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Note de l'éditeur : 

Cet article est extrait de « Le dessein de Dieu pour l’Église » dans lequel Conrad Mbewe qui, puisant dans trois décennies de travail pastoral en Zambie, vise à équiper les pasteurs et les responsables d’église avec des principes bibliques adaptés.

Ma mère est morte alors que je n’avais que neuf ans. Environ un an plus tard, la sœur de ma mère est venue nous chercher, mes deux sœurs et moi, pour nous emmener vivre avec elle et sa famille. Nous avons vécu avec eux pendant les six années suivantes. C’était tout un changement pour mes sœurs et moi. Le premier changement majeur a été le nombre d’enfants. Nous venions d’un foyer avec très peu d’enfants : moi, mes deux sœurs et un frère adoptif que mes parents avaient élevés dès la naissance pour que j’aie de la compagnie masculine. Nous avons emménagé avec une famille de huit enfants. Nous étions désormais onze enfants à remuer dans la maison ! Le deuxième changement majeur a été de passer d’une banlieue de la capitale de Zambie à une ferme située à la périphérie d’une ville minière de cuivre. Dans la maison de nos parents, nous ne faisions presque rien d’autre que de veiller à ce que nos chambres soient bien rangées (nos parents employaient des domestiques qui faisaient presque tout le travail). À la ferme, tous les enfants participaient aux tâches ménagères et agricoles. Nous devions nourrir les animaux de la ferme et leur fournir de l’eau fraîche, ramasser régulièrement les œufs et alimenter la chaudière de bois de chauffage pour chauffer l’eau de la ferme. Quand venait le temps de planter, de désherber ou de récolter, les bras supplémentaires n’étaient pas de trop, et les enfants de la maison mettaient la main à la pâte à ces moments critiques. Quand nous manquions de lait, on nous envoyait avec un grand récipient dans une ferme voisine qui avait des vaches. Nous achetions le lait et regagnions la maison à pied en portant cette lourde charge. La famille entretenait un potager derrière la ferme où nous récoltions des légumes frais tous les jours. Il y avait beaucoup d’ouvriers répartis dans différentes zones de la ferme. C’étaient des professionnels payés pour les tâches qu’ils réalisaient. Nous travaillions avec eux et apprenions beaucoup d’eux. Au début, tout cela était difficile pour mes deux sœurs et moi-même, mais voir nos cousins y participer joyeusement nous a fait réaliser que la vie à la ferme était ainsi, ce qui nous a permis de vite « prendre le rythme » et d’en apprécier le côté ludique. Se lever tôt pour faire ses tâches ménagères avant de se préparer pour aller à l’école était le plus difficile, surtout en hiver, quand il faisait froid et sombre le matin. Pourtant, pas une seule fois nous n’avons pensé qu’il s’agissait de maltraitance. Nous avons simplement appris à apprécier le travail que nous trouvions dur au début. Le soir, à table, nous parlions des expériences que nous avions vécues en participant à la vie de la ferme.

La vie de l’Église devrait davantage ressembler à la vie que nous menions à la ferme, plutôt qu’à l’existence que nous menions dans notre foyer, avant le décès de ma mère. Elle devrait impliquer tous les membres. Cette image n’est pas courante aujourd’hui. Nombre de gens limitent l’appartenance à l’Église au sentiment d’appartenance. Ils veulent aussi être membres en raison des bénéfices qu’ils en retireront éventuellement, plutôt que par désir d’y apporter leur contribution. Il arrive même que l’Église se résume pour certains à un lieu où leur nom est enregistré pour être autorisés, par la suite, à s’y marier et à y célébrer leurs funérailles. Beaucoup la considèrent comme un endroit où ils pourront obtenir un soutien ponctuel en cas de besoin.

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, l’Église est « la maison de Dieu » (1 Ti 3.15). À l’époque de la rédaction du Nouveau Testament, les ménages étaient composés de parents, d’enfants et de serviteurs. Si la famille était très riche et grande, elle avait beaucoup de serviteurs. C’est ce que Paul avait à l’esprit quand il a appelé l’Église la maison de Dieu. Il voulait dire que Dieu remplit le rôle des parents à la maison. Les dirigeants de l’Église assument le rôle de serviteurs au foyer en veillant à ce que chaque enfant sache « comment se conduire dans la maison de Dieu » (v. 15). Le reste est l’équivalent des enfants élevés dans cette maison. Il leur incombe de participer activement aux tâches ménagères.

Un certain nombre de références bibliques suggèrent la participation assez active des enfants aux tâches ménagères dans un foyer, en fonction de leur âge. C’était particulièrement vrai concernant les animaux d’élevage, qui représentaient souvent la richesse familiale. Par exemple, dans l’Ancien Testament, lorsque Samuel est allé oindre un futur roi d’Israël issu de la maison d’Isaï, la Bible dit : « Isaï fit passer sept de ses fils devant Samuel ; et Samuel dit à Isaï : L’Éternel n’a choisi aucun d’eux. Puis Samuel dit à Isaï : Sont-ce là tous tes fils ? Et il répondit : Il reste encore le plus jeune, mais il fait paître les brebis. Alors Samuel dit à Isaï : Envoie-le chercher, car nous ne nous partirons pas avant qu’il ne soit venu ici » (1 S 16.10,11). David ne se contentait pas de suivre des bergers embauchés. On lui avait donné la charge de prendre soin du troupeau. Le jour où David a tué Goliath, voici les explications qu’il a fournies au roi Saül :

Ton serviteur faisait paître les brebis de son père. Et quand un lion ou un ours venait en enlever une du troupeau, je courais après lui, je le frappais, et j’arrachais la brebis de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais par la gorge, je le frappais, et je le tuais. C’est ainsi que ton serviteur a terrassé le lion et l’ours, et il en sera du Philistin, de cet incirconcis, comme de l’un d’eux, car il a insulté l’armée du Dieu vivant (1 S 17.34-36).

La vie de ce jeune berger était un travail à temps plein. C’était un travail ardu, une activité risquée.

Au cas où vous penseriez que c’était uniquement à l’époque de l’Ancien Testament, le Nouveau Testament nous offre un exemple similaire dans la célèbre parabole du fils prodigue. Quand le fils cadet rentre du pays lointain, la Bible rapporte : « Or, le fils aîné était dans les champs… » (Lu 15.25.) Si vous vous demandez ce qu’il y faisait, ses paroles remplies d’indignation nous indiquent qu’il y travaillait : « Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans n’avoir jamais transgressé tes ordres… » (Lu 15.29.) Il avait fidèlement participé aux travaux de la ferme. C’était caractéristique de la vie de famille de l’époque. C’est ce que l’apôtre Paul avait à l’esprit en écrivant à Timothée au sujet de la maison de Dieu. Elle fonctionnait selon un ordre établi, mais comptait aussi des domaines de responsabilité pour les serviteurs et les enfants, selon leurs niveaux de maturité respectifs. Considérons, à présent, quels devraient être les rôles des membres de l’Église locale. Étudions, pour ce faire, des passages pertinents du Nouveau Testament.

 

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