De temps en temps, Kevin DeYoung essaie de publier des articles courts comme celui-ci, qui constituent une brève introduction à un sujet de théologie systématique. L’objectif est la clarté. L’approche est la concision. L’idée qui la conduit est de présenter de grands concepts théologiques dans un format d’environ 500 mots (parfois 1000).
L’existence de Dieu n’est pas tant une conclusion à laquelle il faut parvenir qu’une donnée qu’il faut assumer. Après tout, c’est par « Au commencement, Dieu » que commence la Bible (Gn 1,1). Nous avons tous une idée innée de Dieu, un sens du divin qui nous laisse sans excuse (Ro 1:19-20 ; Actes 17:24-28 ; Ec 3:11). Seul l’insensé dit dans son cœur que Dieu n’existe pas (Ps 14:1). L’existence de Dieu est le point de départ de la connaissance humaine, et non le point d’arrivée de la déduction humaine.
Cela ne signifie pas pour autant que les arguments en faveur de l’existence de Dieu sont nécessairement erronés. On peut argumenter en faveur de l’existence de Dieu d’une manière qui soit subordonnée à la raison humaine ou d’une manière qui soutienne la révélation divine. Thomas d’Aquin (1225-1274), par exemple, commence sa discussion par la Bible, établissant l’existence de Dieu à partir d’Exode 3:14 (« Je suis celui qui suis »). Ce n’est qu’ensuite qu’il affirme que l’existence de Dieu peut être prouvée « de cinq manières » (Summa Theologica, I. Q.2. Art.3) :
- Première voie : à partir du mouvement : il ne peut y avoir de régression infinie du mouvement. Quelqu’un ou quelque chose doit avoir une actualité absolue, un moteur immobile.
- Deuxième voie : à partir de la cause efficiente : la cause et l’effet doivent avoir commencé par une cause première.
- Troisième voie : à partir de la possibilité et de la nécessité : l’existence ne peut provenir de la non-existence. Une chose doit exister par sa propre nécessité, et non comme une simple possibilité.
- Quatrième voie : à partir des degrés de perfection : quelque chose doit être supérieurement bon, supérieurement parfait et supérieurement vrai – un être suprême à partir duquel tous les degrés de moindre perfection sont déterminés.
- Cinquième voie : à partir de l’argument de la gouvernance du monde : il doit exister un être intelligent par lequel toutes les choses naturelles sont dirigées vers le but qui leur est assigné.
Les théologiens protestants se sont souvent appuyés sur les cinq voies de Thomas d’Aquin. Ainsi François Turrettini (1623-1687) propose quatre preuves de l’existence de Dieu : la voix de la nature universelle (qui englobe la plupart des arguments de Thomas d’Aquin), la conception complexe des êtres humains, le témoignage de la conscience et la nature religieuse de tous les peuples à travers l’histoire (Elenctic Theology, III.i.i-xxvii).
De même, William Shedd (1820-1894) mentionne cinq arguments principaux (Dogmatic Theology, 201-216) : ontologique (un Être parfait plus grand que la conception qu’on peut en avoir, doit par nécessité posséder une existence), cosmologique (le mouvement implique un Premier Moteur), téléologique (le monde est marqué par un dessein), moral (le témoignage de la conscience) et historique (tous les peuples croient en une sorte d’Être Suprême).
Certes, nous ne devrions pas essayer de convaincre les gens d’entrer dans le royaume de Dieu, et encore moins de construire un système théologique sur une base rationaliste. La Bible nous apprend que la croyance en l’existence de Dieu est en fin de compte un article de foi (Hé 11:6). Néanmoins, il est possible de montrer que l’existence de Dieu est rationnelle et qu’elle donne un meilleur sens au monde que l’incrédulité athée. La philosophie et la raison humaine ne doivent pas être le point de départ de la foi, mais elles peuvent être utilisées pour défendre, clarifier et confirmer la foi.