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« Quand la prochaine tuile va-t-elle me tomber dessus ? »

Elle n’était pas en colère, c’était plutôt une question très terre-à-terre. Elle ne demandait pas à Dieu si une autre tuile allait lui tomber dessus, elle demandait plutôt quand, et elle avait de bonnes raisons de le faire. Sa vie n’avait été qu’une succession de pertes, et elle était persuadée que chaque perte signifiait que Dieu la punissait pour avoir dépassé les bornes. Dieu, elle en était persuadée, était exigeant.

Elle n’avait rien fait de vraiment grave. Elle se plaignait parfois de son travail, ou était un peu frustrée de cette amie qui, d’ailleurs, était elle aussi un peu exigeante. Mais rien qui puisse mériter une grande claque. Mais regardez ce qui est arrivé à Uzza (2 Samuel 6.6-8). Il semblait être assez raisonnable et bien intentionné lorsqu’il a voulu empêcher l’arche de Dieu de tomber à terre. Il a réagi par instinct. Quand quelque chose tombe, on essaie de le rattraper. Non seulement Uzza a fait ce qui lui est venu naturellement, mais il a été frappé pendant un jour de grande fête en Israël. Cela semble assez exigeant.

Les gens exigeants ne sont jamais satisfaits. « Range ta chambre », disent-ils en voyant le petit mouton de poussière dans un coin de la pièce. Si vous dites que vous serez là à 18h, ils vous tombent dessus pour quelques minutes de retard. Dieu, quant à lui, a bien plus de raisons d’être exigeant. Puisqu’il fait tout parfaitement, on pourrait croire que la barre est très haute avec lui. De plus, il connaît toutes les lois de l’Ancien Testament, que nous n’arriverons jamais à respecter à la lettre.

Je ne vis pas forcément avec la peur constante d’être puni, mais je peux certainement vivre avec le sentiment que Dieu n’est pas satisfait de moi.

Bon, ceci m’interpelle personnellement … je sais ce qui s’est passé à la croix, plus ou moins. Je sais que je suis pardonné et purifié par ce que Jésus a fait, et j’en suis à la fois reconnaissant et humilié, tous les jours. Mais je comprends quand on parle de personnes exigeantes, qui ne sont jamais satisfaites. Je ne vis pas forcément avec la peur constante d’être puni, mais je peux certainement vivre avec le sentiment que Dieu n’est pas satisfait de moi (d’ailleurs, est-ce que quelqu’un est satisfait de moi ?). Je sais que ma vie est unie à Jésus-Christ, mais …

Voici un passage qui peut nous aider :

Et l’Éternel passa devant lui, et s’écria : L’Éternel, l’Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération ! (Exode 34.6-7)

Nous pouvons trouver ce qui nous arrange dans les Écritures, de la condamnation générale aux échappatoires juridiques, et nous pouvons aussi trouver ce qui nous arrange dans n’importe quel passage. Combien de fois ai-je suggéré à quelqu’un de lire un passage réconfortant de la Parole, et cette personne y a trouvé le jugement ? Si nous avons résolu de voir Dieu comme étant exigeant, nous interpréterons ce passage dans ce sens. Par exemple, nous pourrions focaliser sur la punition de la troisième et quatrième génération. Mais pour être exigeants dans le sens positif du terme, lorsque nous écoutons le Seigneur, nous cherchons à comprendre ce que lui dit, et non ce que nous disons. C’est aussi le cas avec les autres. Lorsque nous ne sommes pas réceptifs à ce qu’ils nous disent et imposons notre propre interprétation, déterminée à l’avance, nous ferons fort probablement fausse route. Je me souviens d’une histoire qui circulait à propos de quelqu’un qui avait joué au golf avec Billy Graham. Le joueur de golf a rapporté que la journée s’était bien passée, mais qu’il en avait eu assez du harcèlement constant de Graham à propos du langage grossier qu’il employait. La réalité, comme en témoignaient les autres participants de ce tour de golf, est que Graham n’avait rien dit de plus que des salutations polies et des encouragements pleins de grâce.

Alors, si nous tendons sincèrement l’oreille, que dit Dieu de lui-même dans Exode 34 ? Vous vous souvenez probablement du contexte. Le peuple d’Israël, fraîchement délivré du joug égyptien, s’est jeté la tête la première dans l’idolâtrie, faisant preuve d’un mépris flagrant pour les œuvres de délivrance de Dieu, et pour sa promesse qu’il serait leur Dieu. En réponse à cela, Dieu s’est révélé à Moïse et au peuple.

Si l’humour consiste à s’attendre à une remarque et en recevoir une tout autre, nous devrions nous tordre de rire en lisant ces mots. Nous nous attendons à recevoir une raclée royale, et au lieu de cela, il dit qu’il est le « Seigneur », c’est-à-dire le nom donné à celui qui sauve. C’est le moment de pouffer de rire. Puis le Seigneur revient tout simplement à ce qu’il avait dit précédemment. Il est le Dieu qui fait grâce et miséricorde aux gens, non parce qu’ils arrivent à respecter ses commandements, mais parce qu’il fait grâce et miséricorde (Exode 33.11). Rien n’a changé. Il est toujours fidèle à ses promesses, même lorsque nous sommes infidèles. C’est son caractère. « Je vous aime, car c’est ce que je fais, c’est qui je suis. Je ne vous aime pas parce que vous avez parfaitement rangé votre chambre. »

Tournons-nous vers ce que Dieu met en avant : son amour sans limites et son pardon. Il n’est définitivement pas exigeant.

« Lent à la colère ? » Difficile de trouver une analogie humaine à cela. Imaginez que vous vous rebelliez contre Dieu et qu’il réponde avec patience et écoute. Il est facile de se représenter la rébellion, mais moins facile de se représenter une telle réaction.

« … qui conserve son amour jusqu’à mille générations » ?  Ce n’est pas très rassurant quand vous considérez que des millions de personnes vous ont précédé. C’est déjà mieux avec la traduction de Deutéronome 7.9 : « Ce Dieu fidèle garde son alliance et sa miséricorde jusqu’à la millième génération ». En ce qui concerne « la troisième et quatrième génération », ce commentaire a été clarifié plus tard : chacun est responsable pour son propre péché. Un fils ne mourra pas pour les péchés de son père (Ézéchiel 18.18). L’idée à retenir est que la compassion, l’amour, la miséricorde, le pardon et la fidélité du Seigneur sont infinies. Elles sont sans limites, généreuses, abondantes, sans fin. Mais le Seigneur garde sa punition dans un cadre très clair. Voyez-vous le contraste ? Si nous nous focalisons davantage sur « troisième et quatrième génération » que sur « milliers », nous ne sommes pas à son écoute.

Uzza est toujours là, attendant son explication, mais tournons-nous vers ce que Dieu met en avant : son amour sans limites et son pardon. Il n’est définitivement pas exigeant. Appuyons-nous sur ce qu’il dit de lui-même jusqu’à ce que nous arrivions au minium à un petit rire. Cela serait la preuve que nous sommes vraiment à son écoute. Puis, après ce petit rire, nous pouvons suivre les pas de Moïse. C’est si surprenant, inattendu, que cela vous fera à la fois rire et adorer.

Aussitôt Moïse s’inclina à terre et se prosterna (Exode 34.8).

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