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Un ami à lui est décédé et, une fois encore, c’est la vie qui vacille, comme à chaque départ. Celui qui était n’est plus. Ne plus pouvoir le voir, le rejoindre.

La mort enlève, de la surface de la terre, une présence. Ce corps, il ne le touchera plus. Cette voix, il ne l’entendra plus. Son regard ne croisera plus le sien. Disparu, tout ce qui faisait l’être de l’ami. Cette manière, unique, d’habiter l’espace, et le temps. Le vide.

Le vide. La douleur. Ce sont tous les gestes de sa propre vie qui, pour un temps, acquièrent quelque chose de mécanique. Il est là comme n’étant plus là, lui-même. Confronté à l’irrémédiable.

Il pense aux vagues, à leur constant mouvement de venue, et de départ …

« Il a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité. » Depuis qu’il a entendu cette phrase-là, lors de la cérémonie d’enterrement, elle ne le quitte plus. Elle tourne dans sa tête. Elle lui révèle ce qui, déjà, était dans sa conscience. Cet appel. Ce mal-être, parfois. N’y aurait-il pas là un pont pour rejoindre les autres, tous les autres ? Son esprit tourne et retourne la question.

Assis au bord de l’étang, il attend. Le vent passe dans les feuillages vibrants. Il est bien.

Il attend et la lumière vient. Elle ne vient pas toujours. Mais ce jour elle vient à lui, comme une grâce accordée. Elle ouvre un chemin de lumière, sur l’eau, qui va du soleil  jusqu’à lui. Un chemin où il voudrait marcher. Partir dans la lumière. C’est pour lui une des images de la voie vers l’éternité.

L’eau. La mer. Et la lumière. Il se revoit, marchant en Bretagne sur les sentiers côtiers, le regard parti, vers l’infini.

Ses pas sur le sable de la grève. Personne, en septembre. La plage nue, longue. Les passages de nuages. Le gris. Le bleu. La lumière joue.

Il sent bien que ça travaille en lui, où qu’il soit et quelle que soit l’heure du jour. C’est un nouveau projet qui arrive : celui d’un film. Pas une histoire. Une scène, pour évoquer l’éternité. Une  longue scène. Un plan. Un travelling, très lent.

Il y aura la mer. Son bruit et son mouvement, régulier. Un jour de gris, avec des trouées de lumière et l’apparition, à la surface de l’eau, de cette voie éclairée.

La plage sera immense. Une plage de sable, sans rochers ; Partout, le plat de l’horizon.

Il voit aussi des êtres se déplacer là. Non pas de vagues silhouettes, vêtues de blanc, fantomatiques, mais de vraies personnes, de tous âges, avec leur visage, leur silhouette. Il ne les choisira pas pour leur beauté : des gens. Ils marcheront, sur la plage, nus-pieds. Lentement, plus que la normale. Cette lenteur sera en harmonie avec la plage, la mer, le ciel. Toute cette ampleur silencieuse, et rythmée. Ils iront droit devant eux et ceux qui se croiseront se reconnaîtront. Face à face, tenus en arrêt par le visage de l’autre, ils se regarderont, puis se souriront, et s’embrasseront. Et le mouvement reprendra, comme celui des vagues, dont on ne cessera pas d’entendre le bruit. Il n’y aura pas de musique. Le bruit de l’eau, de l’air. Le souffle infini.

Tandis qu’il crée la scène, en lui, son regard se pose sur le cadre de la porte de la pièce où il se trouve, et soudain, c’est son ami mort,, qu’il voit, passer la porte. Oui, sur l’espace nu, étendu, de la plage, il disposera des cadres de portes, sans portes. Et les personnes passeront ainsi au travers de ces portes. Oui, elles passeront.

En même temps qu’il voit, en lui, il fait  quelques croquis, au crayon, sur des feuilles blanches. Il a disparu dans son projet.

1 Thimothée 6 : 12 :
 « Saisis la vie éternelle à laquelle tu as été appelé. »

 

Librement inspiré d’une scène du film : « The Tree of life » de Terence Malick

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