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L'objectif de cet article est de réduire la réaction épidermique, “blanche”, évangélique, suscitée par le concept de “racisme structurel” ou “racisme systémique”. Je ne suis pas en train de supposer qu'il n'y ait que les “blancs” ou les Evangéliques pour rencontrer des difficultés avec ces termes. Mais il s'agit là de la catégorie de personnes que je connais le mieux et celle avec laquelle j'ai le plus d'affinités.

Voici ma stratégie: montrer que si votre pensée est rassasiée des écrits bibliques, vous ne devriez pas vous étonner de voir le racisme structurel omniprésent là où le péché est omniprésent. En d'autres termes, les personnes qui se laissent façonner par les Ecritures devraient s'attendre à trouver le racisme structurel quasiment partout dans un monde déchu.

Les personnes qui se laissent façonner par les Ecritures devraient s'attendre à trouver le racisme structurel quasiment partout dans un monde déchu.

Une autre versant de ma stratégie consiste à montrer que le racisme structurel est un héritier de l'orgueil structurel et un frère du trio fraternel que sont la cupidité structurelle, la peur structurelle et la convoitise structurelle. Voici mon hypothèse: les personnes qui se laissent façonner par les Ecritures seront d'accord avec le concept qui affirme que l'orgueil, la cupidité, la convoitise et la peur sont imbriqués dans les structures sociales et les institutions tels les loisirs, la publicité, les processus commerciaux capitalistes, les procédures employées pour la titularisation des universitaires, les pratiques des politiques partisanes, et bien plus encore.

Vous avez là un objectif très limité qui laissera le lecteur avec des questions du genre “Alors, voulez dire par là que…?” Sachez que si je ne le dis pas de façon explicite, inutile de supposer que je le dise.

Définitions

Un brin de folie pour commencer en donnant des définitions. C'est de la folie parce qu'avec la notion de racisme il est préférable de rester vague. Tout le monde est contre le racisme. Les racistes eux-mêmes le sont. Alors pourquoi ne pas poursuivre la rédaction de cet article et arrêter de chercher des histoires? D'un autre côté, demander des définitions peut sembler suspect. Comme si vous essayiez de fuir quelque chose. De trouver une échappatoire. Eh bien, ce n'est pas ce que je suis en train de faire. C'est même l'inverse. Je veux bloquer toutes les issues de secours. Je veux fuir les échappatoires.

C'est le propre des définitions. Je n'aime pas marcher dans un brouillard d'imprécisions. C'est de cette façon que certains parviennent à s'échapper. Mais cela les conduit droit dans le mur. Je ne pense pas qu'un consensus qui ne survivrait que dans une sorte de nébuleuse soit préférable.

Alors allons-y. Je vais donner mes définitions. Je ne les ai empruntées à personne. Elle ne font que préciser au lecteur ce que je veux dire lorsque j'utilise tel ou tel terme. Si elles omettent des réalités importantes c'est parce que j'ai des angles morts, des préjugés, une mémoire courte ou les trois à la fois. D'où le caractère vulnérable de l'essai de définitions.

Race. La difficulté à définir le mot “race” est prisonnière du fait qu'on se souviendra toujours de Barack Obama comme du premier président américain noir bien que, génétiquement parlant, il soit autant blanc que noir. Pourquoi? Principalement parce que nous avons privilégié la couleur de la peau, le type de cheveux et les traits du visage comme critères pour définir la différenciation des races. Cela signifie que la base génétique servant à notre conception habituelle de la notion de race est d'environ 0.01% de notre “maquillage génétique”.

En outre, vue de cette manière, la frontière entre les races est impossible à définir. Il y a entre les différentes races trop de variations dans les caractéristiques. Elles n'apparaissent que dans les extrêmes. Non seulement cela, mais il y a tout autant, voire plus de différences ayant un sens physique et intellectuel au sein même des groupes basés sur l'apparence qu'il y en a entre eux.

Ceci nous contraint à vouloir parler de la seule race humaine faite à l'image de Dieu plutôt que de donner un poids excessif (avec un pouvoir destructeur que l'histoire a révélé) aux subdivisions de l'humanité, basées sur des différences non essentielles en surface.

Cependant, ceux d'entre nous qui a priori partagent ce point de vue n'ont guère de choix dans l'usage des termes “racisme” et “raciste” à cause des injustices suscitées par ces différences non essentielles, injustices qui ont une valeur historique et présente. Et l'on trouve dans le terme “racisme” un présupposé concernant la signification du mot “race”.

C'est pour cette raison- dans le but d'utiliser le terme “racisme” d'une manière qui concorde avec notre situation actuelle- que je ne définis pas le mot “race” de manière ni scientifique ni sociologique, mais selon des critères d'apparence, avec toutes les ambiguïtés et tous les désavantages susmentionnés que cela procure.

Une race est un groupe de personnes qui se distinguent des autres dans un premier temps par la couleur de la peau mais aussi par des traits du visage et par un style de cheveux. J'ai choisi cette définition simpliste rudimentaire simplement pour être clair dans ma communication sur le racisme.

Racisme: c'est un sentiment ou une croyance ou une pratique explicite ou implicite qui valorise une race au détriment des autres, ou dévalue une race par rapport aux autres.

Le terme “raciste”, lorsqu'il est employé comme nom, fait référence à une personne qui se caractérise par le racisme sans haïr ni renoncer ni chercher à éliminer ses propres attitudes et actions racistes et les effets malveillants qu'elles génèrent. Ceci implique que, bien que chacun, pêcheur et centré sur lui-même par nature, soit empreint de tendances racistes, tous ne doivent pas être traités de racistes.

Le terme “raciste”, lorsqu'il est employé comme adjectif, fait référence à la qualité de tout sentiment, pensée, acte, parole, objet, idée, attente, norme, règle, politique, loi, procédure ou quoi que ce soit d'autre, qui incarne ou exprime le racisme.

Racisme structurel : il s'agit de l'effet cumulé de sentiments racistes, de croyances et de pratiques qui s'incarnent et s'expriment au travers de la politique, des lois, des règlements, des procédures, des attentes, des normes, des hypothèses, des lignes directrices, des plans, des stratégies, des objectifs, des pratiques, des valeurs, des critères, des récits, des histoires, des archives, etc. qui, par conséquent, défavorisent la race sous-estimée et privilégient la race surestimée. Il faut voir de manière implicite dans cette définition un point important: le racisme structurel peut donc avoir ses effets racistes même si des personnes non-racistes siègent au sein d'institutions dans lesquelles les schémas racistes conservent leur emprise.

Maintenant que les définitions ont été données, j'en arrive à montrer la raison pour laquelle il n'est pas étonnant que le racisme structurel soit omniprésent dans des institutions où le péché est omniprésent. La raison est que le péché humain, un mal surnaturel, et un système mondial mauvais s'associent pour incorporer l'orgueil, la cupidité, la peur, la convoitise et le racisme dans toutes les institutions humaines.

Splendeur et décadence de l'Homme

La vision biblique de l'être humain attribue à ce dernier à la fois une grande gloire et une grande corruption. Au commencement, les humains étaient le summum de la création de Dieu sur la terre (Genèse 1.26,31). Et l'humanité rachetée sera un jour, en tant qu'enfants de Dieu (Jean 1.12) rendue semblable à la deuxième personne incarnée de la Trinité (Romains 8.29; 1 Jean 3.2), elle partagera un jour, avec cette dernière, la gouvernance de l'univers (Apocalypse 3.21), elle jugera les anges (1 Corinthiens 6.3) et sera “la plénitude de celui qui remplit tout en tous” (Ephésiens 1.23).

Nous devons cette glorieuse destinée à l'intervention compatissante de Dieu dans le mal présent de l’humanité. Ce n'est pas grâce à nos mérites ni à notre capacité intrinsèque de nous améliorer nous-mêmes. Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour qu'il sauve les pécheurs (1 Timothée 1.15; Jean 3.16)

Le péché humain personnel

Dans notre condition actuelle, sans la grâce salvatrice de Dieu, nous sommes tous, sans exception aucune, pécheurs (Romains 3.9-23). Nous avons échangé la gloire de Dieu contre sa création (Romains 1.23). Par nature, nous préférons toutes choses à Dieu. Notre pensée est obscurcie (Ephésiens 4.18). Notre nature déchue ne nous laisse pas “accepter les choses de l'Esprit de Dieu” mais nous les fait regarder comme de la folie. Nous ne sommes “pas aptes à les comprendre parce que c'est spirituellement qu'on en juge” (1 Corinthiens 2.14).

Dans notre refus de nous soumettre à la loi de Dieu, nous démontrons que nous sommes profondément “hostiles à Dieu”, quand bien même nous éprouverions des sentiments chaleureux à son égard dans notre égoïsme insoumis (Romains 8.7-8). Nous sommes “esclaves du péché” (Romains 6.17). Dans ces conditions, nous sommes “étrangers à la vie de Dieu” (Ephésiens 4.18) et sommes “par nature des enfants de colère” (Ephésiens 2.3).

Le péché de l'homme, démon surnaturel, et un système mondial mauvais se liguent pour insérer le racisme au cœur de toutes les institutions humaines.

Dieu a non seulement envoyé son Fils comme Sauveur au cœur de cette horrible insurrection humaine, mais il déploie une grâce commune pour empêcher l'humanité de faire tout le mal qu'elle pourrait faire s'il n'était pas là. (Genèse 20.6; 2 Thessaloniciens 2:6-7) Mais malgré tout, il est impossible de calculer la quantité de mal que l'homme exerce vis à vis des autres.

Relisez les mots que le Nouveau Testament emploie pour décrire les péchés perpétrés par les humains à l'encontre de leurs semblables: l'iniquité, l'envie, le meurtre, les querelles, les tromperies, les médisances, les calomnies, l'arrogance, l'insolence, la vantardise, ingénieux au mal, désobéissants envers leurs parents, dépourvus d'affection, cruels, haïs des uns et se haïssant les uns les autres (Romains 1.29-32;Tite 3.3).

Et quels sont les effets de tout ce péché sur les relations raciales et ethniques? La Bible les résume en un mot: “l'inimitié” (Ephésiens 2.14). Si vous parcourez des yeux la liste des péchés sus-mentionnés en vous demandant pour chaque mot quels effets ils produiraient dans notre attitude vis à vis des autres races, vous ne seriez pas surpris. Si nous sommes “malveillants”, à combien plus forte raison le serons-nous avec des personnes qui sont différentes de nous-mêmes. Si nous sommes des “meurtriers”, à combien plus forte raison le serons-nous avec ceux qui sont différents de nous. Si nous “sommes trompeurs”, à combien plus forte raison le serons-nous avec les étrangers. Si nous “calomnions”, combien il est plus facile de calomnier ceux qui sont différents. Si nous sommes “arrogants et insolents”, combien il sera plus facile de nous mettre en avant et de considérer ces “autres” comme inférieurs. Si nous “haïssons”, quelles sont les personnes les plus faciles à détester sinon celles qui ne sont pas comme nous!

L'histoire de l'humanité a une chance sur un million de ne pas être une histoire de racisme. Lorsque le racisme n'apparaît pas au sein de pécheurs non régénérés, c'est tout simplement par ce que la grâce commune l'en a empêché. Mais rassurez-vous: dans la terre même du rejet du racisme, d'autres péchés croissent avec force, prêts à corrompre les apparences d'une certaine harmonie raciale.

Le mal surnaturel

Ajoutez maintenant à cette condition déchue du cœur humain le fait que dans le monde, il y a un grand pouvoir surnaturel qui n'est pas en accord avec les plans de Dieu. On l'appelle “le diable et Satan” (Apocalypse 12.9), le “prince de ce monde” (Jean 14.30) ou “le dieu de ce monde qui a aveuglé les pensées des incrédules” (2 Corinthiens 4.4). Il est celui “qui trompe toute la terre” (Apocalypse 12.9). Sa volonté de tromper va de pair avec son intention de détruire. ” Il a été meurtrier dès le commencement…Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge” (Jean 8.44).
 

Il ne travaille pas seul, mais détient des subalternes démoniaques qui s'affairent à accomplir son action destructrice de par le monde. On l'appelle le “prince des démons” (Luc 11.15). Dans sa description des adversaires démoniaques des chrétiens, Paul a écrit: “Nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang mais contre les principautés, contre les dominateurs des ténèbres d'ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes” (Ephésiens 6.12).

Le pouvoir que possède la perversité humaine pour produire le racisme est aggravé par un pouvoir démoniaque qui intensifie ce mal.

Par conséquent, le pouvoir que possède la perversité humaine pour produire le racisme -tout comme tout autre péché- est aggravé par un pouvoir démoniaque surnaturel qui protège et intensifie ce mal. Cette influence surnaturelle est tellement envahissante dans les affaires humaines que l'apôtre Jean dit que “le monde entier est au pouvoir du malin” (1 Jean 5.19) et Paul dit que “le prince de la puissance de l'air… agit maintenant dans les fils de la rébellion” (Ephésiens 2.2).

Etant donné que depuis la nuit des temps son “modus-operandi” est constitué de mensonges et de crimes, est-il surprenant qu'il œuvre au sein de toutes les institutions sociales de ce monde dans le but de cultiver l'incompréhension, la méfiance, les préjugés, la partialité, la suspicion, la mauvaise volonté, l'antagonisme, l'hostilité, le crime, les pogroms, les lynchages, la purification ethnique, l'holocauste, le génocide ? La persistance, l'omniprésence et la portée planétaire des horreurs racistes et des querelles ethniques témoignent d'un type de mal qui correspond à la vision biblique de la tromperie et de la mort surnaturelle.

Un système mondial mauvais

Ajoutez ensuite à la décadence humaine et au pouvoir démoniaque surnaturel le fait que la Bible voit dans cette complicité entre la méchanceté humaine et surhumaine qui produit un “présent siècle mauvais” (Galates 1.4), ce “monde des ténèbres” (Ephésiens 6.12) et un “monde” que nous sommes appelés à ne pas aimer (1 Jean 2.15), monde dans lequel la sagesse est folie (1 Corinthiens 1.20), l'esprit n'est pas celui de Christ (1 Corinthiens 2.12), la figure passe (1 Corinthiens 7.31), dans lequel les principes rudimentaires sont aliénants (Galates 4.3), et duquel nous devons triompher (1 Jean 5.4)

Aucun péché n'est plus systémique et structurel que l'orgueil. Il est imbriqué dans toutes les institutions humaines.

Le péché présent dans le cœur de l'homme, dans sa pensée et dans ses actions, trouve sa force et son extension via Satan dans une matrice globale mauvaise qu'on appelle “le monde” ou “les temps mauvais” ou “le monde des ténèbres”. L'idée derrière ces propos est de nous aider à considérer le fait que la réalité globale et historique du mal est plus grande que l'ensemble de chaque contribution humaine. Le mal dans le monde est bien plus étendu que la somme des péchés individuels. L'effort requis pour saisir cette réalité contraint plusieurs à faire usage de l'expression “système mondial” en lieu et place du mot “monde” tiré de la Bible.

Dans cette vision du monde, je ne décèle aucun péché qui ne soit pas systémique ou structurel (j'use ces deux termes de manière interchangeable)

Le père de tous les péchés

L'arrière grand-père de tous les péchés se prénomme l'orgueil. L'orgueil est l'amour de l'auto-définition, de l'auto-exaltation, de l'indépendance, de la supériorité sur les autres, Dieu inclus. C'est pourquoi l'orgueil préfère être servi plutôt que servir, être honoré (lorsqu'il est fort) plutôt que d'honorer, être plaint (lorsqu'il est faible) plutôt que de plaindre et être respecté plutôt que de respecter. A la base de ce qui fait la joie de l'orgueil se trouve le “moi”, pas Dieu.

Dieu a l'orgueil en horreur (Proverbes 8.13; Amos 6.8). ” L’homme au regard hautain sera abaissé, et l’orgueilleux sera humilié : L’Eternel seul sera élevé ce jour là.” (Esaïe 2.11). Cela a commencé avec la chute de Satan (Jude 1.6) puis avec celle de l'espèce humaine. Adam et Eve ont saisi à pleines mains l'auto-direction, l'indépendance et l'auto-exaltation lorsqu'ils ont rejeté Dieu en tant que personne de confiance (Genèse 2.16-17;3.6)

L'orgueil engendre le racisme. L'orgueil structurel engendre le racisme structurel.

Il n'est pas de péché plus systémique et structurel que l'orgueil. L'orgueil est intriqué dans toutes les institutions humaines. L'ambition égoïste, la recherche de la gloire, la poursuite de ses intérêts personnels avant ceux des autres, la mise en avant du monde au détriment de Dieu, voilà les fondements de toute vie humaine et des institutions avant que “la pensée du Christ” (1 Corinthiens 2.16, Philippiens.2.5) ne remplace “la pensée de la chair” (Romains 8.7), ne fasse de la gloire de Dieu le plus important (Philippiens 2.11) et nous libère pour “considérer les autres comme étant supérieurs [à nous-mêmes]” (Philippiens 2.3). Jusque là, même la philanthropie (1 Corinthiens 13.3) et le ministère chrétien (Philippiens 1.17) sont systématiquement imprégnés d'égoïsme et de rabaissement de Dieu.

Ce n'est que lorsque l'évangile de Jésus brise le pouvoir de cette obscurité et place la grâce de Dieu à la base de la vie et la gloire de Dieu à son sommet (2 Thessaloniciens 1.11-12) que l'étoffe de l'orgueil structurel commence à s'effilocher. Sans cela, l'exaltation de l'homme et la marginalisation de Dieu sont encastrées dans la politique, les lois, les règlements, les procédures, les attentes, les normes, les hypothèses, les guides, les plans, les stratégies, les objectifs, les pratiques, les valeurs, les critères, les récits, les histoires et les registres de toutes les institutions humaines.

Les trois enfants de mère orgueil

L'orgueil a engendré des triplés fraternels: la cupidité, la peur et la convoitise. J'utilise le terme “fraternel” parce qu'ils ne sont pas identiques. Mais j'utilise aussi le terme “triplés” parce que l'ADN qui les habite est d'une grande similitude.

La cupidité est le désir porté vers les moyens (l'argent la plupart du temps) d'obtenir ce qui me satisfait, tout en considérant Dieu incapable de me satisfaire et les autres comme des “consommables”. L'orgueil crée et alimente la cupidité.

La peur est l'inquiétant reflet de la cupidité qui craint de perdre ce à quoi elle aspire. Elle rejette Dieu non seulement en tant que source de satisfaction mais également en tant que protection (Esaïe 51.12-13). Dans ce contexte-là, les autres ne sont pas seulement des objets de consommation; ils sont une menace. Lorsque la cupidité et l'orgueil font preuve de marques de respect et de bonté, ce n'est que dans le but de manipuler. Qui puis-je manipuler pour obtenir ce que je veux? Qui dois-je éliminer pour conserver ce que j'ai déjà? L'orgueil crée et alimente la peur en nourrissant le présupposé dominant qui consiste à croire que je mérite ce que je veux.

La convoitise est la petite sœur de la cupidité. Ses besoins sont minimes mais aussi forts que la mort. Elle ne veut que des plaisirs sensuels. La cupidité peut languir après une imposante bibliothèque. La convoitise, elle, veut simplement que le bibliothécaire la déshabille. Elle n'est qu'une girouette pivotant au gré des stimulations sexuelles. Dans un cœur qui convoite, Dieu est refoulé et les gens deviennent des objets. Tant qu'ils sont utiles pour assouvir une euphorie sexuelle, ils sont désirés. Quand ce n'est plus le cas, on s'en débarrasse. Lorsque l'orgueil n'est pas occupé à créer des ascètes auto-justifiés, il crée et nourrit la convoitise en nourrissant la pensée que les désirs de la chair sont ses droits.

La convoitise est particulièrement experte pour réduire l'âme humaine à un minuscule chaudron de désirs insatiables, ce qui a pour conséquences de rendre l'âme aveugle aux choses glorieuses telle l'image de Dieu en toute personne et en toute race.

Institutionnalisation de l'orgueil, de la cupidité, de la peur et de la convoitise

Lorsqu'il est question dans la Bible du “présent siècle mauvais” des “ténèbres d'ici-bas ” et de “ce monde “, cela nous rappelle que les systèmes et les structures du monde sont imprégnées du péché -des péchés tels l'orgueil, la cupidité, la peur et la convoitise. Il ne s'agit pas de dire que les politiques institutionnelles, les lois, les régulations, les protocoles ou autres ressentent l'orgueil, la cupidité, la peur et la convoitise. En fait, l'idée centrale est qu'ils les reflètent, les incarnent, les préservent ou les font avancer. Ils ne font qu'institutionnaliser la pensée des personnes orgueilleuses, cupides, craintives et envieuses qui les ont créés.

Tant que Satan est le “dieu de ce système mondial”, tant que les humains sont, au mieux, seulement partiellement libérés de « l'esprit de la chair » et tant que la grâce commune de Dieu n'atténue qu'une partie du cancer de l'orgueil qui laisse des métastases dans toutes les institutions humaines, on trouvera toujours de l'orgueil structurel, de la cupidité structurelle, de la peur structurelle et de la convoitise structurelle.

On trouvera des politiques qui favoriseront une hiérarchie visible qui nourrit et promeut l'orgueil.

On trouvera des stratégies de compétition acharnée qui se nourrissent des nutriments de la cupidité.

On trouvera des méthodes de micro-gestion qui éveilleront et attiseront la peur.

On trouvera des propositions vestimentaires qui exploiteront la convoitise.

Pas de racisme structurel? Inconcevable!

Dans un monde comme celui-ci, il parait inconcevable et tout à fait étonnant que le “racisme structurel” ne soit pas présent. Dans ce monde de péché, de Satan et d'un système mondial décadent, qu'un péché ait l'honneur d'échapper à une expression systémique est incompréhensible. C'est la réalité non seulement du point de vue des statistiques mais également d'un point de vue organique. Le racisme est l'enfant gâté de l'orgueil. Et le racisme structurel est l'enfant robuste de l'orgueil structurel. Ils sont liés de manière organique. L'orgueil engendre le racisme. L'orgueil structurel engendre le racisme structurel.

Le racisme est un sentiment explicite ou implicite ou une croyance ou une pratique qui donne plus de valeur à une race qu'à une autre, ou qui dénigre une race par rapport à une autre. Pourquoi faisons-nous cela ? A cause de l'orgueil. Du culte du “moi”. De l'arrogance. De la vanité. Cela ne saute-t-il pas aux yeux: nous dénigrons les autres races dans le but de mettre en valeur la nôtre et d'en tirer les avantages qui en découlent ? C'est également une des raisons pour lesquelles le racisme est le frère des triplés fraternels que sont la cupidité, la peur et la convoitise. Nous surévaluons notre propre race et dévaluons les autres dans le but d'obtenir des bénéfices (la cupidité), d'éviter des pertes (la peur). Et pour couronner le tout, la convoitise attise et soutient le processus en aspirant les reliquats de décence encore présents dans notre âme.

Le remède: la pensée du Christ

En guise de conclusion, je dirai donc que dans une vision biblique du monde, le racisme structurel est inévitable. Il tend à s'exprimer dans tous les lieux où l'orgueil, la cupidité, la peur et la convoitise s'expriment. Là où les “vents culturels” parviennent à le chasser, ce qui est heureusement le cas aujourd'hui, il tend (fort malheureusement) à se réfugier dans les profondeurs.

Gardons-nous de penser que, parce que le racisme structurel est envahissant qu'il est la cause déterminante de toutes les injustices ou de toutes les inégalités. La présence envahissante dans le corps d'un type de cellule cancéreuse ne fait pas d'elle la cause de toutes les maladies. C'est pourquoi il n'est guère utile d'agiter le drapeau du racisme structurel sans montrer du doigt ses manifestations particulières.

La probabilité qu'elle y soit pour quelque chose est sans doute élevée. Mais un bon médecin fait son dépistage.

Gardons-nous de penser que le racisme structurel est la cause déterminante de toutes les injustices ou de toutes les inégalités.

Jésus-Christ est le remède ultime à la maladie de l'orgueil, de la cupidité, de la peur, de la convoitise et du racisme. Le seul péché sur lequel nous avons la victoire est le péché pardonné et seules la mort et la résurrection de Jésus garantissent ce pardon aux yeux de Dieu. Lorsque nous sommes unis à Lui au moyen de la foi, sa mort et sa justice sont mises à notre compte. Notre châtiment est passé (grâce à sa mort); notre perfection nous est imputée (grâce à sa justice). Nous sommes alors en mesure de faire la guerre à l'orgueil, à la cupidité, à la peur et à la convoitise.

En Christ, “l'esprit de la chair” qui s'oppose à Dieu est crucifié (Galates 5.24). En Christ, “l'esprit du Christ” qui exalte Dieu est créé (Galates 6.15; Philippiens 2.5). Au cœur de cette nouveauté se trouve le miracle suivant: que “l'humilité [nous] fasse considérer les autres comme étant supérieurs à [nous -mêmes]” (Philippiens 2.3). C'est là que se trouve la fin de l'orgueil, de la cupidité, de la peur, de la convoitise et du racisme. L'humilité et l'esprit de service remplacent l'orgueil et l'égoïsme. La générosité remplace la cupidité. La paix remplace la peur. L'alliance d'amour remplace la convoitise.

Inébranlable pour faire le bien

La personne dont il est question – cette nouvelle création en Christ- ne se contente pas de renoncer au racisme au fond de son cœur et dans ses actes, elle cherche également à discerner et démanteler les structures qui se sont forgées autour de cette notion. Un moyen d'accomplir cette tâche consiste à inviter des ethnies différentes à observer la façon dont les institutions fonctionnent et à partager ce qu'elles y voient. Il se peut que vous ne soyez pas d'accord avec l'évaluation qu'elles en auront faite, mais maigre est l'espoir de faire disparaître les “angles morts” sans passer par une autre vision du monde.

La personne qui a en elle la pensée du Christ ne se laisse pas surprendre par tout ce qu'elle trouve dans ce monde déchu. Elle n'a pas non plus la propension à gaspiller son énergie à blâmer les autres. Elle ne connaît que trop bien son propre péché et les réminiscences de son imperfection. Elle ne fait pas non plus preuve d'utopie ni de naïveté lorsqu'elle considère les limites de la justice dans ce monde déchu. Elle n'est pas non plus paralysée ni effrayée par ces mêmes limites. Elle n'est pas là pour créer le royaume de Dieu. Elle est là pour mettre en valeur la grandeur de Christ qui se suffit à elle-même et pour faire autant de bien qu'elle peut (1 Pierre 2.12 ; 3.11, 17; 4.19)


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