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Je n'ai pas seulement laissé le ministère pastoral définir mon identité. J'ai aussi succombé à deux autres tentations.‬

J'ai laissé mes connaissances bibliques et théologiques définir mon niveau de maturité. C'est un piège qui n'est pas sans lien avec la tentation identitaire, mais qui mérite qu'on se penche sur ses particularités. Lorsqu'on exerce un ministère, on peut facilement tomber dans une redéfinition subtile, et pourtant significative, de ce qu'est la maturité spirituelle, et de ce qu'elle accomplit. Cette définition prend racine dans notre vision du péché : de ce qu'il est, et de ce qu'il accomplit. De nombreux pasteurs possèdent une mauvaise définition de la maturité, issue de l'arrière-plan académique du séminaire.‬

Puisque le séminaire a tendance à faire entrer la foi dans un cadre académique, et à en faire un ensemble d'idées dont il faut acquérir la maîtrise, les étudiants sont souvent amenés à croire que la maturité biblique se mesure à la précision des connaissances théologiques et bibliques. Mais la maturité spirituelle n'est pas quelque chose que vous pratiquez avec votre esprit (bien que cela soit un élément important). La maturité a à voir avec la façon dont nous vivons notre vie. On peut être théologiquement brillant, et immature. On peut avoir une connaissance approfondie de la Bible et en même temps avoir encore bien besoin de croissance spirituelle.‬

J'ai obtenu mon diplôme avec mention. J'ai gagné des prix académiques. Je me considérais comme quelqu'un de mature, et je me suis senti incompris, et mal jugé par ceux qui ne partageaient pas mes conclusions. En fait, je voyais ces moments de confrontation comme de la persécution, commune à tous ceux qui embrassent le ministère de l'Évangile. Au fond, je comprenais mal le péché et la grâce. Le péché n'est pas en premier lieu un problème intellectuel. (Bien qu'il affecte mon intellect, comme il affecte chaque partie de mon fonctionnement.) Le péché est en premier lieu un problème moral. Il s'agit de ma rébellion contre Dieu, et de ma quête pour obtenir, pour moi-même, la gloire qui lui est due. Le péché n'est pas en premier lieu la rupture d'un ensemble de règles abstraites. D'abord et avant tout, le péché est une rupture de la relation avec Dieu. Parce que j'ai rompu cette relation, il est ensuite facile et naturel pour moi de me rebeller contre les règles de Dieu.‬

Mon esprit n'est pas le seul à avoir besoin d'être renouvelé par un enseignement biblique solide. Mon cœur aussi a besoin d'être assaini par la grâce puissante du Seigneur Jésus Christ. La remise en état de mon cœur est à la fois un événement (la justification) et un processus (la sanctification). Le séminaire, par conséquent, ne résoudra pas mon problème le plus profond, c'est-à-dire le péché. Il peut faire partie de la solution, mais il peut aussi me rendre aveugle à l'état dans lequel je me trouve réellement, en raison de sa tendance à redéfinir la maturité. La maturité selon la Bible ne se résume jamais à un savoir. Quand il s'agit de maturité biblique, il s'agit toujours de la façon dont la grâce utilise ce que vous avez appris pour transformer votre façon de vivre. ‬

Pensez à Adam et Ève. Ils n'ont pas désobéi à Dieu parce qu'ils étaient intellectuellement ignorants des commandements de Dieu. Ils ont sciemment dépassé les bornes fixées par Dieu parce qu'ils jalousaient la position de Dieu. La guerre spirituelle d’Éden a été menée sur le front des désirs du cœur. Pensez à David. Ce n'est pas parce qu'il ignorait que Dieu avait interdit l'adultère et le meurtre qu'il a déclaré que Bethsabée était à lui et comploté pour tuer son mari. David a agi ainsi parce qu'à un certain moment, il ne s'est pas soucié ce que Dieu voulait. Il voulait obtenir ce que son cœur désirait, quel qu'en soit le prix. ‬

Ou bien, réfléchissons à ce que signifie être sage. Il existe une énorme différence entre la connaissance et la sagesse. La connaissance est une compréhension exacte de la vérité. Être sage signifie comprendre cette vérité, et vivre à sa lumière en l'appliquant aux situations et aux relations de la vie quotidienne. La connaissance est un exercice du cerveau. La sagesse est un engagement du cœur, qui amène une transformation de la vie.‬

Même si je ne le savais pas, je suis entré dans le ministère pastoral avec une vision non biblique de la maturité biblique. A un point qui m'effraie aujourd'hui, je pensais que j'étais arrivé. Et lorsque ma femme, Luella, m'a confronté à ce problème avec amour et loyauté, je ne me suis pas contenté d'être sur la défensive. Par définition, j'étais persuadé qu'elle avait tort. Et j'étais convaincu que c'était elle qui avait un problème. J'ai utilisé mes connaissances bibliques et théologiques pour me défendre. J'étais dans un bel état ! Et je n'en avais pas conscience.‬

Le succès n'est pas forcément le signe de l'approbation de Dieu‬

J'ai cru que le succès dans le ministère signifiait l'approbation de Dieu sur ma vie. Le ministère pastoral était passionnant à bien des égards. L'église grandissait en nombre, et les membres semblaient grandir spirituellement. De plus en plus de personnes semblaient déterminées à faire partie d'une communauté spirituelle dynamique, et certains ont gagné des batailles dans leur cœur, par la grâce de Dieu. Nous avons fondé une école chrétienne qui était en pleine expansion, et gagnait en réputation et en influence. Nous commencions à identifier et former de futurs responsables.‬

Tout n'était pas rose ; nous avons traversé des moments douloureux et difficiles, mais je commençais mes journées avec le sentiment profond d'être privilégié, et que Dieu m'avait appelé à ce ministère. Je dirigeais une communauté de foi, et Dieu bénissait nos efforts. Mais je me méprenais sur le sens de ces bénédictions. Sans savoir ce que je faisais, je considérais la fidélité de Dieu envers moi, envers son peuple, envers l’œuvre de son royaume, son plan de rédemption, et son église, comme une preuve qu'il m'approuvait moi. Dans ma perspective, je pensais : “Je suis quelqu'un de bien, et Dieu est avec moi dans tout ce que je fais.” En fait, je disais à Luella (c'est embarrassant, mais il est important que je l'admette) : « Si je suis aussi mauvais, selon toi, pourquoi est-ce que Dieu bénit tout ce que je fais ? »

Dieu n'agissait pas parce qu'Il approuvait ma façon de vivre, mais à cause de son zèle pour sa propre gloire, et sa fidélité à ses promesses de grâce pour son peuple. Dieu a l'autorité et le pouvoir d'utiliser quelque instrument que ce soit, de quelque manière que ce soit, selon son bon plaisir. Le succès dans le ministère nous apprend toujours plus sur Dieu que sur ceux qu'Il utilise pour faire sa volonté. Je me trompais sur toute la ligne. Je me suis approprié un crédit que je ne méritais pas, pour une chose que je n'aurais pas pu faire. J'ai cru que c'était de moi qu'il s'agissait. Et je n'ai pas vu que je fonçais tout droit vers un désastre, et que j'avais un profond besoin que la grâce de Dieu me vienne en aide. J'étais un homme qui avait besoin d'être secouru par la grâce. A travers la fidélité de Luella, et les questions d'une précision chirurgicale de mon frère Tedd, c'est précisément ce que Dieu m'a donné.‬

Et vous ? Quelle est votre vision de vous-même ? Que pensez-vous régulièrement sur vous-même ? Êtes-vous différent de ceux que vous servez dans le ministère ? Vous considérez-vous comme un ministre de la grâce, qui a besoin de tout autant de grâce ? Êtes-vous à l'aise avec vos incohérences, avec le décalage qui existe entre l’Évangile que vous prêchez et la façon dont vous vivez ? Y a-t-il des dissonances entre votre personnage (celui qui exerce un ministère public), et les détails de votre vie privée ? Encouragez-vous votre église à devenir une communauté d'un certain niveau, sans vous impliquer vous-même dans cette dynamique ? Vous laissez-vous aller à penser que personne d'autre n'a une vision des choses aussi vraie et pointue que la vôtre ? Vous servez-vous de vos connaissances pour maintenir à bonne distance tout ce qui pourrait vous confronter ?‬

Vous n'avez pas besoin d'être effrayé par ce qu'il y a dans votre cœur. Vous n'avez pas besoin d'avoir peur d'être connu pour ce que vous êtes. Car parmi tout ce qui pourrait être révélé sur vous, il n'y a rien qui n'ait pas déjà été couvert par le sang précieux de votre Sauveur et Roi, Jésus.‬


 

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