Aidez TGC Évangile21 à équiper les croyants pour qu'ils restent fermement attachés à l'Évangile dans une culture qui change radicalement.

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Nous vivons dans des temps de « tout ou rien », « nous ou eux ». Vous êtes soit entièrement avec nous – en suivant la ligne du parti sur tous les fronts – ou vous êtes avec eux. Vous êtes digne de confiance parce que vous êtes d’accord avec nous sur tout, ou vous êtes totalement indigne de confiance et même une dangereuse menace – même si c’est simplement à cause du fait que vous êtes en désaccord avec nous 5 % du temps.

Fini le temps où le fait d’être « nuancé » était une bonne chose dans la vie et dans la politique, ce temps où soutenir le programme d’un parti sur quelques questions et celui d’un autre parti sur d’autres points faisait partie de la norme et était même encouragé. Aujourd’hui, une telle attitude est considérée comme traîtresse. On exige une loyauté totale à la tribu. Si vous êtes le politicien de votre parti dont la conscience vous dicte de voter différemment, alors on vous attribue l’étiquette de « traître ». Si vous êtes une célébrité qui soutient un certain parti mais qu’on vous voit avoir des amitiés avec un ancien président du parti adverse, préparez-vous à la punition infligée par votre tribu.

Nous devrions tous être effrayés par ces temps d’extrémisme mais les chrétiens en particulier devraient être déstabilisés. Car l’un des sous-produits de la tribalisation politique du « tout dedans ou tout dehors » est que l’identité politique d’une personne devient peu à peu prééminente, qu’elle façonne son identité religieuse plutôt que l’inverse. Avec le temps, le plein accord concédé à un parti politique – car ne vous y trompez pas, c’est le prix de l’influence – passe d’une nécessité accordée avec réticence à une conviction intériorisée. Rapidement, les engagements de foi d’une personne sont subordonnés à son affiliation politique ou s’harmonisent avec elle de manière suspecte. Et si cela peut créer un accord à court terme dans votre propre négociation foi + politique, cela crée une dissonance à long terme pour le témoignage chrétien plus large dans le monde.

L’un des sous-produits de la tribalisation en politique est que l’identité politique d’une personne devient peu à peu prééminente, façonnant son identité religieuse plutôt que l’inverse.

Voici la dure vérité pour les croyants qui souhaitent avoir une influence politique à notre époque : une fidélité constante aux Écritures ne s’alignera jamais totalement sur n’importe quel parti politique. Le programme de l’Évangile n’est pas défini par des groupes de réflexion partisans. Il est défini par l’Écriture. Un programme évangélique peut s’aligner sur certains aspects d’un parti politique et sur certains aspects d’un autre – et il devrait nous inciter à nous engager dans ces domaines – mais il rejette aussi résolument certains aspects des deux partis.

Le programme de Dieu est bien meilleur, plus grand et plus glorieux que n’importe quel parti, n’importe quelle nation, culture ou époque. La mission de Jésus survivra à toutes les présidentielles. Elle survivra à la nation elle-même. Pour le chrétien, le « bon côté de l’histoire » est toujours celui qui place la fidélité au Dieu éternel au-dessus de la loyauté à une tribu temporelle.

Pourquoi nous nous comportons en troupeaux

Les instincts grégaires du tribalisme d’aujourd’hui sont parfaitement compréhensibles dans un paysage d’information écrasant où il est pratiquement impossible pour l’individu moyen de saisir la complexité de chaque question, et encore moins de réfléchir à sa propre position. Paralysés par la tâche de nous tenir au courant de toutes les questions et de rester suffisamment informés tout en souhaitant conserver une certaine santé mentale, nous regroupons les questions et faisons confiance aux dirigeants et aux experts en politique pour établir des positions qui sont raisonnablement cohérentes et conformes à nos valeurs communes. Cela est vrai pour les tribus théologiques et culturelles autant que pour les tribus politiques. Nous ne disposons pas de l’espace cérébral nécessaire pour savoir ce que nous devrions penser à propos de tout, aussi nous tournons-nous vers des groupes d’affinités et des porte-parole de confiance pour définir ou rédiger nos programmes.

Pour le chrétien, le « bon côté de l’histoire » est toujours celui qui place la fidélité au Dieu éternel au-dessus de la loyauté à une tribu temporelle.

Être un penseur indépendant et non partisan est intellectuellement éprouvant dans un monde où les options explosent rapidement. L’idée d’une identité constituée de différentes fractions (ex : « je suis pro-life, anti-armes, conservateur, etc. ») est sympathique mais c’est souvent le genre de choses que seuls les privilégiés qui ont de l’espace dans leur vie, peuvent expérimenter. La réalité que rencontrent la plupart des gens est que le rythme de vie effréné et la surabondance d’informations chaotiques actuelles impliquent que nous devons nous tourner vers quelqu’un ou vers une institution pour définir notre programme à notre place.

Le problème, bien sûr, c’est que les sources vers lesquelles nous nous tournons ne sont pas toujours d’une grande aide.

On n’est plus façonné par le programme chrétien

Bien des chrétiens d’aujourd’hui reçoivent davantage un enseignement provenant du câble, des podcasts ou des talk-shows que des voix de l’Église. Le chrétien occidental moyen est plus susceptible de voir ses opinions façonnées par un expert politique que par un prédicateur, d’être plus influencé par la chaire intimidante de Twitter que par la chaire réelle de l’Église.

Dans son livre From Politics to the Pews: How Partisanship and the Political Environment Shape Religious Identity, la spécialiste des sciences politiques Michele Margolis explore cette dynamique qui fait que la politique influence la religion plus que le religion n’influence la politique. Dans un de ses articles publié dans le New-York Times , Margolis note que les églises en Amérique étaient habituellement un endroit où les personnes d’opinions politiques diverses s’intégraient et apprenaient comment avoir un discours politique courtois et charitable. « Mais lorsque la politique influe les Américains sur leur décision de se rendre à l’église ou non et sur le choix du lieu de culte », écrit-elle, « même nos lieux de culte se font l’écho des chambres politiques ».

La gravité de ce problème ne peut être négligée. Si l’Église de Jésus-Christ est davantage façonnée par les préoccupations temporelles de la politique contemporaine que par les préoccupations du royaume éternel présentées dans les Écritures, nous avons perdu notre dernière parcelle de pertinence dans une époque séculière. Pourquoi une personne spirituellement agitée du 21ème siècle se soucierait-elle de la foi si celle-ci s’avère n’être qu’une cymbale de plus dans la cacophonie assourdissante du bruit politique ? Pourtant, si la foi offre quelque chose de différent – une clarté confiante et prophétique qui s’inspire d’un programme éternel et s’adresse aux politiques plutôt que d’être inspirée des politiques ou de toute autre chose périphérique – alors elle pourrait valoir la peine d’être préservée.

Être prophétique à partir du Centre

La puissance de l’Évangile n’est pas le pouvoir de gagner les élections, les protections légales ou la prospérité économique. C’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rom. 1:16). Il incombe aujourd’hui aux églises et aux institutions chrétiennes de s’orienter autour de ce véritable Évangile – celui que Dieu nous a donné dans l’Écriture – plutôt qu’autour des divers évangiles pervers qui nous tentent : prospérité, pouvoir, politique, auto-assistance.  Cela signifie que les églises et les institutions chrétiennes ne s’adapteront pas facilement aux tribus du « tout ou rien » de notre époque, parce qu’être prophétique en prenant l’Évangile pour point central, c’est défier plusieurs partis en même temps: conservateurs et libéraux, capitalistes et communistes, anti-woke et woke. Cela signifie que la colère viendra inévitablement de multiples directions, tout comme les forces centrifuges qui tenteront de nous tirer dans tous les sens. Une large popularité deviendra impossible.

Le chrétien américain moyen est plus susceptible de voir ses opinions façonnées par un expert politique que par un prédicateur, d’être plus influencé par la chaire intimidante de Twitter que par la chaire réelle de l’église.

Un témoignage évangélique cohérent est inévitablement inconfortable parce qu’il refuse de se taire sur des questions controversées ou des croyances impopulaires qui pourraient vous faire perdre votre place à la table des puissants ou être proscrit par les seigneurs de la mise en application de la ligne du parti. Mais ce n’est pas grave, car être trouvé fidèle par le Créateur infini de l’univers est bien mieux que d’être trouvé fidèle par un président ou une chambre d’écho médiatique partisane.

C’est ce que TGC Evangile21 aspire à être – un ministère qui n’est guidé par aucun autre programme que celui de l’Évangile de Dieu. Tim Keller et Don Carson ont conduit TGC à être « prophétique à partir du Centre » en tant que centre de ressources pour aider à former des disciples de Jésus qui croient en l’Évangile et cherchent à l’appliquer à chaque aspect de leur vie. C’est notre privilège et notre joie de revenir constamment à l’Écriture pour élaborer les implications d’une vie façonnée par l’Évangile, en nous inspirant de la Parole de Dieu plutôt que des mots d’ordre d’un mouvement politique ou d’une tendance culturelle.

Être trouvés fidèles par le Créateur infini de l’univers est bien meilleur que d’être trouvés fidèles par un président ou une chambre d’écho partisane.

Lorsque l’Église fixe son regard sur les gros titres des chaînes d’information en continu plus régulièrement que sur les pages de l’Écriture, elle perd son côté prophétique. Lorsque l’union avec le bon candidat ou la bonne cause compte plus pour les chrétiens que leur union avec le Christ, qui pourrait reprocher aux jeunes de se désintéresser de la foi ?

Mais lorsque l’Église fixe son regard sur Jésus-Christ, la Parole révélée de Dieu, et sur une perspective éternelle au-delà des stimuli fugaces qui remplissent notre assiette, nous pouvons parler de la vérité de manière prophétique et, peut-être, être entendus. Lorsque notre foi façonne notre politique, notre éthique sexuelle, notre discours et tout le reste – plutôt que l’inverse – le monde pourrait prendre au sérieux l’Évangile que nous prêchons.

Note de l'éditeur : 

Pour une réflexion sur le sujet, se référer au chapitre 10 du livre de Tim Keller: « Une espérance en ces temps troublés »

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