De temps en temps, Kevin DeYoung essaie de publier des articles courts comme celui-ci, qui constituent une brève introduction à un sujet de théologie systématique. L’objectif est la clarté. L’approche est la concision. L’idée qui la conduit est de présenter de grands concepts théologiques dans un format d’environ 500 mots (parfois 1000).
Un thème récurrent dont Jésus parle souvent est que le Père habite dans le Fils, formulé ainsi: « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jean 14:10-11). Tout ce que Jésus demande dans la prière sacerdotale est enraciné dans la réalité que le Fils est dans le Père et que le Père est dans le Fils. De même, l’apôtre Paul témoigne que c’est dans le Fils incarné que « toute la plénitude de Dieu a voulu habiter » (Colossiens 1:19).
Nous comprenons généralement que ces versets concernent la divinité du Christ. Et c’est à juste titre. Mais ils évoquent également l’habitation mutuelle des personnes de la Trinité. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont des personnes distinctes, qui se distinguent respectivement par la paternité, la filiation et la spiration. Pourtant, nous ne devons pas considérer ces trois personnes comme trois visages sur la photo de classe. Le Père habite le Fils ; le Fils habite l’Esprit ; l’Esprit habite le Père (et on pourrait inverser l’ordre chez chaque pair).
Le terme grec utilisé pour décrire la demeure mutuelle éternelle des personnes de la Trinité est perichoresis (en latin, circumincession). Le mot circulatio est aussi parfois utilisé pour décrire métaphoriquement la circulation incessante de l’essence divine, de sorte que chaque personne est dans les deux autres, tandis que les autres sont dans chacune d’elles. Au risque d’exprimer les choses en termes physiques, la périchorèse signifie que « les trois personnes occupent le même ‘espace’ divin » [1] En d’autres termes, nous ne pouvons pas voir Dieu sans voir les trois personnes en même temps.
L’habitation mutuelle de la périchorèse signifie deux choses. Premièrement, les trois personnes de la Trinité sont pleinement présentes les unes dans les autres. Deuxièmement, chaque personne de la Trinité est en pleine possession de l’essence divine. Certes, le Père n’est pas le Fils, le Fils n’est pas l’Esprit et l’Esprit n’est pas le Père. La périchorèse ne nie rien de tout cela. Ce que la périchorèse soutient, c’est qu’il ne peut y avoir une personne de la Trinité sans les deux autres, et qu’il ne peut y avoir aucune personne de la Trinité sans la plénitude de Dieu. L’intercommunion des personnes est réciproque et leurs opérations sont inséparables. Comme l’a écrit le philosophe et théologien chrétien romain, Augustin d’Hippone (354-430) : « Chacun est dans chacun, et tous dans chacun, et chacun dans tous, et tous sont un. » [2].
Comme beaucoup d’aspects de la théologie trinitaire, celui-ci peut être difficile à saisir ; nous devons nous appuyer sur des définitions verbales prudentes plutôt que sur des analogies concrètes. Nous ne devons pas penser à la périchorèse – comme certains l’ont suggéré à partir de l’étymologie du mot – comme une sorte de danse trinitaire. Une telle analogie, et ses implications trinitaires sociales, sape la vérité selon laquelle le terme perichoresis signifie ‘protéger’. Voici le problème : comment trois personnes peuvent-elles partager simultanément la même essence indivisible ? La réponse n’est pas que le Père, le Fils et le Saint-Esprit valsent au même rythme, mais qu’ils coïncident de telle sorte que les personnes sont toujours et à jamais les unes avec les autres et les unes dans les autres, sans pour autant se fondre, se mélanger ou se confondre. Ce n’est qu’en affirmant que chaque personne habite l’autre que nous pouvons adorer notre Dieu trinitaire comme étant vraiment trois et comme étant vraiment un.