouge pas d’un atome de plus ou de moins que ce que Dieu désire – que chaque gouttelette d’embrun qui s’écrase contre le bateau à vapeur a une orbite aussi précise que le soleil dans le ciel – que la paille entre les mains du vanneur est guidée, comme les étoiles dans leur course. Les sauts d’un puceron sur le bouton de rose sont autant établis [par la providence divine] que la progression de la peste dévastatrice – la chute […] des feuilles d’un peuplier est autant décrétée que le déversement d’une avalanche.


La providence de Dieu
John Piper
De la Genèse à l’Apocalypse, la providence de Dieu dirige tout le déroulement de I’histoire de la rédemption.
La providence est « la souveraineté intentionnelle de Dieu ». Sa portée s’étend du déplacement des électrons jusqu’au mouvement des galaxies, puis jusqu’au cœur de l’homme. La providence de Dieu est profondément sage, juste et bonne. Elle a pour but de glorifier Dieu en Jésus-Christ en suscitant la joie dans le cœur de ceux qui ont été rachetés pour un monde nouveau.
S’appuyant sur une vie entière de réflexions théologiques, d’études bibliques et d’interventions pastorales, le pasteur John Piper nous conduit dans un voyage étonnant de la Genèse à l’Apocalypse, suivant les traces de la providence de Dieu, afin de nous faire découvrir la réalité englobante de la souveraineté intentionnelle de Dieu sur toute la création et toute l’histoire. Piper nous invite à approfondir notre connaissance du Dieu qui exerce sa providence d’une manière absolue, et il nous montre comment cela nous aidera à développer une adoration vivante et authentique, à nous affermir dans la foi et dans nos convictions, puis à prendre courage joyeusement dans l’épreuve en voyant l’avancement de la mission de Dieu dans ce monde.
Comme c’est prodigieux! Chaque minuscule bulle de mousse qui pétille à l’ouverture d’une cannette de boisson gazeuse, chaque particule de poussière que l’on peut voir flotter dans les rayons de lumière du matin, chaque pointe de chaque tige de blé à travers les plaines sans fin du Nebraska; toutes, avec leurs mouvements imperceptibles, sont gouvernées par Dieu.
Spurgeon pressent déjà l’objection et continue ainsi dans ce même sermon :
Vous direz ce matin: notre pasteur est un fataliste. Votre pasteur n’est rien de tel ! Quelques-uns diront : « Ah ! il croit à la fatalité ». Il n’y croit pas du tout. Qu’est-ce que la fatalité ? Voici comment elle se définit : ce qui sera, sera. Mais il existe une différence entre cette affirmation et la providence. Cette dernière déclare : « Ce que Dieu ordonne sera » ; mais la sagesse de Dieu ne décrète jamais quoi que ce soit sans avoir un but. Tout dans ce monde travaille pour un seul grand dessein. La fatalité n’emploie pas le même langage. Elle déclare simplement que les choses doivent être ; la providence dit que c’est Dieu qui met les roues en mouvement, et cela arrive !
Si quelque chose de mal venait à se produire, Dieu le changerait en bien ; et s’il arrivait que quelque chose aille de travers, il bougerait sa main et le corrigerait. Cela revient au même, mais il y a une différence quant à l’objet. Il existe autant de dissimilitude entre la fatalité et la providence qu’il en existe entre un individu qui a une bonne vision et un homme aveugle. La fatalité est aveugle ; elle est l’avalanche qui écrase le village en bas et qui détruit des milliers de vies. La providence n’est pas une avalanche ; elle est une rivière rugissante qui, comme un fil d’eau à la source, descend tout le long de la montagne, se nourrissant de cours d’eau, jusqu’à se jeter dans le vaste océan d’un éternel amour, œuvrant pour le bien des humains. La doctrine de la providence n’est pas « ce qui sera, sera ! », mais plutôt ce qui est, travaille ensemble pour le bien de l’humanité, et spécialement pour le peuple choisi par Dieu. Les roues sont remplies d’yeux; ce ne sont pas des roues aveugles.