Ce livre est un plaidoyer pour une prédication textuelle, englobant tous les livres de la Bible et pour la construction d’églises fondées sur les Écritures.
L’auteur, pasteur et conférencier bien connu en Suisse romande et ancien président du RES (CNEF en France) aborde en effet l’interprétation de la Bible, les manières de communiquer le message biblique, des recommandations pertinentes et fort utiles tant pour les prédicateurs débutants qu’expérimentés, et plus encore : il propose une série de ses propres prédications les plus originales, comme par exemple: « Onésiphore », « les généalogies bibliques », etc.
Tout prédicateur souhaitant être stimulé dans la préparation de ses sermons y trouvera un encouragement certain.
Les versets oubliés
Jean-Claude Chabloz
Ce nouvel ouvrage de celui qui s’est fait connaître comme le pasteur des malades et des parlementaires fédéraux mêle au témoignage des considérations plus techniques à l’intention des prédicateurs en herbe. L’auteur aborde en effet l’interprétation de la Bible, les manières de communiquer le message biblique, des conseils pour faire face aux critiques et remarques des auditeurs et des recommandations pertinentes et fort utiles pour les débutants – et plus encore : il propose surtout une série de ses propres prédications les plus originales et audacieuses, démontrant sa capacité à recourir aux illustrations.
On découvre dans cette publication, rédigée à nouveau à l’aide d’un journaliste, le parcours du jeune et du moins jeune prédicateur, plusieurs facettes de sa personnalité et ce qui a porté l’auteur tout au long de son ministère : l’amour de l’Ecriture sainte, indissociable de l’amour de transmettre cette dernière de manière adaptée à son public.
Le postulat d’Évangile 21
Dans les documents fondateurs d’évangile 21, nous pouvons lire au sujet de la Bible :
- Lire toute la Bible « suivant son fil conducteur ». C’est discerner la trame narrative unique de la Bible que constitue l’Histoire divine de la rédemption (…) les thèmes de l’Écriture (l’alliance, la royauté, le temple) qui la parcourent à toutes les étapes de l’Histoire et dans toutes les parties du canon, et qui culminent en Jésus-Christ. Dans cette perspective, l’Évangile se présente selon le schéma création, chute, rédemption, restauration.
- Lire toute la Bible « suivant ses thèmes ». C’est repérer ses déclarations, ses avertissements, ses promesses et ses énoncés de vérité, et les classer selon des catégories de pensée (par ex. la théologie, la christologie, l’eschatologie) pour arriver à une compréhension cohérente de ce qu’elle enseigne. [1]
Le but avoué du livre « Les versets oubliés de la Bible » rejoint tout à fait les mêmes préoccupations. Remettre toute la Bible au centre de la prédication.
Le prédicateur est un interprète du texte et un porte parole du ciel
« La prédication, c’est faire parler un texte sacré« .[2] Que le prédicateur n’oublie jamais le principale: « Cette Parole qu’il porte n’est pas d’abord la sienne! ».
Le cadre est posé. C’est le texte biblique qui conduit le prédicateur tant dans ce qu’il prêche que dans ce qu’il vit. Certes, le prédicateur est un homme pêcheur au bénéfice du sacrifice expiatoire de Jésus, mais toute sa vie, ses actes et son comportement doivent tendre à l’alignement à cette Parole. Si le prédicateur est un porte-parole du ciel, il se doit d’être fidèle à celui au nom duquel il parle. La fidélité à Dieu implique, pour le prédicateur, une relation personnelle avec Lui et Sa Parole. Être fidèle, c’est être « christocentrique », parce que le Père a placé son Fils au cœur de sa révélation. Il faut donc une cohérence entre ce qui est prêché et ce qui est vécu. La prédication commence avant le message et dure plus longtemps !
L’auteur souligne que la vie et le message sont intimement liés. Le prédicateur a la responsabilité de prêcher toute la parole, et donc aussi les passages comme une épée « à double tranchant ». Une prédication qui ne susciterait que des applaudissement ne convaincrait personne. Les applaudissements disent: » je suis d’accord avec toi » plutôt que « j’ai besoin de changer ». Au jour de la Pentecôte souligne l’auteur, les gens dans la foule n’ont pas applaudi le prédicateur, car ils étaient touchés au point de se préoccuper chacun de leur salut.
Prédicateurs, quelle est notre motivation ?
Le danger est réel pour tout prédicateur, de chercher d’abord l’approbation du public au détriment du texte. L’auteur met en garde:
« Dieu n’a pas donnée la Bible pour satisfaire notre curiosité, mais afin de transformer nos vies! Toute prédication qui n’a pas pour objectif de conduire les gens à se repentir et à croire en Jésus-Christ, et ensuite, à vivre en lui obéissant de mieux en mieux, n’est pas ce qu’elle devrait être et donne une fausse idée de la Bible« [3]
Prêcher, c’est être fidèle à la Bible.
« S’appuyer sur la Bible pour prêcher, faire parler la Bible, donner la priorité au texte biblique, faire émerger un message pertinent à partir du texte biblique (…) Adopter la Bible dans son intégralité et non pas réduite aux textes de la Nouvelle Alliance et aux seuls passages préférés du prédicateur« [4].
Parce que la Bible est la Parole de Dieu
« La doctrine chrétienne de l’inspiration des Écritures saintes est fondamentale. La Bible est tout aussi digne de foi et fiable que Dieu lui-même« [5].
Pour l’auteur, cette question est fondamentale. Car la tendance au relativisme est aujourd’hui très forte et tente à gagner le monde évangélique. On parlera de théologie moderne, ou libérale. Ici, l’auteur pose une mise en garde à tout prédicateur des plus solennelle:
« La Théologie moderne, surtout dans son versant réformé et académique, a perdu confiance dans la Bible et la voit trop souvent comme une production purement humaine (…), sans surprise, la spiritualité qui en est issue tourne de plus en plus exclusivement autour de l’homme« [6].
Faut-il prêcher le thème ou le texte ?
Aujourd’hui, la prédication thématique a le vent en poupe! On prêchera sur « l’évangélisation », « l’unité des chrétiens », « les miracles », etc. Selon l’auteur, si la prédication thématique a tellement la cote aujourd’hui, « c’est parce que notre siècle aime manger à la carte. On se choisit, au départ, les menus dont on pense qu’ils répondront le mieux à nos besoins et à notre santé spirituelle« [7].
L’autre approche, pleinement défendue et qui justifie la rédaction complète du livre de l’auteur, consiste à prêcher TOUTE la Parole de Dieu telle qu’elle nous a été livrée.
L’approche thématique comprend toujours deux risques majeurs: la réduction et la distorsion.
« Le prédicateur peut choisir son propre plan pour une prédication thématique. En ce qui concerne la prédication textuelle, le texte contrôle le contenu du message: en fait, le prédicateur n’a pas la même liberté de choisir ce qu’il va développer ou ignorer (…) Les prédications thématiques traitant de sujets d’actualité peuvent fort légitimement répondre à un besoin précis d’un auditoire, mais à long terme, le chrétien grandit mieux dans la foi s’il est nourri d’une prédication enracinée dans le texte biblique. Et finalement, la prédication thématique tourne vite en rond« [8].
Les 10 bonnes raisons pour une prédication textuelle
Rien ne favorise autant la croissance personnelle d’un pasteur et de son église que la prédication suivie systématique de toute la Bible. Cela contribue même à la longévité dans le pastorat.
L’auteur donne 10 bonnes raisons:
- L’Église a besoin de toute l’Écriture (2 Tim. 3,16). Elle assure de prêcher à moyen terme tout le conseil de Dieu (Actes 20,6-27).
- Elle démontre le fait que toute l’Écriture est centrée autour de Jésus et mène à lui (Jean 5,39).
- Elle permet d’appréhender la révélation progressive du plan de Dieu pour le salut des nations.
- Elle permet de mieux comprendre le développement de la pensée des auteurs inspirés.
- Elle enseigne et motive l’Église à lire et à interpréter les Écritures.
- Elle facilite la préparation du prédicateur.
- Elle renforce sa formation continue.
- Elle permet d’éviter probablement d’avoir à rougir (2 Tim. 2,5)
- Elle n’exclut pas l’action du Saint-Esprit, bien au contraire!
- Elle laisse une grande liberté pour la forme de la prédication.
Conclusion
En quoi ce livre pourrait-il être utile pour le prédicateur d’aujourd’hui ?
Ce livre ne prétend pas répondre à toutes sortes de questions techniques au sujet de la prédication, même si de précieux conseils sont donnés par l’auteur, fort de ses 50 années de prédicateur. Ce n’est pas non plus un cours d’homilétique ou d’art oratoire.
La richesse de ce livre est ailleurs. Tout prédicateur, qu’il soit expérimenté ou débutant sera encouragé et pleinement remotivé pour un retour à une prédication textuelle, régulière et suivie, englobant « tout le conseil de Dieu », soit toute la Bible.
A la fin du livre, comme ultime encouragement, l’auteur souligne l’influence du Saint-Esprit dans la prédication. Lorsque le prédicateur prêche toute la Parole, il ne doit pas oublier qu’il n’est pas seul. Le Saint-Esprit le précède, capable d’illuminer le pêcheur sur son besoin de salut, d’éclairer et de consoler le chrétien triste. Le Saint-Esprit accompagne toujours la Parole. C’est lui qui construit l’église !
Bonne lecture !
[1]La vision théologique du ministère, TGC Évangile21 consulté le 19 juin 2020.
[2] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, édition « Foi et Victoire ». 2019. p. 18
[3] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, op. cit. p. 180
[4] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, op. cit. p. 182
[5] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, op. cit. p. 175
[6] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, op. cit. p. 175
[7] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, op. cit. p. 211
[8] Jean-Claude Chabloz. les versets oubliés de la Bible, op. cit. p. 212