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En lisant l’œuvre de Bruce Gordon portant sur la biographie de Calvin, je me suis rendu compte que personne ne naît pasteur, mais qu’on le devient.
Il est facile en lisant la dernière édition de l’Institution ou les commentaires qui ont suivi, d’oublier les diverses influences et les périodes de formation nécessaires pour qu’un jeune étudiant en théologie devienne un homme d’Église mature et un théologien.
En tant que jeune pasteur, un sujet m’a toujours intéressé : l’influence des mentors et des amis. Ainsi, je voudrai mettre ici en lumière 3 leçons tirées de la vie de Calvin, au sujet des mentors, et à l’attention des pasteurs, jeunes ou vieux.

1. Choisissez votre mentor avec sagesse

Premièrement, choisissez votre mentor avec sagesse, en observant ses qualités et ses points faibles. Très tôt, Calvin a eu pour mentor Guillaume Farel. Farel était très actif en faveur d’une réforme avec des bases théologiques solides, et avec l’Évangile au centre, mais il était parfois trop agressif et parfois même bagarreur.
En fait, Farel a d’abord guidé le jeune Calvin vers le courant de la réforme de Genève mais l’a ensuite menacé du jugement divin sur sa vie et ses études s’il refusait de rester et de le soutenir.
Farel a aidé Calvin à forger son opinion et sa position théologique. Calvin, sous son influence, devenait têtu, inflexible, voire même avait une certaine tendance à rechercher la confrontation, comme le prouve le conflit avec les autorités de Genève qui s’est soldé par son expulsion du pays.
De même, les anciens de la Réforme songeaient à donner des responsabilités à Calvin mais à la seule condition qu‘il s’engage à ne plus travailler avec Farel.
Par conséquent, les jeunes qui entrent dans le ministère pastoral doivent veiller à l’influence théologique des anciens.
Quand je commençais l’université, j’aimais écouter des prédications très choquantes et agressives. En grandissant, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin d’aide pour être choquant, arrogant et impétueux, j’avais déjà ces caractéristiques en moi. J’avais besoin d’aide et de conseils pour être plus mature, plus calme et plus sage.
Les personnes timides auront peut-être besoin d’un mentor qui les pousse à être plus audacieuses pour l’Évangile. Dans tous les cas, nous devons faire preuve de sagesse et de discernement pour choisir nos modèles. Trouvez quelqu’un qui encourage vos qualités et tempère vos défauts.

2. Écoutez les corrections et les conseils des anciens

Soyez lents à parler, et prompts à écouter les anciens, les sages aux cheveux blancs, vétérans dans le ministère pastoral.
Calvin a appris cela à travers l’échec. Au cours de son premier ministère à Genève, Calvin a délivré une prédication colérique et effrontée à Martin Bucer, réformateur de Strasbourg qui deviendra son mentor. Il a condamné Bucer pour son ingérence dans le conflit à Berne ainsi que pour son rapprochement au courant de Luther.
Calvin dira plus tard que la réaction de Bucer était sage et douce mais néanmoins ferme – ce qui est souhaitable pour un ancien dans la foi et le ministère.
Calvin était frappé par sa propre impatience, son arrogance et sa folie, comparé à la réponse sage et douce de Bucer. Être ainsi témoin du cœur pastoral de Bucer a enseigné l’humilité à Calvin.
Les jeunes pasteurs pèchent souvent à cause de leur enthousiasme, leur assurance et leur fierté en ignorant ou en mettant en doute les exemples et les corrections de leurs anciens. Je sais que j’ai fait cette erreur, et c’est une cause de désastre spirituel.
Ceux qui œuvrent dans le ministère pastoral et le leadership d’Église, qui ont la responsabilité de soulager les âmes, devraient être, plus que quiconque, capables de recevoir avec humilité les instructions de ceux qui ont travaillé dans le ministère avant eux. Seul un pasteur qui accepte d’être repris pourra reprendre les autres avec l’humilité et la grâce requise.

3. Veillez sur les jeunes

La réaction de Bucer était un avant-gout du rôle crucial qu’il allait jouer dans le développement du ministère de Calvin.  Il avait discerné le don de Calvin, malgré son fort caractère et ses erreurs de jeunesse, Bucer a pris Calvin sous son aile à Strasbourg afin de lui enseigner comment effectuer un travail pastoral qui soit une bénédiction pour l’Église.
Bucer lui donna du travail en ville, lui donna un lieu pour étudier, lui trouva un logement près du sien afin de facilité leurs échanges sur les questions théologiques, sur les sujets liés à l’Église et il est devenu, de bien des façons, son père spirituel. Il a même cherché une épouse pour son jeune protégé. Il est difficile d’estimer combien l’influence de Bucer fut bénéfique, que ce soit à travers ses conseils, son rôle de mentor, ou les nombreuses opportunités qu’il lui a offertes pendant ses 3 années à Strasbourg.
Même si vous n’avez pas la possibilité d’offrir tout ce que Bucer à offert à Calvin, soyez assurés que vous êtres capable de donner de l’attention et des conseils à la prochaine génération de pasteurs.
Une des vocations les plus importantes, et pourtant négligées du ministère pastoral, est de former d’autres pasteurs. Je sais que c’est facile de se laisser aller dans les soucis quotidiens de  l’assemblée, la préparation des prédications, les réunions du conseil… etc. Mais si vous souhaitez construire une Église saine, pour le présent et le futur, vous devriez trouver du temps pour faire de la formation votre priorité.
J’ai la grâce de bénéficier des conseils de mon pasteur direct, et des pasteurs mûrs qui ont pris le temps de me former. Je ne sais pas comment ce processus peut s’implanter dans votre Église. Cela peut se concrétiser par un pasteur ancien qui vient rencontrer les jeunes pasteurs. Ou un pasteur à la retraite qui, régulièrement, boit un café avec les jeunes pasteurs. Peut-être faut-il repenser les périodes de stages afin de les rendre plus pédagogiques.
Oui, ce type d’encadrement peut être difficile et cela prend du temps. C’est un sacrifice. Mais ces jeunes pasteurs ont vraiment besoin de vos conseils et de la sagesse que vous avez acquise à travers des années de prières, de souffrance et de foi. De plus, la santé de leurs futures Églises est en jeu.
Pour faire court, Calvin n’est pas tombé “tout cuit” dans l’Église. Comme lui, les jeunes pasteurs sont le résultat d’une culture d’Église qui valorise la sagesse des anciens, à travers la soumission et l’humilité des jeunes et la patience et la supervision fidèle des anciens.
Traduction : Ellen Zevounou
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