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Ministères, dons et service

À la base, un ministère, c’est un service. Tous les chrétiens sont appelés à servir d’une manière ou d’une autre. On pourrait donc dire que tous les chrétiens ont un ou plusieurs ministères. Ce serait pourtant confondre les dons qui sont accordés à chacun, selon 1 Co 12 1 P 4.10-11, et la spécificité d’un ministère, qui implique quelque chose de soutenu, de régulier, de reconnu.

La diversité des ministères est clairement affirmée dans les textes que nous venons de citer. Certains ministères s’exerceront naturellement, spontanément, sans qu’une équipe d’anciens ait besoin de s’y pencher : la générosité, l’accueil, l’hospitalité, la participation à une chorale ou au nettoyage. Mais plus le service est public, plus il a prise sur la santé spirituelle des personnes ou sur la vie de l’Église, plus les anciens auront à veiller sur sa qualité. Ce qui implique de s’intéresser de près aux personnes qui servent, surtout dans une fonction de direction. Chanter ou diriger les chanteurs, accueillir un groupe de maison ou l’animer, ce n’est pas la même chose.

 

Qualités à rechercher

Pour tout service public, il serait important que la personne bénéficie d’un bon témoignage dans l’Église et en dehors (1 Tm 3.1-13 et Tt 5-9), car elle représente l’Église, elle porte son identité. Le regard du monde compte, et celui de la famille encore plus. Ce n’est pas, par exemple, que la personne qui anime le culte doit être parfaite. Elle doit simplement bénéficier d’un jugement bienveillant et positif de la part de ceux qu’elle veut servir.

Se pose ensuite la question de la compétence. Sous prétexte que tous les citoyens sont égaux, il ne viendrait à l’idée de personne de recruter un maître-nageur qui ne sache pas nager. Mais c’est parfois ce qui se passe dans les Églises. Certaines compétences sont en lien avec des aptitudes naturelles plus ou moins développées. Mais toutes peuvent bénéficier d’une formation, initiale et continue. Si quelqu’un ne sait pas animer une étude biblique, il peut être formé à cela, par des lectures, des stages et un accompagnement personnel. On aura discerné au préalable un amour pour la Parole de Dieu, un minimum de connaissances, une doctrine sûre, et une certaine facilité relationnelle. À partir de là, on peut mettre en place ce ministère potentiel selon la formule bien connue :

  • je fais, tu regardes
  • tu fais, je regarde
  • tu fais.

Les services dans l’Église ne sont pas juste une question de compétence, comme ce serait le cas d’un électricien, par exemple. La plupart des services qu’il faut assumer dans l’Église nécessite d’avoir de bons rapports avec les personnes : avec son équipe de bricoleurs, avec les membres de sa chorale, avec les enfants… On peut comparer un pianiste brillant qui aurait des rapports difficiles avec les autres musiciens ou avec un autre pianiste, plutôt moyen, mais capable de travailler en équipe. C’est celui-là qu’il faut préférer, et il pourra progresser.

Last but not least, il faut penser à la motivation d’un candidat potentiel. Un ministère est un service, pas le moyen de se mettre en valeur ou de dominer sur d’autres. Ce n’est pas en cherchant un ministère dans l’Église que l’on peut compenser la déconsidération dont on a souffert dans son enfance ou dont on souffre encore dans son travail. C’est sûr, être valorisé en Église, c’est bien. Mais il y aura aussi en Église des moments où les critiques fusent, où nos dons ne sont pas reconnus, où on oublie de nous remercier. Le modèle de toute personne qui exerce un ministère, c’est le Seigneur Jésus, vrai leader, qui est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs.

 

Reconnaître un ministère

Pour la reconnaissance d’un ministère, les anciens ne sont ni seuls ni infaillibles. Ils ont donc besoin de sonder les personnes les plus directement concernées. S’ils cherchent quelqu’un qui soit responsable du culte des enfants, il faudrait qu’ils interrogent les autres moniteurs. Dans l’Église, un responsable ne s’impose pas par voie hiérarchique : il a besoin du consentement de ceux qu’il dirigera, sinon ils partiront.

Ceci est vrai à tous les niveaux, y compris celui du pastorat. Suivant les traditions, le rôle des responsables dénominationnels et des anciens sur place sera plus où moins important. Les modalités de la consultation de l’Église peuvent varier. Mais il est inconcevable qu’un pasteur soit nommé sans que l’avis de l’assemblée ne soit entendu. Il faut toujours trouver l’équilibre entre, d’une part, la responsabilité des dirigeants en place, qui ont comme mission d’anticiper, de prévoir, d’organiser,d’exercer l’autorité, et, d’autre part, la responsabilité et la liberté des membres, qui eux aussi ont reçu le Saint-Esprit et qui eux aussi ont le souci de la vie de leur Église.

Quel que soit le ministère envisagé, il serait bon qu’il soit reconnu publiquement. Cela pourrait se faire en toute simplicité, par une annonce faite au culte et relayée par les moyens habituels. Pour des ministères particulièrement stratégiques et visibles, une prière solennelle avec imposition des mains s’imposerait.

Discerner un ministère potentiel, et aider la personne à se former et à servir, cela fait partie des responsabilités d’une équipe d’anciens. Hélas, devant les urgences et le manque de temps, c’est une responsabilité qui est souvent négligée. Mais pourquoi ne pas envisager, une fois par an, de faire le tour de l’annuaire de l’Église en se posant la question : Un tel est-il à sa place ? Négligeons-nous ses dons ? Comment l’aider à s’épanouir en servant ses frères ? Quel pourrait être son ministère d’ici un an ? Prendre du temps ici en ferait gagner beaucoup par ailleurs, et contribuera à la croissance de l’ensemble.

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