Connaissez-vous réellement l’histoire de Noël ? Si chacun de nous semble connaître cette célèbre fête associée aux cadeaux et au père Noël, nombreux sont ceux qui ignorent ou nient les miracles qu’elle évoque, l’identité divine de Jésus, voire son existence même. Si vous êtes curieux de connaître la vérité à ce sujet, nous vous mettons au défi de lire cet ouvrage afin de redécouvrir l’histoire de Jésus. Pourquoi Noël ? vous permettra de confronter vos doutes et vos questions au récit biblique. En vous présentant la nativité d’une manière fidèle aux Évangiles, ce livre vous donnera la possibilité d’enrichir votre réflexion. Après tout, si Jésus est réellement Dieu qui s’est fait homme, y a-t-il une vérité plus importante que celle-ci à découvrir ?
Pour chaque journée de la période de l’avent, Yannick Imbert vous propose de plonger quelques minutes dans les origines bibliques de l’histoire de Noël. Afin d’aborder les diverses objections courantes sur le sujet, il compare l’histoire de Christ aux récits mythologiques et démontre la fiabilité des textes bibliques ainsi que la rationalité d’une foi basée sur des fondements spirituels solides. Enfin et surtout, il nous présente la raison et la portée du dessein de Dieu qui, en choisissant de sacrifier son Fils unique, a fait preuve d’un amour sans précédent envers l’humanité.
Transcription
Bonjour à tous, je m’appelle Yannick Imbert, je suis professeur d’apologétique à la Faculté Jean Calvin.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
J’ai écrit ce livre parce que Noël, c’est quand même l’un des événements majeurs de l’année pour tout le monde, pour tous les Français, qu’on soit croyant ou pas.
Et en plus, pour nous qui sommes chrétiens, ça représente le cœur de notre foi.
Il y a quand même toujours des questions qui se posent quand on arrive à la période de Noël, et ça me semblait essentiel de pouvoir réfléchir ensemble et donner des pistes de réflexion et réponse aussi à des personnes qui pourraient se poser la question de savoir finalement pourquoi les chrétiens croient en ce Jésus né à Noël.
La naissance virginale n’est-elle pas un décalque de mythes antiques mettant en scène la conception miraculeuse de figures comme Hercule ?
C’est quelque chose qui revient de temps en temps quand même, surtout pour ceux qui s’intéressent soit aux mythologies ou qui veulent montrer quand même aux chrétiens que ce qu’on croit n’est finalement pas original, que ça relève de la légende, du mythe.
Finalement, il n’y a aucune différence entre les dieux grecs et Jésus, et grosso modo, croire en Jésus, c’est à peu près la même chose.
Et quand on lit un petit peu les mythologies grecques, je crois en Zeus comme je crois en Jésus, on voit qu’on ne peut pas être pris au sérieux.
Alors c’est vrai qu’en plus dans certains de ces récits de mythologie grecque ou autre, mais en particulier les grecs, il y a des naissances disons un peu originales, notamment Zeus, on peut dire qu’il a quand même certaines frasques sexuelles assez communes, notamment quand Zeus prend les apparences des époux.
Alors là peut-être qu’il y a une différence aussi avec le récit de Noël, la naissance virginale, ce n’est pas Dieu qui abuse d’une femme en la faisant croire que c’est son époux, etc.
Là déjà, il y a une différence majeure, n’en déplaise Michel Onfray, mais les différences entre les récits de naissance, y compris virginale d’ailleurs, entre les récits grecs et les récits évangéliques sont quand même frappants.
On n’est pas dans le même ordre de récits d’idées.
Je pense qu’il suffit de lire le texte de Luc, par exemple, et un texte racontant comment Zeus a pris l’apparence d’amphitryon pour coucher avec la reine de Thèbes et naissance d’Hercule, pour se rendre compte que la manière dont les auteurs écrivent n’est pas du tout la même.
Et donc là, on a quelque chose d’historique qui est pétri, amené dans le texte là.
Il y a du détail, il y a quelque chose qui se passe, qui nous emmène dans une histoire racontée, alors que dans d’autres, on est vraiment dans quelque chose de beaucoup plus distant et abstrait.
Et donc, il ne faut pas sous-estimer les différences majeures.
Et en fait, je pense que ça, c’est quelque chose du positionnement, la manière dont on regarde les textes.
Michel Onfray regarde les textes de manière similaire parce qu’en fait, pour le dire un peu directement, ça l’arrange aussi un petit peu de dire il y a deux naissances virginales, donc les deux sont fausses.
Non, il faut encore pouvoir lire les textes pour pouvoir savoir de quoi il s’agit.
Et donc, ne sous-estimons pas la manière dont le texte biblique dit quelque chose de merveilleux.
Oui, il ne faut pas sous-estimer le miracle, et en même temps, qui est tellement merveilleux et différent de tout ce qu’on peut dire.
Donc là, il y aurait une petite contestation avec l’approche de Michel Onfray.
Mais c’est vrai que des naissances virginales, il y en a beaucoup racontées dans toutes les mythologies.
Est-ce que ça veut forcément dire que c’est la même chose ?
Et là, je pense que la lecture du texte biblique nous montre clairement qu’il y a quelque chose de radicalement, historiquement différent qui se passe dans le récit des Évangiles.
Comment comprendre que la naissance de Jésus ait lieu sous Hérode le Grand et Quirinus, gouverneur de Syrie, alors que le premier est mort en 4 avant Jésus-Christ et que le second a régné en 6 après Jésus-Christ ? N’est-ce pas contradictoire ?
Alors effectivement, les différences de chronologie, et là la datation, à la fois la mort d’Hérode en -4 et le gouverneur de Syrie, Quirinus, en +6, pourrait en fait faire quoi ?
Simplement contredire la fiabilité qu’on peut avoir, la confiance qu’on peut avoir dans le texte.
Peut-être que pour nous, pour les chrétiens, cette tension-là, ce paradoxe, ne semble pas très important.
Mais en même temps, il faut quand même se rendre compte que la manière dont nous approchons le texte biblique emprunt un pétri de vérité et de certitude, renvoie peut-être une image pour certaines personnes qui en fait vont, elles, être choquées par ces différences-là.
C’est vraiment une question de confiance qu’on peut accorder au texte.
Et si nous, on y a réfléchi, parce qu’on est chrétien depuis peut-être 10, 15, 20 ans, et qu’on se dit que voilà, un texte qui est ancien, qui a 2000 ans, ne rapporte pas les choses de la même manière qu’un texte contemporain, on n’est pas dans l’étude scientifique dans le texte évangélique, pour un voisin de palier, un collègue de travail ou un membre d’une famille non chrétien, lui, va avoir un rapport beaucoup plus direct et presque simple au texte, ce qui est normal, ce qui ne faut pas sous-estimer.
Et donc la contradiction de date peut être choquante et peut venir renforcer le manque de fiabilité.
Ce texte-là, on ne peut pas avoir confiance parce que même sur une chose aussi simple que deux dates, il se trompe.
Alors du coup, pour le reste, à quoi m’attendre ?
Alors, il y a des réponses simples et compliquées, parce que bien sûr, vous imaginez que les experts se débattent un petit peu de tous les détails de ces dates-là, mais il y a plusieurs choses qu’il faut rappeler.
Tout d’abord, les datations ne sont pas toujours forcément exactes.
Oui, Hérode le Grand, selon toutes les semblances, est mort en -4.
Certains disent en -1.
Donc il y a peut-être une différence aussi, -4, -1.
La préférence va vers le -4 quand même.
Vous notez que dans le texte de Luc, Luc ne dit pas qu’il s’agit d’Hérode le Grand.
Il dit « Hérode », souveraine d’Hérode.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Est-ce que c’est Hérode le Grand ?
C’est une lecture.
Est-ce que ça peut être l’un de ses fils, Hérode Archelaus, qui a régné après lui ?
Est-ce que par cela – je pense qu’il y a quelque chose de théologique derrière – sans nous dire exactement lequel, parce que c’est simple pour Luc de nous dire lequel, sans nous dire lequel des Hérodes, Luc veut nous dire aussi que du début à la fin, la famille d’Hérode représente une opposition majeure à Jésus.
Et donc du coup, laisse un petit peu ça ambigu.
Même si parfois, il va nous dire de qui il s’agit.
Dans le chapitre 3, Hérode, le Tétrarc de Galilée.
Donc Hérode Antipas.
Donc là, il y a un petit peu de fluctuation.
Ce qui veut dire qu’il ne faut pas imposer sur le texte de Luc, par exemple, une tentative d’avoir une date scientifique.
Ce n’est pas forcément le but que Luc recherche.
Donc on a quelque chose qu’on peut placer, mais il faut suivre aussi ce que Luc veut nous dire, en fait, et pas attendre des réponses que Luc ne veut pas nous donner.
Pour Quirinus, là aussi, il y a plein de questions qui se posent, notamment sur Quirinus, gouverneur de Syrie.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
En quoi tu étais gouverneur ?
On sait que Quirinus aussi a eu un mandat similaire en -2, -3 avant Jésus Christ.
Donc du coup, au moment ou juste après la mort d’Hérode ou de la succession par son fils.
Donc là, il y a quelque chose du mandat comme gouverneur de Quirinus qui peut revenir.
Et ce n’est pas parce que la principale qu’on connaît est en +6 que finalement, le petit mandat, la mission, et qui était aussi une mission militaire avant confiée à Quirinus, n’est pas quelque chose qui joue un rôle dans le récit évangélique.
En même temps, il y a aussi la réalité sociopolitique de l’époque, qui est que le recensement avait comme but aussi les taxes.
On recense pour savoir combien de personnes peuvent être taxées.
Et certains spécialistes pensent que ce qui se passe ici, c’est qu’il y a eu d’abord un recensement pour faire éteint du nombre de personnes devant être taxées.
Et ensuite, il y a eu le paiement de la taxe, si je peux comparer.
Donc, il y a le recensement, puis après le paiement.
Et finalement, les spécialistes disent que la date qu’on retient pour Quirinus, c’est ce moment-là de paiement de la taxe.
Mais il y a peut-être eu avant, juste après la mort d’Hérode, ou à ce tournant-là, autre chose qui était un premier décompte.
Qu’est-ce que ça veut dire tout ça ?
C’est-à-dire qu’en fait, on ne peut pas attendre du texte biblique qui nous donne des dates scientifiques.
Il nous dit cependant, il y a des raisons quand même claires cependant, de penser qu’en fait, il n’y a pas d’incohérence forcément entre la mort d’Hérode et le mandat de Quirinus.
Il y a des incertitudes, bien sûr, il y a des incertitudes, il y a des flottements.
Mais il n’y a pas de prédisposition à dire, du coup, le texte biblique ne sait pas ce qu’il dit.
Peut-être qu’on ne saura jamais exactement comment placer toutes ces dates-là, et comment les tisser ensemble, sans forcément remettre en cause l’historicité des événements que rapporte notamment ici le récit de Luc.
En fait, c’est une question d’attente du texte biblique.
Il faut recevoir le texte biblique pour ce qu’il veut nous dire.
Il est d’abord conduit par l’arrivée de la promesse dans cet enfant qui va naître.
L’histoire de Noël n’est-elle pas trop belle pour être vraie ?
Peut-être qu’elle est trop belle pour être vraie.
C’est un petit peu la réaction que Luc Ferry, le philosophe, a eue à plusieurs reprises dans certains débats qu’il a eus avec des théologiens et des pasteurs.
C’est que finalement, la foi chrétienne est vraiment trop belle pour être vraie.
On a un problème, on est pécheur, et comme ça, réponse magique, Dieu envoie son Fils qui efface tout et au miracle, maintenant, tout va bien.
C’est peut-être un peu simpliste de dire ça quand même, mais je n’ai aucun problème avec une histoire qui se termine bien.
L’histoire de l’humanité passe ses moments tragiques, la séparation d’elle avec Dieu, la guerre, la violence, l’opposition, il n’y a qu’à regarder l’état du monde qui n’est pas meilleur ou pire maintenant qu’avant peut-être.
Oui, peut-être que cette histoire est trop belle pour être vraie, mais parce qu’en fait, elle est le résultat aussi, le témoignage de la bienveillance et de la bonté et de l’amour de Dieu.
Et peut-être que de se dire simplement « c’est trop beau pour être vrai », en fait, on le regarde avec des yeux trop humains, un petit peu cyniques peut-être, parce que oui, l’être humain ne peut pas créer quelque chose d’aussi beau que cette réponse de Dieu au problème du mal, la naissance de Dieu lui-même en Jésus à Noël.
D’un certain sens, oui, c’est trop beau pour être vrai, pour des êtres humains, pour nous qui voudrions le faire, mais c’est la bonté et l’amour de Dieu qui vient le faire pour nous.
Et du coup, c’est quelque chose qui ne peut que nous émerveiller.
D’où la joie des chrétiens à Noël, d’ailleurs.
En quoi sommes-nous inclus dans le berceau de la nouvelle histoire qui s’ouvre à Noël ?
En quoi est-ce que ce n’est pas simplement une histoire il y a longtemps, mais en quoi est-ce que nous, nous sommes partie prenante de cette histoire ?
La merveille de Noël, ce n’est pas simplement que Jésus est né.
C’est peut-être le début de cette chose merveilleuse que Dieu va faire.
Mais par cette naissance-là, par la vie de Jésus, par sa mort, par sa résurrection, le fait qu’il est aussi, après, élevé à la vue de ses disciples, vers la droite du Père, qu’est-ce qui se passe ici ?
Tous ceux qui voient en Jésus le Sauveur, celui qui était promis, qui va venir restaurer toute chose, on est tous inclus en lui.
C’est quelque chose qu’on trouve déjà un petit peu…
Il y a des choses qui pointent dans cette direction dans les évangiles, et c’est quelque chose sur lequel le reste du Nouveau Testament, en particulier les lettres de Paul, reviennent tout à fait fréquemment avec un langage d’être en Christ, d’être avec Christ.
Ce qu’il a fait pour nous, et en fait, ce qui est merveilleux avec cette naissance, c’est que toute la vie de Jésus, de sa naissance jusqu’à sa mort, résurrection, est aussi des choses que Jésus a fait pour nous.
Ce n’est pas simplement quelque chose qui ne nous concerne pas, comme si Jésus a fait un truc, bon, tant mieux, on y croit, mais finalement, il n’y a aucune portée pour moi.
Non, ce qu’il a fait est aussi pour moi.
Et là, c’est l’autre merveille de Noël, c’est que Dieu est venu, et il est venu pour nous, pas simplement sans raison, il est venu pour nous, et ça, c’est une grâce merveilleuse.
On est tous inclus en Jésus, en fait.
En dernière question, comment pourrons-nous prier pour toi ?
La faculté Jean Calvin, où je suis prof, passe par un grand renouvellement de son enseignement, donc beaucoup de travail, des choses vraiment super qui se passent, une grande bénédiction de la part de Dieu qu’on voit à la fac, super relation avec les étudiants sur place, distance, mais beaucoup de défis afin de mieux servir l’Église, donc pour mieux vous servir, on a besoin de prière.
Matt Moury est diplômé de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a oeuvré pour une organisation étudiante missionnaire, Friends International, en Angleterre. Missionnaire soutenu par une Église anglicane évangélique, Christ Church Cambridge, il est pasteur de l’Église protestante baptiste d’Argenteuil.
Yannick Imbert est professeur d’apologétique à la faculté Jean Calvin à Aix-en-Provence. Il écrit sur le blog : De la grâce dans l’encrier.