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Nous sommes tous affectés par la situation actuelle en lien avec le coronavirus. Nos vies changent sur tous les points : vie professionnelle, relations, rapport aux loisirs, vie d’église. Cet article n’est ni un parti-pris au sujet des mesures politiques actuelles, ni un mot d’ordre quant à la manière de vivre notre vie quotidienne ou ecclésiale, mais une réflexion sur ce que cette crise peut nous apprendre, à nous et à nos concitoyens. « Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis : Dieu a fait l’un comme l’autre, afin que l’homme ne découvre en rien ce qui sera après lui » (Ecclésiaste 7,14). Le malheur est là, la situation est désagréable, mais Dieu souhaite que tous, chrétiens et non-chrétiens, réfléchissent.

Réfléchissons à notre condition humaine

Réfléchissons à notre condition humaine. Le Psaume 90, que nous citons souvent aux enterrements, nous semble tout à coup plus pertinent encore : « Tu fais retourner l’homme à la poussière et tu dis : fils d’Adam, retournez ! Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier, quand il passe, et comme une veille de la nuit. Tu les emportes ; ils sont comme un instant de sommeil qui, le matin, passe comme l’herbe : elle fleurit le matin et elle passe, on la coupe le soir et elle sèche » (Psaume 90,3-6). Nous avons tous tendance à vivre comme si la mort n’était qu’une vérité théorique, sans prise avec notre réalité. Mais le coronavirus nous rappelle que Dieu peut nous retirer notre souffle et nous ramener à la poussière d’une seconde à l’autre (Job 34,14-15).

En fait, la sanction de mort est sur tous les êtres humains depuis la Chute (Genèse 3). Elle continue de frapper, quotidiennement, depuis des millénaires : 25’000 personnes meurent chaque jour de la faim ; certains périssent dans des guerres, des accidents de la route ; d’autres sont frappés par la maladie ; d’autres encore meurent paisiblement dans leur sommeil, rassasiés de jour. La mort, ce dernier ennemi (1 Corinthiens 15,26), n’épargne personne, et l’épidémie de coronavirus, qui touche notre pays, nous le rappelle d’une manière bien trop tangible.

Réfléchissons à notre orgueil

Réfléchissons à notre orgueil. Notre manière de vivre en Occident ne manifeste-t-elle pas souvent notre orgueil de penser tout contrôler ? Jusqu’à il y a peu de temps, manger à notre faim allait de soi ; prendre les transports publics allait de soi ; se rendre au culte allait de soi ; amener nos enfants à l’école allait de soi ; tout faire pour rester en bonne santé allait de soi. Et aujourd’hui, plus rien ne semble aller de soi. Nous prenons conscience de tous les privilèges qui étaient les nôtres, maintenant qu’ils ne sont plus des acquis. Et devant les incertitudes que nous réserve l’avenir, nos réactions peuvent aller du dépit à la peur, en passant par la colère et l’incompréhension. Parce que nous sommes tristes et impuissants. En même temps, ce sentiment d’impuissance et de perte de contrôle constitue une très belle occasion d’apprendre à redire « Dieu voulant ! ». Dieu voulant : ce ne sont plus juste deux mots, mais une réalité : tout dépend de la volonté de Dieu, y compris ce qui nous semblait acquis. Même les mesures gouvernementales pour freiner et contrer la propagation de l’épidémie fonctionneront… Dieu voulant. Allons-nous prier humblement Dieu autant que nous allons réfléchir au moyen d’éviter la contamination ? Allons-nous compter sur la grâce divine autant que sur nos mesures humaines drastiques ?

Réfléchissons à nos idoles

Jusqu’à présent, l’économie, la formation, le sport et la culture, pour ne citer qu’elles, apparaissaient comme des valeurs intouchables. Et voilà que tout s’arrête et que tout semble maintenant bien relatif. On se rend compte qu’il est possible de vivre sans école, sans matchs de hockey, sans cinéma, sans voyages. Nos idoles en prennent un coup : cela nous conduira-t-il à nous tourner vers le seul vrai Dieu dans un esprit de repentance ? Cela devrait être notre prière. Et nous devons veiller à ce que ces idoles-là ne soient pas remplacées par l’idole de la santé, comme si cela devenait un dieu au-dessus du Dieu qui nous donne et nous reprend la santé à sa guise. Faire de sages sacrifices, probablement que oui ; offrir en sacrifice nos cœurs, nos pensées et nos actes, probablement que non.

Un test pour notre foi en la souveraineté de Dieu

Cette crise du coronavirus nous pose une question : est-ce que mes croyances et mes doctrines ont une influence sur ma réalité ? Le « test » nous est proposé dans quatre domaines au moins. Premièrement, notre foi en la souveraineté de Dieu. C’est une doctrine que nous aimons, que nous défendons et que nous prêchons. Mais il peut sembler tellement difficile d’en être convaincu ces jours-ci ! Pourquoi Dieu permet-il, dans sa providence, que les choses se passent comme elles se passent ? Dieu est-il vraiment souverain ? C’est là que la foi, qui regarde aux choses invisibles au-delà des choses visibles, doit répondre « oui ». Oui, Dieu est celui qu’Esaïe décrit avec tellement d’enthousiasme au chapitre 40 : il est celui pour qui les nations sont comme une goutte qui tombe d’un seau (Esaïe 40,15), celui qui a créé toutes les étoiles par son grand pouvoir et par sa force puissante (Esaïe 40,26).

Un test pour notre confiance en Dieu

Les circonstances actuelles testent donc, deuxièmement, notre confiance en Dieu. Esaïe, après avoir décrit la grandeur de Dieu, ajoute que cette assurance-là doit nous conduire à une grande paix : Dieu prend soin de nous, il renouvelle nos forces. Il écrit notamment : « Sois sans crainte, car je suis avec toi ; n’ouvre pas des yeux inquiets, car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite victorieuse » (Esaïe 41,10). Nous aimons ce genre de versets et nous avons appris à nous approprier dans les situations de vie difficiles que nous pouvons traverser au travail, dans la famille, dans nos relations, dans notre santé.

Mais le défi, maintenant, consiste à se les approprier au cœur de l’épidémie, même quand tout le monde autour de nous semble paniquer. L’atmosphère est anxiogène, oppressante, et il serait triste qu’il y ait plus de décès dus à des attaques, des arrêts cardiaques et des crises d’angoisse qu’au coronavirus lui-même !

On essaie d’oublier le coronavirus… mais ce mot effrayant est sur toutes les lèvres ; les gens dévalisent les magasins, les fameuses affiches avec les recommandations officielles sont partout. Croyons-nous et vivons-nous encore cette parole qui traverse toute l’Ecriture : « Ne crains rien, car je suis avec toi » ? Il nous faut réapprendre à nous décharger sur Dieu de tous nos soucis, certains qu’il prend soin de nous (1 Pierre 5,7). Et montrer à nos contemporains que la paix qui surpasse toute intelligence peut garder nos cœurs et nos pensées en Jésus-Christ (Philippiens 4,6-7).

Un test pour notre sagesse

Nous sommes face à un troisième test, et pas des moindres : le test de la sagesse. Nous devons temporairement réapprendre à vivre. Mais comment être sage ? Comment être équilibré pour ne tomber ni dans une psychose permanente… ni dans une naïveté irréaliste ? La difficulté est de taille : nous avons besoin de notre vie sociale et de nos relations ; nous avons besoin de nous lever le matin avec des objectifs et l’espoir que notre vie a un sens ; nous avons besoin de respecter nos autorités et leurs décisions ; nous avons besoin d’aller travailler et de continuer d’avoir des projets ; nous avons besoin d’être prudents. Et parfois, nous ne voyons pas comment faire tenir tout cela ensemble.

Il est inévitable que même les chrétiens et les églises locales, en essayant de faire tenir ensemble toutes ces données, n’arrivent pas tous nécessairement aux mêmes conclusions. Il est donc important de garder le respect des opinions et décisions des uns et des autres, et surtout de prier que Dieu nous donne la sagesse de savoir quoi faire dans nos propres circonstances.

Un test pour notre amour du prochain

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » : c’est le deuxième plus grand commandement de l’Ecriture. Coronavirus ou non, nous n’avons pas le droit de ne plus suivre ce commandement. En tant que chrétiens, nous sommes censés montrer autre chose que ceux qui volent du désinfectant, se battent dans les magasins pour obtenir le dernier paquet de pâtes en rayon, se montrent agressifs sur les routes pour déverser leur mauvaise humeur.

Plus difficile peut-être, nous devons veiller à ne pas considérer, même inconsciemment, notre prochain comme un danger, un potentiel virus à deux pattes. Si, même, nous devions tomber malades « à cause » de tel ou tel, saurions-nous manifester de l’amour à cette personne ? L’amour du prochain implique de veiller à ne pas transmettre le potentiel virus à autrui, pas de refuser toute interaction avec les autres.

Et puis, aimer les personnes âgées, ce n’est pas seulement les laisser en quarantaine seules chez elle ; c’est aussi prendre des nouvelles, s’intéresser à elles, prier pour elles. Il y a un certain paradoxe : notre société, qui depuis plusieurs années prône l’euthanasie et le suicide assisté (en particulier pour les personnes âgées les plus faibles), semble soudainement se soucier du bien-être de nos aînés. Tant mieux, bien sûr. Mais c’est à se demander s’il n’y a pas parfois une forme d’hypocrisie là-derrière. En tout cas, c’est à nous, chrétiens, de montrer que nous les avons toujours aimées et que nous les aimons aujourd’hui encore, même si notre manière de les aimer doit peut-être s’adapter, pour un temps. Nous avons toujours reconnu leur dignité de créatures à l’image de Dieu, et le coronavirus n’atténue en rien cette conviction.

Une opportunité de témoignage

Cette épidémie va donc tester notre foi ces prochains mois. Mais elle est aussi une belle opportunité de témoignage. N’est-ce pas l’occasion de rappeler à nos contemporains qu’en effet nous ne sommes que des créatures faibles et impuissantes, mais qu’il existe un Créateur éternel et tout-puissant ? N’est-ce pas l’occasion de rappeler que le plus terrible virus dont nous sommes infectés n’est pas le coronavirus, mais le péché, qui touche le 100% des êtres humains, avec un taux de mortalité de 100% ?

N’est-ce pas l’occasion de rappeler que Jésus-Christ est venu souffrir des souffrances bien pires que tout ce que nous ne pourrons jamais souffrir, dans le but de nous libérer des effets du péché et de la maladie ? N’est-ce pas l’occasion de rappeler qu’en lui nous avons la vie éternelle et que nous avons une espérance, au-delà de la mort, d’une vie parfaite et sans souffrances ? N’est-ce pas l’occasion de rappeler, comme le disait Paul, que la mort de ceux qui croient en Christ est même un gain (Philippiens 1,21) ?

Finalement, cette crise nous appelle aussi à la prière : la prière de repentance, parce que nous sommes conscients de faire partie d’une nation orgueilleuse qui a besoin de se souvenir qu’il y  un Dieu au-dessus de ses dieux ; la prière d’intercession, parce que nous voulons que Dieu ait pitié de nous et aussi qu’il se révèle à nos contemporains au cœur de cette souffrance. Quant à nous, nous pouvons faire nôtres ces paroles du Psaume 90,12 : « Enseigne-nous à compter nos jours, afin que nous conduisions notre cœur avec sagesse ».

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