Les fréquentations de Daniel et Kristie commencèrent bien. Leurs conversations se déroulaient sans encombre. Ils étaient théologiquement en accord et appréciaient leurs amis respectifs. Pourtant, après quelques semaines, l’angoisse de Daniel ne cessait de grandir. Son passé était marqué par le péché sexuel et il savait qu’une conversation difficile se profilait à l’horizon.
Beaucoup d’entre nous peuvent s’identifier à la détresse de Daniel. Je me souviens encore de m’être préparé à parler à ma femme (actuelle) de mon passé entaché de péchés. La honte, la culpabilité, le regret et la peur me hantaient. Mais la grâce de Dieu est toujours plus grande que notre péché ; il est capable de nous aider, de nous guérir et de nous guider (Rom. 5.20; 2 Cor. 12.9).
Avant d’aborder les questions que soulèvent de telles révélations, je ne saurais trop insister sur le fait qu’il est vital d’inviter des frères et sœurs pieux à apprendre à vous connaître, vous et votre conjoint potentiel, et à vous donner des conseils sur votre relation. Dès les premiers jours de votre relation, ils peuvent vous aider à gérer vos sentiments, vous protéger de la tentation et vous donner la sagesse dont vous avez besoin, en particulier lorsque vous abordez une conversation sur votre passé.
Pourquoi devrais-je raconter mon passé ?
Le premier but qu’ont deux chrétiens qui se fréquentent est d’évaluer s’ils sont en mesure de se marier. Cela comprend le fait d’apprendre qui est véritablement l’autre personne. Tout le monde n’est pas en droit de connaître les détails intimes de votre vie, mais votre conjoint potentiel si.
Tout le monde n’est pas en droit de connaître les détails intimes de votre vie, mais votre conjoint potentiel si.
Il est peu judicieux et peu aimant de faire passer votre relation à un niveau plus sérieux en sachant que votre conjoint potentiel a une vision inexacte de votre histoire. Partager votre passé permettra de donner une image honnête de qui vous êtes. Notre passé ne doit pas nécessairement nous définir, mais il nous façonne. Les effets du péché peuvent se manifester dans le mariage, donc si votre partenaire doit s’unir à vous (Gen. 2.24), cette personne mérite de pouvoir prendre sa décision avec des yeux grand ouverts.
Partager votre passé de cette manière cultive l’amour biblique et encourage une conversation spirituelle qui a du sens. Cela vous aide à dire la vérité dans l’amour (Éph. 4.15), à vous réjouir de la vérité (1 Cor. 13.6), et à dépendre de la sagesse et de la grâce de Dieu (Héb. 4.16). Ces qualités créent les fondations dont chaque relation chrétienne a besoin.
Quand dois-je faire part de mon passé ?
Savoir quand il faut avoir la « conversation » relève plus d’un art que d’une science. Parler trop tôt du péché sexuel passé peut être accablant et court-circuiter la confiance nécessaire pour supporter le poids de vos confessions. Attendre trop longtemps peut entraîner des sentiments de trahison et de frustration.
Une façon naturelle de vous préparer est de partager des aspects de plus en plus profonds de votre témoignage. En parlant de l’œuvre de Dieu dans votre vie, vous pouvez montrer que vous souhaitez en dire plus sur la lutte contre le péché, mais que vous préférez attendre le bon moment. Cela permettra de mettre en veilleuse une discussion plus approfondie jusqu’à ce que vous soyez prêts tous les deux.
Alors que vous vous demandez quand il faut parler, clarifiez les réponses aux questions suivantes :
- Êtes-vous prêts tous les deux à partager et à entendre les aspects intimes de vos histoires ?
- Cette personne vous est-elle à ce point chère pour que vous lui partagiez ces détails ?
- Avez-vous suffisamment confiance en cette personne pour qu’elle écoute et réponde à votre péché passé ?
- A quel moment ne pas parler de votre passé devient-il de la négligence ?
Que devrais-je partager ?
Le but du partage est de se faire connaître de l’autre personne. Le péché commis par vous (habitudes de masturbation, pornographie, immoralité), le péché commis sur vous (abus, viol) ou les désirs pécheurs que vous combattez (attirance pour les personnes de même sexe) sont les types de sujets sur lesquels il vous faut discuter. Mais la divulgation des détails concernant ces sujets requiert une grande sagesse.
1. Préparez-vous à l’avance
Priez, priez et priez encore. Demandez à Dieu la sagesse pour discerner quand, comment et le contenu de ce que vous allez partager ; il promet de répondre (Matt. 7.7–8; Jacques 1.5). Invitez un ou deux amis de confiance pour vous aider à vous préparer. Il devrait s’agir de personnes plus âgées, plus sages et mariées de préférence qui ont navigué sur ces eaux auparavant.
- Déterminez un moment où vous aurez cette conversation. Fixez une date sur le calendrier de sorte que vous et votre conjoint potentiel puissiez prier à l’avance.
- Choisissez un endroit approprié. Les choses pourraient devenir émotionnelles, il serait donc judicieux d’avoir de l’intimité. Ne vous mettez pas, cependant, dans une situation qui pourrait conduire à la tentation.
- Écrivez ce que vous avez l’intention de dire. Ceci vous assurera que vous direz tout ce que vous devez dire et que vous n’oublierez pas des éléments importants sur lesquels il vous faudrait revenir ensuite.
En vous préparant, portez attention aux questions suivantes :
- Quels péchés ont fait partie de votre histoire ? (Incluez les péchés commis par vous et ceux qui vous ont été infligés).
- Depuis combien de temps luttez-vous contre ces péchés ?
- Comment Dieu vous a-t-il aidé à mettre ce péché à mort ?
- Comment combattez-vous la tentation ?
- Quels autres facteurs alimentent votre tentation (solitude, mécontentement, colère, stress, douleur) ?
- Quelles mesures prenez-vous pour combattre le péché ?
- Devant qui rendez-vous des comptes et qui vous aide à combattre le péché ?
2. Évitez certains détails
Un partage excessif peut encombrer inutilement l’imagination de votre futur conjoint. Par exemple, dire que vous avez eu des expériences sexuelles avant le mariage est essentiel, mais parler de leur fréquence ou de ce que vous avez apprécié dans ces expériences est normalement inutile. De même, il est important de parler de vos difficultés avec la pornographie, mais donner des détails sur les sites que vous avez visités ou les choses que vous avez vues peut être nuisible pour la personne qui vous écoute.
3. Encouragez les questions complémentaires
Votre première conversation peut ne pas être suffisante. Certains éléments de votre histoire peuvent susciter des questions appropriées qui viendront ensuite. Ma femme m’a posé des questions immédiatement après que j’ai partagé mon histoire, ainsi que dans les premiers mois de notre mariage. Gardez-vous d’être sur la défensive ou de vous refermer. Dieu peut utiliser des conversations douloureuses pour vous apporter la guérison, à vous et à votre futur conjoint.
4. Évitez une curiosité inutile
Si vous êtes le destinataire de la confession, gardez-vous d’une curiosité inutile. Entendre des confessions sur le péché passé de votre futur conjoint peut provoquer de l’insécurité et de la peur. Vous pourriez penser que plus vous connaîtrez de détails, plus vous aurez de facilités à comprendre. Ce n’est pas le cas. L’adage « Le diable est dans les détails » est souvent vrai, surtout dans ce cas. Ne donnez pas à Satan l’occasion d’utiliser les détails du péché de votre conjoint potentiel pour vous pousser à pécher.
Que faire ensuite ?
La raison pour laquelle il faut avoir une conversation au sujet de votre passé est de clarifier le futur. Évaluer ce que vous entendez et la manière dont votre ami(e) y répond va vous aider à diriger les prochains pas dans votre relation. Pour vous aider à faire cette évaluation, considérez les suggestions suivantes :
1. Donnez-vous le temps
Après avoir partagé votre passé, donnez-vous le temps de réfléchir. Certaines personnes gèrent rapidement les conversations difficiles, d’autres ont besoin de temps et de distance. Si vous avez besoin de temps pour réfléchir à une confession, soyez sensible à la personne qui l’a partagée mais soyez également honnête. Vous pourriez dire quelque chose comme : « Merci d’avoir partagé cela avec moi, je sais que c’était difficile, et je respecte ton honnêteté. Je vais avoir besoin d’un peu de temps pour prier à ce sujet ». La plupart des relations sont confrontées à divers carrefours, et celui-ci peut être l’un d’entre eux.
Dieu peut utiliser des conversations douloureuses pour vous apporter la guérison, à vous et à votre futur conjoint.
Si l’un de vous a été victime d’abus sexuels, le livre de John Henderson Catching Foxes leader’s guide (Capturer les renards : le guide du conducteur, disponible en PDF en anglais sur le lien précédent ) contient une section utile (p. 45–46) quant à la manière de répondre à la personne ainsi blessée et de prendre soin d’elle.
Comprendre comment votre passé peut affecter votre avenir dans votre relation aux autres peut être extrêmement utile. Si vous êtes tous les deux disposés à le faire, vous devriez prendre l’habitude d’inviter des amis de confiance et spirituellement mûrs dans vos conversations intimes. Cela s’avérera utile pour le long terme de votre relation.
2. Évaluez la maturité
Si vous entendez les confessions de quelqu’un, vous avez besoin d’évaluer ce que vous avez entendu.
- Votre partenaire est-il humble et contrit au sujet de ce péché, ou est-il sur la défensive et tente-t-il de le minimiser ?
- Votre partenaire fait-il des progrès dans sa résistance au péché, ou est-il encore pris au piège dedans ?
- Votre partenaire s’est-il tourné vers des croyants matures pour recevoir de l’aide ou choisit-il de s’isoler ?
Si vous voyez des progrès réels, humbles et soutenus par la grâce, encouragez-les. Célébrez le chemin que Dieu a fait parcourir à votre partenaire. Réjouissez-vous de la croissance que Dieu lui a donnée. Ensemble, chérissez la grâce vivifiante de Jésus.
Mais si des signaux d’alarme apparaissent, ne les ignorez pas. De votre écoute découlera peut-être le besoin de prendre du recul afin que votre partenaire puisse se concentrer davantage sur la lutte contre le péché et le développement de sa redevabilité, à savoir sa capacité à rendre des comptes à un autre.
Il est également important pour celui qui partage de considérer comment l’autre personne réagit. Cela peut prendre du temps d’observer, mais votre partenaire réagit-il avec gentillesse ou avec un jugement moralisateur ? Votre partenaire vous oriente-t-il vers Jésus ou vous punit-il en vous faisant porter le chapeau ?
Les tendances inquiétantes ne doivent pas être ignorées. Peu de choses sont plus effrayantes que d’être marié à quelqu’un qui a une attitude désinvolte à l’égard du péché, qui s’isole de toute possibilité de rendre des comptes à un autre ou qui n’aime pas faire grâce. Si vous voyez ces tendances, prenez-les au sérieux.
Les tendances inquiétantes ne doivent pas être ignorées. Peu de choses sont plus effrayantes que d’être marié à quelqu’un qui a une attitude désinvolte à l’égard du péché, qui s’isole de toute possibilité de rendre des comptes à un autre ou qui n’aime pas faire grâce.
3. Gardez-vous vous-mêmes.
S’engager dans une conversation intime peut provoquer votre chair. Je connais plusieurs couples qui, après avoir eu cette conversation, ont eu à lutter contre la tentation sexuelle. Pour certains, leurs insécurités ont été stimulées et ils ont voulu « prouver » qu’ils pouvaient être à la hauteur des expériences passées de leur petit ami ou petite amie. Pour d’autres, la conversation vulnérable a éveillé un désir plus profond de partager encore plus d’eux-mêmes. Ce désir est bon, mais Satan veut l’utiliser pour le mal. Soyez donc vigilants et aidez-vous l’un l’autre à vous protéger de ses attaques (Rom. 6.11–14).
4. « Évangélisez»-le/la.
L’une des qualités les plus importantes d’une relation pieuse est que le couple sait comment ses membres peuvent s’aider l’un l’autre à porter le péché, la honte et la peine aux pieds du trône de grâce de Dieu (Héb. 4.14–16). Une conversation au sujet du péché passé est une occasion de pratiquer cela.
Un ami m’a raconté comment sa femme actuelle l’a « évangélisé » après avoir entendu son histoire de péché. Elle a dit : « J’ai toujours su que cette conversation allait avoir lieu, alors j’ai prié pour que Dieu me donne quelque chose à dire ». Elle a lu l’histoire de la femme pécheresse dans Luc 7.36–50. Puis elle l’a regardé dans les yeux et a dit : « Cette femme aimait beaucoup parce qu’elle avait été beaucoup pardonnée. Et je sais qu’il en est de même pour toi. Tu aimes beaucoup Dieu parce qu’il t’a beaucoup pardonné, et je sais que tu seras capable de m’aimer beaucoup aussi. Cela ne fait que renforcer ma confiance ».
Toutes les révélations de péchés passés ne mènent pas au mariage, mais toute conversation devrait mener à Jésus. Lorsque quelqu’un révèle une histoire douloureuse, rappelez avec assurance qu’en Christ, nous sommes sans condamnation (Rom. 8.1). Rappelez à votre partenaire le pardon de Dieu et le fait que les péchés de chacun ont été cloués sur la croix (Col. 2.14–15).
Bien qu’un passé de péché puisse compliquer les choses, nous pouvons en parler avec espoir car nous savons que le Christ est à l’œuvre en nous. Il prendra soin de vous, peu importe où la conversation mènera votre relation.