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Une illustration humoristique refait régulièrement surface dans les réseaux sociaux, censée dédramatiser une situation pourtant peu glorieuse de la vie de maman. On y voit à gauche une sympathique chouette au regard bienveillant, presque naïf, avec pour légende « quand maman me gronde en public ». À droite, c’est le visage hirsute et le regard noir d’une espèce de dragon prêt à cracher du feu qui porte la légende « quand maman me gronde à la maison ».

Si la compilation des images est drôle, la réalité qu’elle décrit l’est beaucoup moins. Elle nous dit que nous ne sommes pas constantes, que nous craignons le regard et le jugement d’autrui, que nous ne faisons pas bien notre travail, en somme. Nous faisons tout notre possible pour toujours être une « chouette », et portons avec tristesse la culpabilité de nos moments « dragons ».

Le vrai défi n’est pas celui que l’on croit

La maternité est une grande aventure qui met rapidement en lumière nos limites et nos questionnements. Se rajoutent à cela les opinions, les suggestions, voire les critiques de l’entourage.

Nous sommes assaillies de livres, d’articles, de blogs à propos de la parentalité, et nos discussions tournent souvent autour des enfants : les nôtres, ceux des autres, comment les élever, combien il vaut mieux en avoir, pourquoi, à quel âge doivent-ils commencer le piano, pour ou contre le judo…

Et pour chaque aspect de la parentalité, le piège qui se dresse devant nous est d’atteindre nos objectifs pour les mauvaises raisons. De relever ces défis comme si notre identité en dépendait. Et enfin de perdre de vue que pour élever nos enfants, nous avons un grand Dieu.

Sommes-nous vraiment conscientes à quel point la parentalité est une chose spirituelle ? Si l’objectif que je me fixe est de ne jamais m’énerver, ou d’appliquer les 7 principes d’une éducation merveilleusement épanouissante, je vais échouer. Je vais échouer et je vais me sentir encore plus loin de la maman chouette que je voudrais tant être.

Si en revanche je me fixe pour objectif de montrer à mes enfants que j’ai besoin de la grâce de Dieu, tout le temps, dans chaque domaine de ma vie, alors l’appel de Dieu à être auprès de mes enfants aura vraiment du sens. C’est ce qui m’aidera à accomplir ces tâches répétitives et invisibles, avec joie. C’est ce qui me gardera d’enfler d’orgueil lorsque mes trois enfants ne font pas un bruit pendant une heure dans la salle d’attente du médecin. Et lorsque je constate à quel point je ne suis pas à la hauteur pour mes enfants, je veux me rappeler de la grâce de Dieu, de la puissance de l’Évangile, car mes limites illustrent en tout point que j’en ai besoin.

Tout parent sait à quel point l’on peut facilement culpabiliser et s’embourber dans des problèmes qui prennent une place parfois démesurée. Un enfant qui a des difficultés pour s’intégrer à l’école, ou dont l’énergie débordante nous épuise, un petit qui n’écoute pas alors que son acolyte à la crèche est sage comme une image, et nous voilà propulsées dans un tourbillon de remise en question. Suis-je à la hauteur ? Que devrais-je changer ? Pourquoi me suis-je encore emportée ? Si bon nombre de questions sont fondamentalement bonnes, le fait de se limiter à y chercher des réponses rapides et efficaces nous éloigne de l’essentiel : prier, se souvenir de la puissance de Dieu, de sa patience avec nous. Le plus difficile peut-être est de reconnaître qu’à la base de ces remises en question et de cette recherche de perfection pour nos enfants se trouve notre propre orgueil et la réalité que dans notre foyer, nous sommes tous pécheurs. Ne nous lamentons par sur nos erreurs et nos péchés comme s’ils étaient un objectif non atteint, mais repentons-nous, croyons en la toute suffisance de Dieu et proclamons- la à nos enfants !

C’est bien la Parole de Dieu qui me rappellera que mon foyer est mon plus important ministère et qui m’aidera à croire que c’est de Dieu que toute force et sagesse me viendra : Hébreux 4.16.

Proclamer la beauté de ce à quoi Dieu nous a appelées

J’ai mis du temps à m’en rendre compte. Après 13 ans de mariage, 4 grossesses, presque 10 ans de ministère, des heures de discussions à ce sujet, je me suis rendue à l’évidence : je ne proclamais l’importance et la beauté de la parentalité selon la Bible qu’à des personnes chrétiennes. Et avec celles qui ne connaissent pas la grâce de Dieu pour leur vie, je partage les anecdotes croustillantes, parfois drôles (parfois moins) d’une vie de maman. Pourquoi taire dans ces moments-là que si je ne me décourage pas, c’est parce que je suis convaincue que je suis là où Dieu me veut ? Et lorsque je suis dépassée et tentée de rendre mon tablier, que seule la Parole de Dieu est efficace pour me rappeler que ce que je fais n’est pas vain ? Une large partie du travail des parents est accomplie dans l’ombre. Elle est répétitive, fatigante, ne donne pas toujours les résultats espérés. Parfois ni notre propre conjoint, ni nos enfants ne remarquent ce qui a été fait pour eux. Certains jours, les seules choses visibles et audibles ont été les disputes pour s’asseoir dans la voiture, les verres d’eau renversés à table et la crise de la petite dernière qui hurle sur le parking parce que son chapeau est vert. Difficile dans ces momentslà de rester calme et de remercier le Seigneur pour cette occasion d’enseigner nos enfants selon la Parole.

Mais si je demande à Dieu de me rappeler sans cesse la beauté de ce à quoi il m’a appelée, la nécessité de ces choses banales, la finalité de mon rôle de maman, qui est de lui rendre gloire en servant et en aimant mes enfants, tout est bouleversé, et je peux à nouveau m’émerveiller. Je fais partie du plan de Dieu pour ces enfants qu’il nous confie, et sa grâce me suffit aussi pour cet appel. Je n’ai pas en moi ce qu’il faut pour changer mes enfants en parfaits modèles d’une éducation réussie. Je n’ai pas la patience de toujours être une « chouette ». Un jour, lors d’un moment « dragon », un de mes enfants est venu vers moi en me tendant ma Bible. Et c’est exactement ce qu’il fallait. Si la Parole de Dieu me parle, alors que je suis insatisfaite, un passage comme Philippiens 4.4-5 me reviendra en tête et je cesserai de me plaindre. Ma joie, donnée par Dieu, sera réelle et visible pour ma famille. Et elle ne dépendra pas du nombre de verres d’eau renversés ce jour-là…

Si l’on me dit que je suis inconsciente, ou au contraire courageuse, d’élever nos enfants dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, je préfère dire que je suis dépendante : dépendante de mon Sauveur. Rappelons-nous que « chouette » et « dragon » que nous sommes, la grâce de Dieu nous suffit, chaque jour avec nos enfants.


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