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La Bible est régulièrement attaquée de manière frontale, son origine divine, son infaillibilité et son inhérence étant contestées. Mais son autorité est aussi remise en question de manière moins visible par un refus plus ou moins marqué de sa suffisance. L’avertissement de Paul à Timothée relatif au rejet de la saine doctrine (2 Timothée 4,3-4) concerne clairement ces deux types d’attaques.

Définition de la suffisance de l’Écriture

Wayne Grudem propose la définition suivante :

« La suffisance de l’Écriture signifie que l’Écriture a toujours contenu toutes les paroles dont Dieu voulait que son peuple dispose à chaque étape de l’histoire de la rédemption, et qu’elle contient aujourd’hui tout ce que nous avons besoin d’entendre de la part de Dieu pour être sauvés, pour lui faire confiance et pour lui obéir parfaitement. » [1]

Une doctrine biblique ?

Cette définition est-elle en contradiction avec elle-même ou est-elle étayée par l’Écriture ? Elle implique que nous reconnaissions non seulement la Bible comme autorité, mais aussi comme autorité première et ultime. Elle suffit pour notre vie chrétienne car nous trouvons en elle tout ce qui est nécessaire à notre existence.

Plusieurs passages attestent la véracité de cet enseignement : Pierre demande de s’attacher à la parole prophétique contenue dans les Écritures (2 Pierre 1,19) et souligne la nécessité de la Parole comme fondement nécessaire pour grandir spirituellement (1 Pierre 1,23-2,2). L’Écriture est le fondement de l’Église (Éphésiens 2,20).

Après avoir rappelé à Timothée l’importance que les Écritures ont eu pour sa propre vie (2 Timothée 3,14-15), Paul souligne aussi leur nécessité pour la croissance spirituelle du croyant :

« Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne. » (2 Timothée 3,16-17)

C’est ainsi qu’il exhorte très solennellement Timothée à « prêcher » cette Parole, en toute occasion, sans se lasser, tant l’enjeu est important (2 Timothée 4,1-2).

Il existe aussi plusieurs exemples bibliques qui montrent la suffisance de la Parole. Ce ne sont pas des preuves, mais des situations concrètes qui viennent confirmer cette doctrine [2] :

– Jésus a résisté au diable en citant l’Écriture (Matthieu 4,1-11).

– Jésus a expliqué à partir des Écritures tout ce qui le concernait.

– Paul souligne la corruption de tous les humains à partir de nombreux textes de l’Écriture (Romains 3,10-20). Il souligne aussi que notre espérance provient de l’encouragement et de la persévérance « donnés par l’Écriture » (Romains 15,4) .

– ÀA la Pentecôte, Pierre interprète les événements qui viennent de se dérouler à la lumière des Écritures (Actes 2,16-36).

– Jacques cite les Écritures pour trancher le différend lors du « concile de Jérusalem » (Actes 15,13-19).

Ce que la suffisance n’est pas : 4 écueils à éviter

1) La Bible n’est pas une fin en soi. L’étude des Écritures n’a de sens que parce qu’il s’agit du moyen choisi par Dieu pour se faire connaître et faire connaître sa volonté (Jean 20,30-31 ; 1 Corinthiens 10,11 ; Hébreux 4,12), mais elle n’est pas l’objet ultime de notre recherche. L’Écriture est pleinement suffisante pour les buts donnés par Dieu mais nous ne devons pas en faire un objet d’étude déconnecté de la personne de Dieu.

2) Il n’est pas correct d’opposer Bible et Saint-Esprit, comme si se confier dans la révélation scripturaire rendait insensible à l’action de l’Esprit. Au contraire, nous avons besoin du Saint-Esprit, divin auteur des Écritures (2 Pierre 1,21), pour comprendre ces dernières (1 Corinthiens 2,10-14).

3) La Bible ne répond pas à toutes les questions que nous pourrions nous poser. De nombreuses choses nous sont cachées ou inaccessibles (Deutéronome 29,29  ; Actes 1,7 ; Romains  11,33-34). D’autres éléments appartiennent à la liberté chrétienne, tant qu’ils ne sont pas en opposition avec l’enseignement scripturaire (choix d’une profession, heure du culte, couleur des habits que je porte aujourd’hui…). Notre intelligence, renouvelée par Dieu (Romains  12,1-2), n’est pas à négliger non plus, bien au contraire !

4) La suffisance de la Bible ne peut conduire à se passer de l’aide d’autres personnes (Proverbes 11,14 ; 15,22 ; 24,6) et notamment de l’Église locale, puisque la Bible nous présente précisément l’Église locale comme un élément central de notre vie chrétienne (voir l’article de Jérémie Cavin, « L’Église locale, indispensable à ma croissance »).

Quelques conséquences

1) Tout ce qui est indispensable à ma croissance spirituelle se trouve dans l’Écriture. Nous devons donc sans cesse chercher à mieux comprendre cette Parole que Dieu nous a laissée et prier pour que le Saint-Esprit nous en éclaire le sens et nous donne toute sagesse pour l’appliquer.

2) Nous vivons à une époque où l’immédiateté et les messages courts et percutants (style Twitter) sont particulièrement appréciés. Les techniques de relation d’aide, de développement personnel ou les « trucs » pour progresser dans la foi doivent être fondés sur les principes bibliques et soumis à l’Écriture. De telles aides ne sont utiles que si elles ne contredisent pas explicitement la Parole de Dieu et si leur philosophie de base et leur but s’inscrivent dans une dépendance complète de l’Écriture.

3) L’Écriture ne donne pas seulement quelques indications pour notre salut, mais elle concerne aussi l’ensemble de notre existence. Le croyant trouvera ainsi de nombreux principes dans des domaines aussi variés que la résolution de conflits, l’éthique professionnelle, la vie conjugale et familiale, les relations humaines, la gestion des finances, la gestion de nos sentiments et émotions, l’implication du chrétien dans la société… Dans ces domaines, nous pouvons être aidés et bénéficier des aides d’autres disciplines comme les sciences humaines en nous appuyant sur la grâce commune (dons de Dieu à tous les hommes). Mais ces aides et techniques ne peuvent supplanter l’Écriture.

De la même manière, les techniques issues du monde de l’entreprise et appliquées au Églises ont une certaine utilité. Mais elles sont dangereuses lorsqu’elles se substituent à l’Écriture pour organiser la vie de l’Église ou lorsqu’elles sont premières dans l’élaboration de nos projets d’Église, quitte à chercher quelques versets pour justifier a posteriori nos pratiques ecclésiales.

4) Nos impressions, sentiments et raisonnements ont également leur place, mais là encore, soumis à l’Écriture. Après un temps de prière, je peux arriver à des convictions claires, mais ces dernières ne doivent ni être en opposition avec la Parole de Dieu ni être revêtues de la même autorité que cette Parole inspirée.

Pour conclure

« A la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, c’est qu’il n’y aura point d’aurore pour le peuple » (Ésaïe 8,20)

« Tes préceptes font mesdélices, ce sont mes conseillers. » (Psaumes 119,24)

Malgré les avancées technologiques et scientifiques, les connaissances accrues sur le fonctionnement de l’être humain et les multiples ressources à notre disposition, la suffisance de la Parole de Dieu est une réalité essentielle à la vie du chrétien. La Parole de Dieu est utile, nécessaire et suffisante pour notre vie. Centrale dans la vie du chrétien et de l’Église, elle est le moyen privilégié par Dieu pour se révéler. Elle doit être le fondement de toute la vie, ainsi que l’objet de notre méditation assidue et renouvelée, éclairée par le Saint-Esprit.

Ce n’est assurément pas très tendance, pas très adapté à notre époque de l’immédiateté et de la simplification à l’extrême, mais c’est le moyen choisi par Dieu pour nous équiper individuellement et en Église. C’est pourquoi cette Parole inspirée doit faire jour après jour nos délices (Psaumes 119,24).

[1] Wayne GRUDEM, Théologie systématique, Excelsis, 2010, p. 119. Cet article se base sur le chapitre 8 de cet ouvrage, même si nous ne suivons pas l’auteur dans toutes ses options concernant la prophétie.

[2] Liste non exhaustive.

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