La réussite devient dangereuse quand elle domine l’équipe des responsables.
Pour commencer, je voudrais souligner que Dieu nous a ordonné de développer un ministère où l’argent est une préoccupation nécessaire, dans lequel des aspects commerciaux sont nécessaires à nos activités, où la réflexion stratégique est importante, et pour lequel la croissance en nombre de l’Église requiert plus de biens immobiliers, des bâtiments plus grands, une plus grande attention à l’entretien des installations, et un nombre croissant de collaborateurs pour gérer tout cela. Rien de cela n’est mauvais ou dangereux ; ce sont les impératifs de la gestion avisée d’un ministère en croissance. Mais ces facteurs ne doivent pas devenir dominants au point de commencer à nous transformer et à changer notre perception de nous-mêmes ou du ministère auquel nous avons été appelés. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer du statut de pasteur et de responsable de ministère à celui de membre du conseil d’administration d’une entreprise religieuse. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer du statut de serviteurs humbles et accessibles de l’Évangile à celui d’exécutants institutionnels plutôt fiers et peu accessibles.
Aspirer à la réussite d’une Église locale n’est pas nécessairement incompatible avec un ministère évangélique humble mais, lorsque le succès du ministère et la croissance numérique sont au rendez-vous, il est difficile de maintenir un équilibre satisfaisant. Lorsque des pasteurs, des prédicateurs et des leaders, humbles et passionnés par l’Évangile, se trans- forment au fil du temps en administrateurs ou en visionnaires centrés sur l’institution, ils ont tendance à perdre un peu de leur passion pour l’Évangile, et l’Église ou le ministère en souffrent. Oui, nous devons avoir de l’ambition pour l’expansion du royaume de gloire et de grâce de Dieu, mais nous devons aussi reconnaître que, tant que le péché réside dans nos cœurs, la réussite est un champ de bataille spirituel, certes jonché de victimes parmi les pasteurs ou les leaders, mais qui a également relégué au rang d’éclopés beaucoup de ceux qui sont encore dans le ministère. Écoutez les mises en garde qui nous sont rapportées dans l’histoire spirituelle d’Israël, quand son peuple goûtait au triomphe et à l’abondance de la terre promise :

Conduire l'Église 12 principes du leadership selon l’Évangile
Paul Tripp
Pour devenir une équipe de leaders prête à affronter les défis du ministère
Le découragement, l’épuisement, les tentations et les combats spirituels accompagnent bien souvent les joies du ministère, et ce d’autant plus que grandissent l’Église et les responsabilités. « Diriger c’est servir, et servir, c’est souffrir » relève Paul Tripp dans l’enseignement de Jésus.
Mais d’autres dangers plus subtils guettent encore les responsables : le succès, l’approbation et les résultats brillants. Le risque est alors d’attribuer à ses dons et ses efforts ce qui est l’œuvre de Dieu ; ou de laisser progressivement sa fonction et son ministère devenir toute son identité ; ou encore insensiblement, de glisser de guides spirituels à administrateur d’une instance religieuse.
Je t’ai connu dans le désert, dans une terre aride.
Ils se sont rassasiés dans leurs pâturages, ils se sont rassasiés, et leur cœur est devenu orgueilleux. Voilà pourquoi ils m’ont oublié.
Osée 13.5-6
Dans votre équipe, la recherche de la réussite institutionnelle est-elle devenue prépondérante ? Ne répondez pas trop vite.