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L’artiste qui entra dans sa toile pour la sauver

Plus par Joshua Ryan Butler

J’ai un jour imaginé un artiste peignant un chef-d’œuvre. Avec de majestueux coups de pinceau et de fiers tracés, il jetait des touches de riches et belles couleurs, se déversant lui-même dans sa passion de peindre sur une toile de la taille de tout un mur, entourée par un cadre d’or finement ornementé. Quand le chef-d’œuvre fut complet, il se tint en recul et contempla avec joie la merveille que ses mains avaient produite.

Comme pour dire : « C’est bon. »

Quelque chose d’étrange, toutefois, advint alors : une petite tache sombre apparut au centre de la peinture. Je pensai, Qu’est-ce que cela ? L’artiste observait la pourriture semblable à de la moisissure qui commençait à s’étendre, comme une fissure dans un pare-brise qui débute en un point mais étend graduellement ses fentes et fractures dans tout l’ensemble. L’intrus envahissant commença à étendre ses bras fins et nombreux, répandant sa corruption dans toute la toile. Le chef-d’œuvre était menacé de destruction.

Qu’allait faire l’artiste ? Me demandais-je.

Ce qui arriva ensuite fut la chose la plus étrange et la plus bizarre que j’aurais jamais pu imaginer : l’artiste leva sa jambe, l’étendit en avant et . . . entra dans la toile peinte. Ce fut d’abord sa jambe qui y entra, puis son torse et, finalement, sa tête. Alors avec un whoosh ! Son intégration dans la toile fut complète : l’artiste se tint dans l’œuvre que ses mains avaient produite, au centre du chef-d’œuvre.

C’est étrange, pensai-je.

Mais encore plus étrange fut ce qui arriva ensuite : la pourriture moisie commença à attaquer l’artiste ! Le grand peintre s’était placé de telle manière que le point central de l’invasion se trouvait juste sur son cœur. Alors que les tentacules se retiraient des angles de la toile, elles plongeaient dans l’artiste lui-même, coup après coup. Le créateur recevait la corruption en plein centre de son chef-d’œuvre.

Jusqu’à ce que, finalement, avec un whoomph ! Ce fut terminé.

Le chef-d’œuvre était restauré. L’artiste avait englouti le pouvoir de destruction jusqu’à ce qu’il fût éteint.

À ma surprise, toutefois, le grand peintre ne ressortit pas de sa toile. Ayant uni sa vie avec celle-ci, il resta en permanence au centre de son chef-d’œuvre restauré.

D’une certaine façon, toutefois, restauré ne semble pas être le mot juste, parce que l’œuvre était maintenant même plus glorieuse avec sa présence au centre. Il apportait un rayonnement et une beauté tels que la peinture semblait briller de sa vie. On avait le sentiment que c’était ce qu’elle aurait toujours dû être : l’artiste au centre de son tableau.

C’était cela le vrai chef-d’œuvre.

Une description de Noël

Jésus est le Grand Artiste, celui « par qui toutes choses ont été faites » (Jean 1:3), l’« image du Dieu invisible . . . en qui toutes choses ont été créées » (Col. 1:15–16), l’« héritier de toutes choses . . . par qui Dieu a fait l’univers » (Héb. 1:2). Jésus s’est déversé lui-même dans la création comme un grand peintre se déverse lui-même dans son chef-d’œuvre, avec passion, créativité et imagination. Les cieux et la terre manifestent la gloire de Christ, le Maître Artisan.

Quand le péché entre, toutefois, il dégrade et détruit. Ses sombres tentacules s’étendent et s’étalent dans tout le monde que Dieu a fait bon, déployant la dissolution et la pourriture. Le chef-d’œuvre du Grand Peintre est menacé de destruction. Plutôt que de rejeter ce monde et d’en recommencer un autre, la solution de Jésus a été d’entrer dans son tableau. Lors de sa naissance, l’Artiste est entré dans son chef-d’œuvre. Par son incarnation le Créateur entre dans sa création, mêlant sa vie éternelle avec la toile de ce monde, devenant une partie de l’œuvre que ses mains ont façonnée.

Jésus est Dieu dans la peinture.

Lors de sa naissance, l’Artiste est entré dans son chef-d’œuvre dégradé.

Durant sa marche et son ministère terrestres Jésus vécut la vie que nous ne pourrions vivre – incarnant le royaume pour lequel nous avons été faits et apportant la restauration à sa création. Dans sa mort sur la croix, il mourut de la mort dont nous aurions dû mourir – absorbant le péché, la corruption et la destruction que nous avons déchaînés dans son chef-d’œuvre et les emportant avec lui dans la tombe. Et dans sa résurrection et son ascension, il est exalté au centre de la création comme son Seigneur, afin de restaurer le chef-d’œuvre qu’est son monde dans la puissance de son Esprit à la gloire de Dieu le Père.

Jésus au centre, dans un sens important, c’est la voie qui lui a toujours été destinée. « Avant la fondation du monde, » nous dit Pierre, Jésus était destiné à accomplir cela (2 Pi. 1:20). Jésus n’est pas seulement notre origine mais notre destination, à la fois le « il était une fois » et le « heureusement pour toujours » de notre monde. « Il n’y a qu’un seul Seigneur, Jésus-Christ, » nous rappelle Paul, « par lequel toutes choses sont venues et par lequel nous vivons » (1 Cor. 8:6). Comme le père de l’église ancienne Athanase l’observait, il est juste que « le renouvellement de la création ait été accompli par la Même Parole qui l’a produit au commencement . . . car l’Unique Père a [réalisé] le salut du monde par la même Parole qui l’a fait au commencement. »

Jésus est à la fois celui qui lance l’œuvre et celui qui la clôt, le point de départ et la fin, de A à Z – commencement et fin.

Jésus n’est pas seulement notre origine mais notre destination, à la fois le « il était une fois » et le « heureusement pour toujours » de notre monde.

Jésus désire être avec nous. Il ne se contente pas de réparer le tableau puis de laisser son corps derrière ; il ne sort pas de la peinture. Bien au contraire, il reste en permanence incarné dans la toile de la création par son corps ressuscité. Dieu fait son habitation avec nous en Christ. Et quand son royaume viendra en gloire, son œuvre restauratrice va imbiber ce monde au moyen de sa présence au centre de la nouvelle création.

Le Créateur nous crée pour la communion avec lui. Le Libérateur désire demeurer avec nous pour toujours. Celui qui Ressuscite vient vers nous pour avoir des relations avec nous. Nous sommes invités à participer à la vie restauratrice de Jésus, l’Artiste qui se tient au centre de la peinture.

La divinité et la saleté

Alors Dieu craint-il de se salir ? Certaines personnes craignent qu’il ne soit un personnage propre, qui se retire effrayé à la première vision de nos gâchis comme s’il craignait d’être contaminé. À la lumière de ce fait que le grand peintre est entré dans sa peinture nous posons la question : l’Artiste est-il effrayé de notre gâchis ? Le Créateur se retire-t-il en arrière pour fuir la corruption ? Dieu veut-il se salir ?

Cela dépend de ce que nous entendons par sale. Si nous pensons à la saleté physique, Dieu n’a pas de problème avec cela. Au commencement le Créateur est allé profond dans le sol avec ses mains divines pour planter un jardin, il a formé l’humanité avec la poussière de la terre, placé ses lèvres sur nous pour insuffler le souffle de vie dans nos poumons et alors il a marché dans le jardin avec nous, foulant la poussière de ses pieds nus.

Le Créateur est distinct de sa création, par sa sainte puissance et sa terrifiante majesté, pourtant il est intime avec l’œuvre de ses mains, comme un artiste qui se déverse passionnément dans son chef-d’œuvre. L’Artisan façonne la saleté et le ciel, l’os et l’écorce, les racines et les rivières – puis il se recule lorsque c’est complet pour voir l’ensemble et déclarer que c’est bon. Et quand nous mélangeons toutes les choses, Dieu nous recherche. Notre Père céleste vient vers nous. Jésus fait irruption dans le tableau – la Parole par laquelle le monde a été fait devient chair – prenant sur elle la saleté, le sang et l’os pour nous rechercher dans la boue et le gâchis que nous faisons.

La divinité devient poussiéreuse comme le Père, par le Fils, dans l’Esprit vient à la rencontre de notre monde. Dieu n’a pas peur de se salir.

Joyeux Noël.

Note de l’éditeur :

Ceci est un extrait adapté du livre de Joshua Ryan Butler The Pursuing God: A Reckless, Irrational, Obsessed Love That’s Dying to Bring Us Home (Le Dieu qui nous poursuit : un amour téméraire, irrationnel, obsessionnel qui meurt afin de nous ramener à la maison) (Thomas Nelson, 2016).

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