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Êtes-vous des chrétiens de seconde catégorie si vous n’accomplissez aucun miracle ? Vous manque-t-il la puissance de l’Esprit ? John Wimber, l’un des pionniers du mouvement Vineyard, a affirmé que les miracles sont « les cartes de visite du royaume de Dieu ». Autrement dit, les prodiges réalisés par Jésus-Christ sont normatifs : nous devons nous attendre, dans nos vies, dans nos églises et dans le monde, à de telles démonstrations de puissance aussi bien qu’à des conversions, puisqu’elles prouvent la présence et l’avancement du royaume de Dieu. Ce courant dit de la « Troisième vague » a largement influencé de nombreux croyants et églises, jusqu’à aujourd’hui.

Que faut-il en penser ? Les signes et prodiges sont-ils une marque de fabrique du chrétien authentique ? Le théologien Donald Carson répond de manière claire et bibliquement solide dans un article intitulé « Le but des signes et des prodiges dans le Nouveau Testament », publié dans l’ouvrage collectif « Power Religion » (Moody Press). On peut résumer son propos par sept affirmations que nous ferions bien de méditer en ces temps où le monde chrétien semble avoir perdu ses repères en la matière. Nous constatons alors que les signes et prodiges sont :

1. Des actes qui s’inscrivent dans le plan rédempteur de Dieu

Dans la Bible, les signes et prodiges sont des actes réalisés par Dieu dans son plan de rédemption. Les dix plaies d’Égypte sont ainsi des signes qui font éclater la gloire Dieu et qu’Il manifeste en faveur de son peuple, pour lui accorder la délivrance. D’autres signes vont se produire au long de l’histoire d’Israël ; ils ont pour but de renforcer la foi des Israélites en leur rappelant les actes de délivrance opérés par Dieu. De la même façon, les miracles opérés par Jésus-Christ, et appelés « signes » dans l’évangile de Jean en particulier, signifient que Jésus-Christ est bel et bien celui qui est venu apporter le salut, la rédemption.

On notera au passage que ces « signes » ne sont pas toujours miraculeux. ÉSAÏE, par exemple, annonce que Dieu donnera un signe : « Voici que la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel » (ÉSAÏE 7,14). Ce signe est d’ailleurs à son tour annonciateur de la rédemption.

2. Des actes qui authentifient le message de Jésus

Jean, dans son évangile, mentionne plusieurs « signes » accomplis par le Christ, qui démontrent que Jésus est bel et bien le Fils de Dieu en qui il faut croire (Jean 20,31), qu’Il est l’envoyé du Père (Jean 5,36). En outre, quand Jean-Baptiste demande à Jésus s’Il est vraiment « celui qui doit venir », Jésus répond simplement en énumérant la liste des guérisons et miracles qu’Il opère (Matthieu 11,4-6). Une manière de dire : « Je suis bel et bien le Messie annoncé par les prophètes, en particulier par ÉSAÏE 35 et 61 ». Ne pas croire en Jésus-Christ, qui manifeste une telle puissance, c’est donc être aveugle (Jean 12,37-38).

En même temps, les évangiles montrent que les miracles sont un signe d’autre chose, pas un but en soi : pas question de réduire Jésus à un faiseur de miracles. Notre foi doit être basée sur sa mort et sa résurrection, pas sur les miracles (Jean 4,48). On ne voit donc jamais Jésus organiser des « rencontres de guérison » ou offrir seulement une invitation à la guérison : la guérison du corps est l’illustration de la guérison du cœur que Jésus veut offrir à ceux qui croient en sa mort et sa résurrection, elle démontre que Christ vient obtenir une rédemption complète de l’individu.

3. Des dons qui ne sont pas donnés à tous

Après la résurrection, l’expression « signes et prodiges » est presque exclusivement liée aux apôtres (Actes 2,43). Seuls Étienne et Philippe accomplissent aussi de tels prodiges, eux qui sont très proches des apôtres. Et Paul considère ses propres miracles comme une marque de son apostolat (Romains 15,19 ; 2 Corinthiens 12,11-12). Il faut donc tenir compte de la théologie biblique et comprendre que ces miracles ont lieu à une période particulière de l’Histoire du salut. Il n’y a donc pas de dimension normative à ces miracles, comme s’ils étaient à revivre tout au long de l’histoire de l’Église.

4. Pas la manière habituelle dont Dieu agit

Donald Carson, dans son article, reconnaît que le mouvement Vineyard, en mettant l’accent sur le surnaturel, a le mérite d’interpeller notre culture très rationaliste. Mais en réalité, cette insistance sur le miraculeux peut avoir l’effet inverse : à force de croire que Dieu doit faire des choses extraordinaires pour se manifester, on ne le voit plus à l’œuvre dans les choses ordinaires, dans sa providence… et cela renforce in fine le sécularisme, une vision du monde dont Dieu est absent. Croire que les miracles sont la norme donne ainsi une fausse image de Dieu et de son action dans le monde.

5. Des éléments non-fondamentaux de la foi chrétienne

Croire que les miracles sont la norme donne aussi une fausse image de la vie chrétienne. Pour Donald Carson, le danger de la théologie de Vineyard, c’est de diviser les chrétiens en deux catégories : ceux qui ont expérimenté la puissance, la victoire et les miracles… et les autres. Or être chrétien, ce n’est pas aller de victoire en victoire, de triomphe en triomphe. Quid de la foi dans l’épreuve, de la souffrance, de l’humilité, de la croix ? Une théologie axée sur les miracles oublie que la vie chrétienne normale, celle qui conduit à la véritable maturité, est une vie de foi persévérante au sein de circonstances pas toujours faciles dans un monde touché par le péché. La véritable victoire est celle de l’obéissance qui triomphe du péché, du pardon et de l’amour qui triomphent de la colère et de la haine de la sainteté qui triomphe de l’attachement au monde. Voilà des « cartes de visite » encore plus parlantes du royaume de Dieu !

6. Une œuvre de l’Esprit parmi d’autres

Le Nouveau Testament parle énormément du Saint-Esprit, et il faut donc étudier ce qui est dit dans son ensemble à ce propos, sans se focaliser seulement sur l’un ou l’autre aspect du ministère de l’Esprit. Or, si l’on étudie le message du Nouveau Testament au sujet de l’Esprit, on voit que l’insistance est non pas sur les miracles, mais sur son rôle dans la sanctification et la transformation du caractère, dans la révélation de la personne de Jésus-Christ, dans la transmission au croyant des bénédictions obtenues par Christ ou encore dans l’illumination pour comprendre les Écritures.

7. Des actes qui ne viennent pas forcément de Dieu

Dans la Bible, on constate que les magiciens égyptiens accomplissent des signes, que le diable est capable de miracles (2 Thessaloniciens 2,9-10) et que la seconde bête séduit les habitants de la terre par des signes (Apocalypse 13,13). Il est donc dangereux de mettre un accent trop grand sur les miracles, puisque tous les miracles ne sont pas de Dieu. John Wimber lui-même a remarqué que des guérisons et des exorcismes existent dans des religions non-chrétiennes, la seule différence étant que certains sont exercés au nom de Jésus et d’autres non. Pour Donald Carson, il importe donc d’être prudent avec les miracles, en particulier lorsqu’ils ne sont pas accompagnés de la prédication de l’Évangile.

Même des gens qui se réclament de Dieu sont capables de prodiges que Dieu n’agrée pas ; Jésus dira à certains : « Retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matthieu 7,21-23). En l’occurrence, Jésus ne remet pas en doute que ces miracles ont eu lieu, ni que leurs auteurs les ont faits en se réclamant de Jésus, mais Il les repousse parce qu’ils ne produisent pas de bons fruits et parce que leurs miracles ne sont pas la marque d’une vraie obéissance.

Face à un miracle, Donald Carson invite donc à se poser plusieurs questions-test : ce miracle glorifie-t-il Dieu ou l’homme ? Son auteur porte-t-il le fruit de l’Esprit ? Est-il en train d’édifier les autres chrétiens et d’affermir l’unité de l’Église, ou cherche-t-il à se mettre en avant ? Conduit-il les gens au Jésus de l’Évangile, crucifié et exalté, ou prêche-t-il un autre Jésus ? Son but est-il que des individus soient transformés par le message de la croix ou par les miracles ?

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