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L’évangile de Matthieu est le premier livre de la Bible que j’ai étudié en profondeur. C’est dans ce livre que j’ai appris à comprendre le contexte, à suivre les passages parallèles et à apprécier la théologie biblique. J’ai été émerveillé par la manière dont Matthieu montre à ses lecteurs que Jésus est le Messie promis à Israël. A 20 reprises (ou presque), il va répéter d’une manière ou d’une autre : « Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète » (Mat. 1 : 22-23 ; 2 : 5-6 ; etc.) C’est comme s’il montrait Jésus du doigt en disant : « Regardez ! Dieu a tenu sa promesse ! ».

La plupart des références prophétiques de Matthieu sont directes, mais pas toutes. Celle qui entoure la naissance virginale de Jésus, en Matthieu 1 :21-23, peut laisser perplexe :

Elle mettra au monde un fils et tu lui donneras le nom de Jésus car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : « La vierge sera enceinte, elle mettra au monde un fils et on l’appellera Emmanuel » (ce qui signifie « Dieu avec nous »).

Un coup d’œil rapide au passage parallèle à ce texte révèle que Matthieu cite Esaïe 7 :14. Mais lorsque nous lisons Esaïe 7, il semble qu’Esaïe n’est pas en train de préparer ses lecteurs à anticiper la venue du Messie par le biais d’une naissance virginale.

Quelle est la promesse en Esaïe 7 ?

Esaïe 7 nous présente un méchant roi de Juda du nom d’Achaz, qui a abandonné l’héritage de son père et entrainé la nation dans l’idolâtrie.  Le règne inique d’Achaz se trouvait menacé par une alliance entre deux rois : Retsin (roi de Syrie) et Pekach (roi d’Israël). Au lieu d’implorer l’aide de Dieu, Achaz se tourna vers le roi assyrien Tiglath-Pileser. Dieu envoya Esaïe dire à Achaz qu’il délivrerait Israël et qu’il devrait demander un signe à Dieu, signe qui confirmerait sa promesse.

Achaz ne voulait pas de l’aide de Dieu. Ainsi, il déclina l’offre. Il essayait de paraître humble, mais ce n’est pas un signe d’humilité que de désobéir au commandement de Dieu. Mais Dieu lui donna quand même un signe, et ce signe ne lui était pas exclusivement destiné ; il était aussi pour la nation entière.

Esaïe dit alors : « Ecoutez donc, membres de la dynastie de David ! Est-ce trop peu pour vous de fatiguer les hommes, pour que vous abusiez encore de la patience de mon Dieu ? Voilà pourquoi c’est le Seigneur lui-même qui vous donnera un signe : la vierge sera enceinte, elle mettra au monde un fils et l’appellera Emmanuel. Il se nourrira de lait caillé et de miel jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Cependant, avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, le territoire dont tu redoutes les deux rois sera abandonné. (Esaïe 7 :13-16)

L’enfant serait un « signe » pour Achaz et pour la nation. Avant que cet enfant ne fût en âge de discerner le bien et le mal, Retsin et Pekach auraient disparu. Cet enfant serait la preuve que Dieu était présent au milieu de son peuple pour le protéger. Ils pouvaient être certains que ni Achaz, ni Pekach, ni Retsin, ni Tiglath-Pileser, ni aucun autre oppresseur ne pourrait ultimement détruire le peuple de Dieu. Dieu garderait Juda et la lignée de David à travers laquelle le Messie verrait le jour.

Comment la prophétie d’Esaïe 7 s’accomplit-elle ?

Dans un épisode classique de la « Rue Sésame » (Sesame Street-NDLT émission américaine pour enfants), Grover, le gentil personnage bleu, enseigne aux enfants la différence entre « proche » et « loin ». Il commence en se plaçant tout proche de la caméra et en disant « près », puis il s’éloigne au pas de course en criant « loin ». Sa leçon est utile pour comprendre les bases de l’orientation – tout comme elle l’est pour apprendre à lire une prophétie. Les prophéties ont souvent un accomplissement proche (partiel) qui s’applique directement aux premiers auditeurs ainsi qu’un accomplissement lointain (final et complet) qui est directement connecté à Jésus.

C’est le cas en Esaïe 7. L’accomplissement proche(partiel) de la prophétie d’Esaïe est sujet à débat. Esaïe ne nous dit jamais clairement comment Dieu a accompli la prophétie, ce qui nous laisse supposer au moins quatre possibilités.

  1. Certains pensent qu’Ezéchias, le roi juste, serait un signe de la présence fidèle de Dieu. Mais il était certainement déjà né quand cette prophétie a été donnée.
  2. Certains spéculent qu’un enfant dont on ignore le nom, né d’une vierge inconnue, a accompli la promesse. C’est une possibilité, mais si ni Achaz, ni Esaïe ne connaissaient la femme en question, il paraît difficile de voir un signe en cet enfant.
  3. Certains affirment qu’il n’y a eu aucun accomplissement immédiat du temps d’Achaz et que Jésus est le seul accomplissement. Mais cela semble très peu probable puisque le signe était à destination d’Achaz qui serait mort depuis bien longtemps à la naissance de Jésus.
  4. Certains affirment que le fils d’Esaïe, Maher Shalal Hash Baz, est l’accomplissement immédiat (Es. 8 :1-4). La similitude de langage entre Esaïe 7 :14-15 et Esaïe 8 :3-4 semble aller dans ce sens : la naissance de l’enfant est appelée un signe (Es. 8 :18), et il fait à nouveau référence à Emmanuel (Es. 8 :8). Mais on peut opposer à cette interprétation l’argument suivant : si la prophétesse est l’épouse d’Esaïe, alors ils ont déjà eu un enfant ensemble (Es. 7 :3). Cela signifie qu’elle ne pouvait être vierge, même si elle pouvait encore être une jeune femme (on reviendra plus tard sur ce point).

Malgré l’absence de certitude, je penche davantage vers cette quatrième option qui paraît la moins problématique.

Mais quelle que soit votre conclusion, cela ne change pas l’usage que Matthieu fait de la prophétie puisque le Saint-Esprit nous confirme que l’accomplissement lointain (complet et final) d’Esaïe 7 se trouve dans la naissance virginale de Jésus. Marie était la vierge annoncée, celle à travers qui Dieu donna Jésus, signe prouvant qu’il serait avec son peuple pour le sauver.

Le mot qui est traduit par « vierge » en Esaïe 7 :14 est ‘almah, qui peut aussi simplement signifier « jeune femme » selon le contexte. Et il est intéressant de constater que Matthieu (en se basant sur la Septante) a choisi le mot parthenos, qui ne peut être traduit que par le mot « vierge ». Ce faisant, la manière dont Matthieu rapporte la conception miraculeuse de Jésus est fidèle à une interprétation juive de la prophétie d’Esaïe.

Pourquoi est-ce important ?

Premièrement, c’est important parce que nous pouvons faire confiance à l’interprétation de Matthieu. Matthieu ne cherche pas uniquement à faire correspondre, vaguement, des versets de l’Ancien Testament pour ensuite projeter la naissance virginale de Christ dans la prophétie d’Esaïe. Au contraire, avant qu’il n’y ait eu une doctrine chrétienne d’une naissance virginale amenant à « Dieu avec nous », il existait déjà une doctrine juive d’une naissance virginale amenant à « Dieu avec nous ».

Matthieu nous dit qu’Esaïe, qu’il en fut pleinement conscient ou non (cf. 1 Pierre 1 :12), parlait du Messie – et que cette prophétie s’accomplit, se réalise, complètement, dans la conception miraculeuse de Jésus. Nous pouvons faire confiance à l’interprétation que Matthieu fait d’Esaïe 7 parce que ses écrits sont inspirés par le même Esprit que celui qui a inspiré la prophétie d’Esaïe.

Deuxièmement, c’est important parce que nous pouvons faire confiance aux promesses de Dieu. Ce que Dieu a promis à Adam à propos d’un Messie (Gen 3 :15), à Abraham (Gen 12 :7 ; 13 :15 ; 24 :7), à Juda (Gen. 49 :10) et à David (2 Sam. 7 :12-15) repose sur ce qu’il promet à Esaïe. L’incarnation du Fils de Dieu est un signe pour le monde, signe que Dieu n’a pas abandonné son peuple. Il a tenu ses promesses, comme il ne cesse de le faire. Joseph se devait de trouver un réconfort dans le fait que Marie ne lui avait pas été infidèle, mais que Dieu avait été fidèle à son peuple en venant parmi eux en Jésus.

De la même manière, nous devrions voir Jésus comme le signe de Dieu au monde, promesse que nous échapperons au jugement qui vient et hériterons du salut si nous nous confions en lui. Que Dieu ait lui-même pourvu de sa présence est la plus grande des grâces. Voilà notre espoir en Christ, dès maintenant et pour toujours : nous « verrons sa face » (Ap. 22 :4)

Seigneur, hâte toi d’être « avec nous » complètement et définitivement.

Note de l'éditeur : 

Traduction de Is Jesus Really the Virgin-Born Child in Isaiah 7?

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