Les vacances commencent. Et te voici, toi, animateur, animatrice, engagé(e) pour offrir les tiennes. Tu sais déjà ce qui t’attend, plus ou moins : des grands jeux à préparer, un travail manuel à confectionner, ton instrument à apporter, des nouveaux amis à rencontrer et « des cinquièmes » à se régaler. Mais ce qui t’attend, c’est Justine, Léo, Ahmed ou Manon. Ces enfants qui vont manger de ton temps, raccourcir tes nuits, mal ranger leur pyjama, détester les haricots ou tricher au Uno. Mais aussi ces enfants qui vont te faire rire, pleurer, douter de toi, chercher la force dans l’équipe, surmonter ta peur de parler en public. Le temps sera court à leurs côtés, mais ils ne sont pas là par hasard. Ni toi d’ailleurs. Voici 2 éléments qui donnent à réfléchir alors que tu as choisi de servir :
1. L’enfant « parfait » en apparence ne doit pas échapper à ton regard
Tu seras sans doute plus tenté(e) de t’inquiéter du petit voisin issu d’un autre arrière-plan religieux, invité pour la première fois dans une colonie chrétienne. Ou tu n’auras de cesse de focaliser ton énergie sur celui qui, livré à lui-même, aura un vocabulaire châtié, du répondant violent ou un refus du cadre. Prends soin d’eux, oui. Peut-être est-ce la première fois de leur vie qu’ils vont ouvrir la Bible et entendre parler de Dieu ! Mais permets-moi d’attirer ton attention sur celui qui ne se fait pas remarquer. Celui qui fait gentil, obéissant, rangé. Celui qui connaît Jean 3.16 et Romains 3.23 par cœur. Qui sait réciter les livres de la Bible et a déjà joué un rôle dans une scénette de Noël. Prier avant les repas ou au coucher, ne pas dire de gros mots et prêter ses affaires fait partie de son quotidien. Cet enfant a entendu l’histoire de Noé 248 fois, il connait les 10 plaies d’Egypte, les exploits de David, le prénom des 3 amis de Daniel, il peut citer 10 miracles de Jésus et n’est pas étonné par le changement du prénom « Saul » en « Paul ». Cet enfant-là a besoin de toi. Peut-être que, du haut de son attitude « religieuse », il n’a pas encore pu saisir la Grâce. Peut-être que dans sa pensée, faire tout ce qu’il fait bien le rend favorable aux yeux de Dieu ? Peut-être qu’il croit que le paradis lui est ouvert parce qu’il a eu une bible reliée à la fin de l’école du dimanche ou cassé sa tirelire pour donner des tickets repas à un enfant parrainé ?…
Lorsqu’on lit dans l’Evangile de Luc l’histoire du fils prodigue, on s’émeut devant le changement flagrant de la vie de ce fils égoïste et débauché… et on passe souvent en silence la réaction de l’autre fils… alors que le fond de la parabole le concerne, lui, le frère aîné ! A-t-il saisi la grâce ? Connaît-il son père comme son jeune frère le connait ? « Voilà tant d’années que je suis à ton service sans jamais désobéir à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis. » (Luc 15.29). Ce fils entretient avec son père une relation mercantile : JE te donne donc JE dois recevoir. Il insiste lourdement sur la façon dont il œuvre, agit, se sacrifie, donne sans compter. Il veut mériter l’amour que son père lui porte. Il est jaloux de son frère et trouve son père injuste. Quelle triste et fausse conception de ce père parfait ! Le fils prodigue, lui, moins « lisse », moins « dans les clous », moins « religieux » voit un père différent : un père qui lui donne son bien sans rechigner, qui l’attend sans se lasser, qui traite ses ouvriers sans les mépriser, qui accepte son retour sans le juger, qui l’honore sans le blâmer. Un père aimant, rassurant, patient, bienveillant. C’est ce père-là que le fils voit. Et c’est ce fils-là, repentant, contrit, blessé, agenouillé, qui implore la grâce, là où la loi condamnait. Lui a goûté au salut, alors que le plus « parfait », celui qui faisait « tout comme il faut » a refusé de prendre part au festin…
Le fils prodigue, moins « lisse », moins « dans les clous », moins « religieux » que son frère voit un père différent : un père aimant, rassurant, patient, bienveillant. C’est ce père-là que le fils voit.
Je ne suis pas en train de te dire que tous les enfants versés dans les Ecritures ou chantant de beaux cantiques sont des « religieux » perdus. Sur tes 12 campeurs, il n’y aura pas forcément un « Judas ». Ta mission en colo n’est pas de séparer le bon grain de l’ivraie. Seul Dieu connaît le cœur de chacun et le cœur de ses motivations. Ta mission à toi, auprès des enfants confiés, est de faire connaître cultiver, encourager, faire vivre et fructifier la Grâce offerte en Christ.
Il y aura certainement dans ton équipe un « fils aîné, frère du fils prodigue ». Intéresse-toi à lui. Regarde au-delà de ses (bonnes) actions. Cet enfant-là, comment voit-il Dieu ? Comme quelqu’un qui le récompensera pour ses bonnes actions parce qu’il le mérite bien ? Ou comme un Dieu généreux, compatissant, prêt à pardonner encore et encore ? … Cet enfant-là a peut-être, au-delà de la loi qu’il applique, besoin de (re)découvrir Jésus ? Que le Seigneur te donne un regard aiguisé pour prendre en considération cet enfant-là et l’accompagner dans sa découverte du précieux Sauveur ! Tu vas être un modèle sur cette voie.
2.Veille sur toi-même et sur ton enseignement. (1 Tim 4.16)
Les enfants ne sont pas dupes. Ils écoutent parfois mais regardent toujours. Tu pourras raconter les plus belles histoires de la Bible, réciter les versets les plus réconfortants, si tu ne les appliques pas dans ta vie, tes propos sonneront creux. Tu es un modèle. Sois cohérent. Dis et fais ce que tu as dit que tu ferais. Ton témoignage de vie, ton esprit de service, ta confiance en Dieu, ton amour de Sa Parole, ton respect de l’autorité, ta générosité, ton don de toi-même, ta reconnaissance de tes torts et ton amour inconditionnel ne laissent pas indifférent. Je n’oublierai jamais cette monitrice qui a laissé son pull au petit tombé dans le torrent pour qu’il ne prenne pas froid. Et ce moniteur qui, gravement blessé au visage par un enfant qui jouait avec des pierres, s’est assuré depuis le brancard des secouristes que son équipe allait rentrer au centre en toute sécurité. Je n’oublierai jamais cette équipe d’animation fatiguée d’une longue journée, plongée tard le soir dans le recueillement de la prière. Des modèles de vie qui honorent le Roi. Des façons d’être qui révèlent un amour qui n’attend rien en retour. Sois un modèle : émerveille-toi avec eux devant la beauté du coucher de soleil sur le flanc de la colline ou devant l’escargot de mer qui a tracé son sillon dans le sable, en louant le doigté parfait du divin Créateur. Cherche dans ta Bible comme les enfants quand l’orateur t’y invite : la fuite de David, le courage de Mardochée ou la ténacité d’Esdras peuvent encore t’apprendre des choses. Accomplis la mise de table ou le balayage des chambres avec sourire et bonne humeur.
Ton témoignage de vie, ton esprit de service, ta confiance en Dieu, ton amour de Sa Parole, ton respect de l’autorité, ta générosité, ton don de toi-même, ta reconnaissance de tes torts et ton amour inconditionnel ne laissent pas indifférent
Demande pardon quand le ton de ta voix est monté trop haut et que tu as été injuste envers un enfant. Honore tes pairs en respectant leur autorité et en ne disant pas de mal d’eux. Ecoute avec attention l’enfant qui te raconte une expérience vécue, même si cette dernière est infiniment loin de ton quotidien, de ta compréhension ou de tes préférences. Sèche les larmes du petit qui s’est écorché le genou et ose dire à l’enfant turbulent de la chambre 4 qu’il est difficile à gérer parfois. Cherche avec l’enfant blessé les versets qui l’encourageront dans les moments difficiles. Prie avec tes campeurs, prie pour eux. Ta tâche d’animateur ne se limite pas à lancer un « poules-renards-vipères » ou à gérer 8 brosses à dents différentes. Elle va au-delà de cela : tu investis dans des âmes. Ta présence bénévole à leurs côtés est déjà un gage d’amour, certes, mais donne et donne encore. Dieu saura t’en donner la force. Tu es Son ambassadeur à leurs côtés ! 2 Thess 3.16 : « Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. »
Cher animateur, chère animatrice, une grande tâche t’attend, à la mer, à la montagne, à la campagne. Merci à toi pour le temps que tu offres à nos enfants : c’est une occasion de plus d’honorer le mandat divin de Matthieu 28 : faire des disciples. Que le Seigneur t’encourage dans cette belle mission !