Dans Actes 26, Paul s’adresse au roi Agrippa et à Festus, le gouverneur romain. Il parle de la mort et de la résurrection de Christ. Au cours de la discussion, Festus dit tout haut :
« Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner » (Actes 26.24). La réponse de Paul est respectueuse mais étonnamment assurée :
« Je ne suis pas fou, très excellent Festus, répliqua Paul. Ce sont au contraire des paroles de vérité et de bon sens que je prononce. Le roi est au courant de ces faits et je lui en parle librement car je suis persuadé qu’il n’en ignore rien. En effet, ce n’est pas en cachette que cela s’est passé. » Actes 26.25-26
Paul dit que sa foi en la résurrection est pleine de « bon sens », un terme qui fait référence à une idée réfléchie et rationnelle. Il ne se limite pas à de simples assertions, il développe des arguments. Paul peut aussi, avec assurance, dire à Agrippa qu’il connaît les faits relatifs à la mort de Jésus, au tombeau vide et aux récits des témoins oculaires de la résurrection, parce que rien n’a été fait « en cachette ». Tout cela était de notoriété publique et donc, la preuve de ce qu’il avançait était conséquente.
Paul dit que sa foi en la résurrection est pleine de « bon sens », un terme qui fait référence à une idée réfléchie et rationnelle. Il ne se limite pas à de simples assertions, il développe des arguments.
Paul renouvelle dans 1 Corinthiens 15, à l’attention de tous les lecteurs présents et à venir, ce qu’il a fait avec Agrippa et Festus. Pour résumer, il fournit deux arguments principaux en faveur de la résurrection. D’abord, le tombeau était vide. L’exposé de l’Évangile ne se contente pas de dire que Jésus est mort, il précise qu’« il a été enseveli ». Ce serait redondant si cela n’avait pour but de souligner qu’il ne s’agissait pas d’un événement « spirituel », que le corps avait disparu et que le tombeau était vide. Le tombeau vide est un fait accepté par la plupart des érudits, y compris ceux qui n’acceptent pas la résurrection. Pour les Juifs, il était extrêmement important d’enterrer les morts et de ne pas laisser les corps se décomposer à l’air libre. Et le texte de 1 Corinthiens – tout comme ce résumé de l’Évangile –prouve que les tout premiers chrétiens croyaient et proclamaient la résurrection de Jésus d’entre les morts. Ainsi, « il est difficile de penser que la croyance en un Jésus ressuscité ait pu se développer s’il avait été possible de localiser le tombeau dans lequel il se serait encore trouvé. »
Le deuxième argument majeur réside dans le grand nombre de personnes qui ont témoigné, dans différentes circonstances, avoir vu Jésus ressuscité. Nous ne parlons pas d’une seule apparition ou de plusieurs dans un site éloigné, où elles auraient pu être mises en scène. Peter Williams en établit la liste :
On trouve des mentions de[s] apparitions [de Jésus ressuscité] en Judée (Matthieu 28.9 ; Luc 24.31, 36), en Galilée (Matthieu 28.16-20 ; Jean 21.1-23), en ville (Luc 24.36) et à la campagne (Luc 24.15), à l’intérieur (Luc 24.36) et à l’extérieur (Matthieu 28.9, 16 ; Luc 24.15 ; Jean 21.1-23), le matin (Jean 21.1-23) et le soir (Luc 24.29, 36 ; Jean 20.19), à un moment convenu (Matthieu 28.16) et à l’improviste (Matthieu 28.9 ; Luc 24.15, 34, 36 ; Jean 21.1-23), de près (Matthieu 28.9, 18 ; Luc 24.15, 36 ; Jean 21.9-23) et de loin (Jean 21.4-8), sur une colline (Matthieu 28.16) et près d’un lac (Jean 21.4), à des groupes d’hommes (Jean 21.2 ; 1 Corinthiens 15.5, 7) et à des groupes de femmes (Matthieu 28.9), à des individus (Luc 24.34 ; 1 Corinthiens 15.5, 7-8) et à des groupes comptant jusqu’à cinq cents personnes (1 Corinthiens 15.6), assis (Jean 21.15, implicite), debout (Jean 21.4), marchant (Luc 24.15 ; Jean 21.20-22), à table (Luc 24.43 ; Jean 21.15), et toujours en train de parler (Matthieu 28.9-10, 18-20 ; Luc 24.17-30, 36-49 ; Jean 20.15-17, 19-29 ; 21.6-22). Un grand nombre de ces apparitions sont des conversations en tête-à-tête. Il est difficile d’imaginer ce schéma d’apparitions dans les Évangiles et les premières épîtres sans de nombreux individus ayant affirmé avoir vu Jésus ressuscité d’entre les morts.
Beaucoup ont cherché à rejeter ces récits de témoins oculaires. La théorie la plus simple est que cela a tout bonnement été inventé par les auteurs du Nouveau Testament. Mais là, dans ce document public précoce et solidement étayé, Paul dit que la plupart de ces témoins étaient encore en vie et qu’il était facile de les rencontrer. Une telle affirmation aurait été impossible si aucun témoin n’avait existé. De plus, comme il est souvent précisé, les Évangiles disent que les tout premiers témoins de la résurrection étaient des femmes. Sachant que les femmes, dans cette société patriarcale, n’étaient pas autorisées à témoigner dans un tribunal, les auteurs de l’Évangile n’avaient aucune raison plausible d’avoir inventé ces faits. La seule raison valable, d’un point de vue historique, expliquant la mention des femmes ayant vu le Christ ressuscité est qu’elles l’ont réellement vu. Comme nous l’avons déjà noté, certains expliquent les apparitions du Christ ressuscité comme étant le résultat de fantasmes psychologiques, d’hallucinations ou de visions extatiques de la part des témoins.
La seule raison valable, d’un point de vue historique, expliquant la mention des femmes ayant vu le Christ ressuscité est qu’elles l’ont réellement vu.
Mais la multiplicité des moments et des circonstances ayant présidé à ces rencontres rend cette explication hautement improbable. Par exemple, comment cinq cents personnes auraient-elles pu avoir la même hallucination en même temps ? Et, comme le souligne Wright, la conception juive du monde rend inconcevable le fait qu’un individu puisse ressusciter en plein milieu de l’Histoire. Il ne serait pas venu à l’esprit des disciples de Jésus d’inventer un tel scénario, ou de penser que, dans ce cas, ils pourraient obtenir des autres Juifs qu’ils y croient. Il aurait fallu une preuve extraordinaire, irréfutable et très solide, pour que les Juifs du 1er siècle surmontent tout ce qu’on leur avait enseigné et croient que Jésus était le Fils de Dieu ressuscité. Selon 1 Corinthiens 15, c’est exactement ce qu’ils ont obtenu. Il nous reste donc deux faits difficiles à réfuter : d’une part que le tombeau était vide, et d’autre part, que des centaines de personnes ont déclaré avoir vu le Christ ressuscité. Si nous n’avions qu’un tombeau vide, nous pourrions tout à fait prétendre que le corps a été volé. Si nous n’avions que les témoignages, nous pourrions dire qu’il devait s’agir de fantasmes. Cependant, les deux faits réunis apportent la preuve que quelque chose d’extraordinaire est survenu. N.T. Wright dit que, si vous écartez la résurrection, vous vous heurtez à un défi d’envergure : proposer une alternative historiquement viable à ces deux faits et expliquer la naissance de l’Église. Il écrit : Les premiers chrétiens n’ont pas inventé le tombeau vide et les rencontres ou les apparitions de Jésus ressuscité. […] Personne ne s’attendait à ce genre de chose ; aucune expérience de conversion n’aurait pu l’inventer, quelle que soit la culpabilité (ou le degré de pardon) ressentie, quel que soit le nombre d’heures passées à étudier les Écritures. Suggérer le contraire, c’est cesser de faire de l’histoire et entrer dans un monde imaginaire qui nous est propre.
Cet article est un extrait de « Une espérance, en ces temps troublés » de Tim Keller. Paru aux éditions Clé