Mes enfants aiment beaucoup aller au zoo. Entourés par les bêtes sauvages, il leur vient soudainement l’instinct d’agir et de parler et même de tournoyer comme des animaux. C’est un exercice d’imitation et de communication.
Les enfants aiment entrer en relation avec les bêtes sauvages – ils frappent leurs petites mains sur les vitres, secouent les grilles des cages et font tout un panel de bruits bizarres pour attirer l’attention des animaux. Bien sûr, les animaux qui répondent sont les favoris des foules. Le simple regard d’un lion pendant trois secondes à travers la vitre est une victoire qui fait frissonner ! Ce moment satisfait l’aspiration d’un enfant : entrer en relation avec un animal féroce et potentiellement mortel.
Le paresseux
Ce n’est pas le cas du paresseux. Le paresseux est un animal poilu, dégingandé, laid, doté de longues jambes et de longs bras étirés pourvus de griffes jaunes. Il est enroulé autour des arbres. Il ne s’occupe de rien. Il ne s’inquiète de rien. Il ne s’intéresse à rien. Désolé les enfants, il n’y aura pas de connexion, pas de rencontre avec cet animal. Le paresseux dort. Encore.
La Bible dépeint le paresseux qui sommeille en nous d’une manière peu flatteuse. Les images bibliques sont très marquantes :
- Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. (2 Th 3:10)
- Va vers la fourmi, paresseux ! Observe son comportement et deviens sage. (Pr 6:6)
- La porte tourne sur ses gonds et le paresseux sur son lit. (Pr 26:14)
- Le paresseux plonge sa main dans le plat, et il trouve pénible de la ramener à sa bouche. (Pr 26:15)
- Et comme le vieux Métrodome de Minneapolis lors d’une tempête historique, le toit du paresseux s’affaisse puis s’effondre, et, la pluie coule sur sa tête. (Ec 10:18)
Ce sont les images communes du paresseux : mou, fainéant, inactif.
La paresse détruit des vies, lentement et subtilement. Elle se cache derrière deux stéréotypes trompeurs.
Clarification #1 : la paresse est un péché lié au désir
Cela ne semble pas être le cas mais la paresse est un péché lié au désir.
- Proverbes 13:4 : « Le paresseux a des désirs qu’il ne peut satisfaire, … »
- Proverbes 21:25-26 : « Les désirs du paresseux le tuent parce que ses mains se refusent à l’action; toute la journée il éprouve des désirs … »
Nous sommes tous des paresseux en puissance !
Clarification #2 : la paresse prospère dans l’activisme
Cette manifestation étonnante de la paresse est ce que j’appelle le zombie. Le zombie paresseux peut vivre une vie très active, juste suffisante pour réaliser ses tâches afin de pouvoir retourner jouir de son confort. Certes, il accomplit des tâches, mais il désire ardemment son confort. Le zombie vit sa routine dans un brouillard. C’est un somnambule entre les week-ends.
Frederick Buechner écrit ceci au sujet du zombie :
« La paresse ne doit pas être confondue avec la fainéantise. Un paresseux peut être un homme très actif qui suit sa routine en pilotage automatique. Comme un homme atteint d’un mauvais rhume du cerveau qui n’a plus ni goût ni odorat, il a perdu la plupart de ses sens … Les gens vont et viennent mais il les remarque à peine à travers ses yeux vitreux. Il laisse les choses aller à vau- l’eau. »
Richard John Neuhaus définit la paresse contemporaine comme des « soirées innombrables, marquées par la télévision, des soirées ni divertissantes ni éducatives, mais juste soporifiques pour fuir le temps et les responsabilités. »
C’est la paresse à son niveau le plus nuisible : une tentative de préserver son confort grâce à un amusement sans fin. La paresse est une quête chronique d’un confort mondain combiné à l’ennui – ennui de Dieu, des gens et de la vie.
L’espèce de paresse la plus commune est la « fainéantise active » (lazy busy) – un planning rempli et subi dans une brume spirituelle. Il déteste les interruptions, il hait les gens dans le besoin, il est motivé par un désir de vivre un moment de confort. De nos jours, c’est endémique.
Définir la paresse
La paresse est un désir de confort personnel à tous prix. Et c’est coûteux :
- La paresse vous coûtera votre joie en Dieu, dans vos routines quotidiennes.
- La paresse vous empêchera de voir comment Dieu a créé la vocation comme moyen pour vous d’aimer les autres.
- La paresse vous empêchera de voir les besoins autour de vous.
- La paresse vous coûtera votre amour pour l’Église locale.
- La paresse vous émoussera avec des divertissements sans fin.
- La paresse vous empêchera de voir votre besoin urgent de Christ.
- La paresse vous empêchera de voir la magnificence et la beauté de Jésus-Christ.
- La paresse éteindra la flamme de votre adoration.
- La paresse vous volera le vrai temps de loisirs et de rafraîchissement.
- La paresse tuera vos meilleures joies.
La paresse veut tout régenter – c’est une illusion de puissance qui vole toutes nos vraies joies.
Libre de la paresse
Il y a de l’espoir pour un « fainéant actif » paresseux comme moi parce que Dieu déteste ma paresse. La paresse me dit que toutes choses devraient concourir à mon confort. Dieu dit, je ferais concourir toutes choses pour ton bien (Romains 8:28). Grosse différence.
Être réconforté ne veut pas dire prendre ses aises. Dieu ne cherche pas à augmenter notre confort. Sécurité éternelle en Christ ? Oui. Libres de sa colère ? Oui. Victorieux sur le péché ? Amen. Mais endormis dans le confort ? Non.
Les êtres humains n’ont pas été créés pour prospérer dans un état de vacances permanentes. Croire cela, c’est croire à une fausse promesse.
Par amour, Dieu enlèvera le confort de notre vie, ce qui est l’essence des épreuves. Quand nous vivons dans une routine trop confortable, nous tombons dans un sommeil spirituel. Á ce moment, un éclair tombe du ciel. Le confort est enlevé et nous sommes secoués, de retour dans un état de vigilance spirituelle.
Par les épreuves, Dieu dit : « Je t’aime suffisamment pour enlever le confort que tu désires afin de créer de l’espace pour la joie en Christ dont tu as besoin. » Dieu est au contrôle. C’est là notre confort.
La glorieuse vérité est qu’en Christ nous avons été libérés de la domination de la paresse. La dépendance au confort ne règne plus sur nous. Non ! Nous sommes libres en Christ. Nous ne dormons plus toute la journée pour trouver la joie. C’est du suicide. Nous ne vivons plus en mode zombie, déambulant vers le prochain jour de congé, les prochaines vacances, la prochaine escapade. Non ! Nous sommes libérés pour prendre plaisir en Jésus maintenant dans un sacrifice quotidien.