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Discours prononcé à Paris en 1849 par Adolphe MONOD pasteur de l’Eglise réformée à Paris

Introduction de Charles Nicolas

Il existe une croyance diffuse qui voudrait que les hommes n’aient commencé à réfléchir qu’aujourd’hui : qu’ils aient attendu que les routes soient goudronnées, que l’on ait cessé de se déplacer à cheval ou à pied, que la radio ait été inventée, et surtout la télévision ; et les ordinateurs bien sûr. Pauvre humanité qui ne réfléchissait pas quand il n’y avait pas de téléphone portable et de communications électroniques…

Si ce n’est le style, qui est très beau, on croirait ces quelques pages qui suivent écrites de nos jours. Mais non. Elles ont été écrites en 1849. Un siècle avant la fin de la dernière guerre mondiale. Moins d’un siècle après la libération des prisonnières de la Tour de Constance…

Le constat de la grande actualité de ces propos est à la fois désolant et encourageant. Il est désolant car si les progrès de l’humanité ont été prodigieux en matière de communication, de chirurgie, etc., ils semblent se réduire à bien peu de choses pour ce qui est de la manière de réfléchir, d’approcher les grandes questions de l’existence. Les tâtonnements, les séductions, les dérives sont toujours là, inchangés. Mais la lecture de ces pages est également encourageante car elle révèle que nous ne sommes pas les premiers à observer, à comparer, à évaluer, à éprouver ce qui tient et ce qui ne tient pas. D’autres avant nous ont « fait la trace », comme les guides de haute montagne, et si leur travail n’est pas en tous points irréprochable et définitif, il est néanmoins extrêmement profitable et encourageant pour nous.

La surprise, à la lecture de la conférence dont nous proposons ci-dessous quelques extraits, c’est de voir le positionnement « évangélique » présenté et défendu avec force par un des plus grands noms du Protestantisme historique, le pasteur Adolphe Monod (1802-1856) : le pasteur de l’Oratoire du Louvre à Paris, celui dont les sermons publiés connurent un si grand succès, le professeur de la faculté de théologie de Montauban, l’auteur des célèbres Adieux, celui-là même qui écrivit cet autre manifeste : Pourquoi je reste dans l’Eglise établie. Tout sauf un esprit sectaire.

Ecrites par un autre, certains pourraient juger ces pages excessives, rétrogrades. Mais elles sont de la plume d’Adolphe Monod et cela leur donne un poids que nul ne peut regarder comme négligeable. Ainsi, nous redécouvrons à cette lecture ce que fut la foi de l’Eglise réformée en France, et nous cessons de rougir de ce mot ‘réformé’ qui, malheureusement, est devenu synonyme, pour beaucoup, d’atténuation manifeste de la foi, parfois jusqu’à la rendre méconnaissable.

A l’heure où certains Evangéliques doutent de devoir assumer ce que ce mot implique, on redécouvre avec ces pages que, derrière l’idée de tolérance hissée au sommet de l’échelle des valeurs, peut se cacher une forme d’incrédulité bien proche de la démission. On redécouvre que l’amour lui-même commande de dire non dans certains cas, non par confort ou esprit contestataire, mais quand Dieu le demande, y compris s’il y a un prix à payer. On apprend que la loyauté n’impose pas de se taire ou d’acquiescer à tout, et que résister peut être utile, y compris pour ceux à qui on est appelé à résister. On découvre – ou plutôt on voit confirmée l’idée selon laquelle il y a une limite au-delà de laquelle on ne se situe même plus dans le champ de la foi chrétienne : seules quelques expressions subsistent, plus ou moins vidées de leur sens. On voit alors qu’il est utile et même nécessaire de définir de telles limites sans pour autant avoir une pensée et un coeur étroits.

 

(Texte légèrement abrégé par Ch. Nicolas)


L’exclusivisme ou l’unité de la foi

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