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Il nous est tous arrivé d’être victimes de la méchanceté de notre prochain ou de subir des injustices. Certains Psaumes peuvent alors faire écho en nous : les Psaumes d’imprécation, dans lesquels le psalmiste (souvent David) soit demande à Dieu de maudire et juger ses ennemis, soit dit son assurance que Dieu maudira et jugera ses ennemis. Mais est-ce vraiment légitime de faire de telles prières ? Nous allons répondre à cette question en considérant que ces Psaumes nous rappellent au moins trois choses.

Dieu déteste le mal

Premièrement, ils nous rappellent que Dieu déteste le mal. Ces Psaumes nous décrivent des individus particulièrement méchants et opposés à Dieu : ils profèrent le mensonge sans scrupule, tiennent des embuscades pour tuer des innocents, trahissent des amis, etc. David compose par exemple le Psaume 52 suite au massacre orchestré par Saül et exécuté par Doëg contre des centaines de prêtres et citoyens israélites. Il décrit alors le méchant comme quelqu’un de fourbe, dont les paroles sont affilées comme un rasoir, qui aime le mal plutôt que le bien. A la base de cette méchanceté, il y a l’orgueil d’un homme qui ne prend pas Dieu pour protecteur, mais se confie en ses richesses et se protège par sa ruse. David, observant cette méchanceté, ne peut qu’en éprouver un sain dégoût.

« Il ne faut pas juger » : vraiment ?

Il est juste que nous, croyants, détestions le mal : non seulement les massacres, les viols ou l’esclavage moderne (sur ce point, tout le monde est d’accord), mais aussi les formes plus subtiles de mal que notre société a acceptées.

Trop souvent, des phrases telles que « Il ne faut pas juger » ou « Dieu est amour » deviennent un prétexte pour fermer les yeux devant le mal. Mais une telle attitude n’est ni spirituelle, ni à la gloire de Dieu. L’Eternel est juste et déteste le mal. A-t-on un profond souci de sa gloire ? Parfois, il faut juger, dans le sens de porter un jugement de valeur négatif sur des comportements inacceptables.

Détester le mal… d’abord en nous

Ceci étant dit, si la tolérance excessive n’est pas une preuve de maturité, la dureté excessive ne l’est pas non plus. Etre cassant et impatient, manquer d’amour envers les pécheurs, n’est pas non plus à la gloire de Dieu. En outre, nous devrions d’abord détester le mal qui habite en nous, et le traquer avec une volonté de fer. Dieu n’est pas indigné seulement par la théorie du genre, la corruption économique et l’ésotérisme : il est aussi indigné quand il voit que nous refusons de pardonner à notre prochain, quand nous cultivons des pensées impures ou quand nous aimons notre confort ou nos loisirs plus que lui.

La conviction que Dieu jugera le mal

La deuxième chose que rappellent ces Psaumes, c’est que nous devons croire en la justice de Dieu. David, dans les Psaumes d’imprécation, dit sa conviction que Dieu renversera, terrassera, déracinera et fera périr les méchants. Il ne prononce pas ces mots sans réfléchir, de manière un peu impétueuse. Non, au contraire, il connaît la loi de Dieu, son alliance et les promesses de Dieu. Or Dieu a promis que ceux qui aiment le mal plutôt que le bien héritent la malédiction. David sait que Dieu, fidèle à sa parole, va donc exécuter ses jugements. Il n’est donc pas animé de sentiments de vengeance personnelle, mais d’une urgence spirituelle.

Le coronavirus est-il un jugement de Dieu ?

Il est légitime que nous aspirions nous aussi au jugement de Dieu, parce que nous aimons Dieu et souhaitons qu’il soit glorifié par le triomphe du bien. Certes, nous ne sommes plus dans l’ancienne alliance, où, de manière plus explicite et systématique, Dieu promettait de bénir l’obéissance et de maudire la désobéissance. Mais même dans la nouvelle alliance, nous savons que Dieu continue d’aimer le bien et de punir le mal. Même si nous sommes dans l’attente du jugement final, lui, le roi des nations, continue d’exercer ses jugements temporels.

Il nous faut être équilibré quand on évoque ces questions et ne pas affirmer trop rapidement : « Les incendies en Australie et le coronavirus sont des jugements de Dieu contre tel péché ». Ce n’est pas à nous de prêter des intentions à Dieu. Par contre, nous devons toujours nous rappeler que Dieu est au contrôle et qu’il continue d’exercer ses jugements, conformément à sa volonté cachée.

Quand nous observons que le mal est puni, nous devrions en éprouver à la fois de la crainte et de la joie : « Les justes le verront, ils auront de la crainte et se riront de lui » (Psaume 52,8). La crainte de constater que Dieu abhorre le mal et qu’il le réprime, mais aussi la joie de savoir qu’il est un juste juge. Paul, d’ailleurs, réconforte les Thessalonique en leur rappelant que leurs persécuteurs seront jugés (2 Thessaloniciens 1,8).

Aspirer à la justice de Dieu, pas à la nôtre

Dieu va donc exercer son jugement. Mais peut-on prier dans ce sens, comme le faisait David dans ces Psaumes imprécatoires ? Nous pouvons certainement demander des choses semblables, avec nos mots, pour des gens qui détestent Dieu. Mais il faut qu’il s’agisse de personnes qui remplissent ces critères d’ennemis acharnés de Dieu et de son peuple. Il est légitime de demander que Dieu mette certaines personnes, idéologies ou systèmes hors d’état de nuire. Pas question, par contre, de prononcer des malédictions contre un chauffeur qui nous aurait coupé la route ou un collègue contrariant. Nous devons aspirer à la justice de Dieu, pas à la nôtre.

Garder l’équilibre : Dieu nous appelle à aimer nos ennemis

Et il faut à tout prix équilibrer cela avec l’appel vibrant de l’Ecriture à aimer nos ennemis. D’ailleurs, David, tout en priant que Dieu juge Saül… l’a épargné à deux reprises (1 Samuel 24 et 26), manifestant ainsi son amour pour lui. Nous pouvons donc prier à la fois que les ennemis de Dieu soient jugés et en même temps qu’ils se repentent et connaissent la grâce de Dieu. Et le faire avec humilité : si Christ ne nous avait pas fait grâce, nous aurions aussi reçu le jugement et la malédiction de Dieu. Mais Christ a pris sur lui toutes ces imprécations que demande le psalmiste, afin que nous héritions non plus la malédiction, mais la bénédiction (Galates 3,13).

Croire en la bonté de Dieu donne la paix face à l’injustice

Troisièmement, ces Psaumes nous appellent à méditer sur la bonté de Dieu. Dans le Psaume 52, par exemple, David termine ainsi : « Et moi, je suis dans la maison de Dieu comme un olivier verdoyant. Je me confie dans la bienveillance de Dieu, éternellement et à perpétuité. Je te célébrerai éternellement, car tu as agi. Je veux espérer en ton nom, parce que tu es bon à l’égard de tes fidèles ». Ayant adressé ses requêtes à Dieu, il s’en remet patiemment et avec confiance à la bonté de Dieu. Il se sait « dans la maison de Dieu », c’est-à-dire en communion avec lui. Il se sait enraciné en Dieu, comme un olivier, un arbre réputé pour sa longévité et sa stabilité.

Notre premier combat : porter du fruit

Quand nous regardons le monde, nous risquons parfois d’en éprouver un grand dépit, de l’amertume, du cynisme. Mais que faisait David ? Il célébrait Dieu, convaincu à la fois de la justice et de la bonté de Dieu. L’olivier est aussi un arbre… qui porte du fruit. David n’envisageait pas de se venger lui-même, ou de se laisser abattre par la persécution, car il avait une mission qui devait garder la priorité dans sa vie : rester attaché à Dieu et porter du fruit.

Note de l'éditeur : 

Article publié pour la première fois le 3 mars 2020 sur evangile21.org

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