Bientôt, les frissons de l’automne feront place au froid de l’hiver. Des couches de blanc recouvriront les couleurs éclatantes de l’automne. Noël approche, et il s’agit d’une saison si chère, si magique, si sentimentale et, dans un sens, si familière, mais cela, jusqu’en 2020. Noël, nous connaissons, mais Noël pendant une pandémie mondiale ?
Dans quelle mesure les fantômes des Noëls passés vont-ils hanter celui-ci ? Quelles seront vos attentes pour cette période de l’année habituellement merveilleuse ?
Noël à distance
Chaque nouveau jour apporte des défis inattendus, et beaucoup d’entre nous trouvent une certaine stabilité et un certain réconfort dans les rythmes bien connus des changements de saisons. Lorsque la vie est à son plus haut degré d’imprévisibilité et d’incertitude, nous jouissons d’une certaine sécurité lorsque la neige fond au printemps, que le soleil brille le plus fort en été, que les feuilles changent et tombent, et que la neige tombe de nouveau.
Mais Noël 2020 ne sera pas ce que beaucoup d’entre nous ont appris à attendre de Noël. Pendant des décennies, nous avons été conditionnés à attendre certaines choses, souvent inexprimées, à chaque période de fêtes. Certaines attentes peuvent être extravagantes, mais beaucoup sont modestes. Et ô combien d’entre elles, jusqu’à présent, ont nécessité une proximité sociale ?
Au cœur de nos Noëls, toute notre vie, il y a eu une proximité relationnelle – amis et famille, face à face. Dieu lui-même s’est approché au premier Noël. Esaïe a prophétisé que nous l’appellerions « Emmanuel », ce qui signifie Dieu avec nous. Comment pourrions-nous célébrer Noël – la plus grande rupture de distanciation sociale de tous les temps, lorsque Dieu lui-même s’est trouvé face à nous – en gardant nos distances les uns par rapport aux autres ?
Incertain, inattendu
Pour ceux d’entre nous qui ont été épargnés par les traumatismes de la guerre et d’autres tragédies, Noël 2020 sera le Noël le plus inhabituel que nous ayons vécu. Ce ne sera pas ce dont nous avons l’habitude chaque année en décembre.
Cependant, c’est plus qu’un petit réconfort de se rappeler combien ce premier Noël était inattendu au départ, et combien au cœur de Noël, ce n’est pas Dieu qui s’adapte à nos attentes et à notre confort, mais c’est nous qui apprenons à nous éveiller à ses voies et à ses pensées qui sont plus élevées que les nôtres. Peut-être que ce Noël, et cet Avent – la période d’attente qui le précède – seront notre chance, attendue depuis longtemps, de considérer à nouveau combien le premier Noël était inattendu. Peut-être que cette année, la teneur de Noël 2020 sera plus en phase avec les rebondissements surprenants du premier Noël qu’avec nos propres idéaux pour Noël.
Rappelez-vous combien de temps le reste fidèle de Dieu avait attendu. Cela faisait un millénaire depuis le grand roi, David, et la promesse de Dieu d’élever un roi de la lignée de David qui établirait son trône pour toujours. Cela faisait sept siècles qu’Ésaïe avait prophétisé Emmanuel, d’une vierge enceinte, un fils donné dont la souveraineté reposerait sur son épaule, et qui serait appelé » merveilleux conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (Ésaïe 7.14 ; 9.6). Même après Malachie et la fermeture du canon hébreu, le peuple de Dieu avait encore attendu 400 ans. Personne ne s’attendait à une telle tolérance divine. Personne ne pensait qu’il y aurait autant de siècles d’attente après que ce Messie eût été promis.
De Nazareth à Bethléem
Puis, quand Dieu a pris l’initiative de mettre en route les premières pièces, personne n’aurait deviné Nazareth. Nazareth ?Peu de gens en dehors d’Israël avaient déjà entendu ce nom, et encore moins s’attendaient à ce que quelque chose de bon vienne d’un endroit aussi perdu. La Galilée était déjà assez étrange, si loin en aval de Jérusalem – mais Nazareth ?
Et, en plus, d’une femme non mariée. Malgré la prophétie d’Esaïe, les vierges n’ont pas d’enfants. Les anciens le savaient tout aussi bien que nous aujourd’hui. Et qu’en est-il de Dieu qui a littéralement déplacé tout le « monde connu » de l’époque, avec un décret de César Auguste, pour faire venir Marie et Joseph de Nazareth dans la ville de David au moment précis où elle allait accoucher, afin d’accomplir la prophétie de Michée (Michée 5.2) ?
Personne n’aurait pensé qu’à leur arrivée, il n’y aurait « pas de place » pour la mère et son saint enfant qui serait « couché dans une mangeoire » (Luc 2.7). C’est l’héritier de David ! Comment se peut-il qu’il n’y ait « pas de place » alors que nous pourrions nous attendre à un palais ? Et alors que nous nous attendrions à des parents riches, comment se fait-il qu’il naisse d’un couple suffisamment pauvre pour offrir la provision de deux tourterelles (Lév. 12.8), destinée à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter un agneau (Luc 2.24) ?
Un tel enfant, si longtemps attendu, ne serait-il pas plutôt entouré des plus grands dignitaires de la nation ? Au lieu de cela, l’ange rend visite à des bergers cols bleus et les dirige vers la mangeoire. Et, en temps voulu, et c’est là l’un des détails les plus bizarres de tous, des mages, des astrologues païens, font un long voyage pour rendre visite à l’enfant, pour lequel l’élite religieuse de Jérusalem refuse de faire le déplacement de cinq petits kilomètres jusqu’à Bethléem.
Percez votre propre âme
Jusqu’à quel point Dieu a-t-il bouleversé nos attentes lorsque la famille du Messie doit fuir Juda pour l’Égypte ? Le peuple de Dieu était sorti des entrailles de l’esclavage égyptien. Dieu avait appelé son fils hors d’Égypte, et maintenant il appelle son fils en Égypte pour échapper à un tyran monstrueux tout aussi démoniaque que les anciens pharaons qui ne connaissaient pas Joseph.
Finalement, un vieil homme nommé Siméon a prononcé ces paroles perçantes dans le temple. Une référence si éphémère, d’une part, si facile à ignorer, et d’autre part, si obsédante. Non seulement le Messie était venu, non seulement Dieu lui-même était né en tant qu’homme, mais, comme ils allaient le découvrir plus tard, il était venu pour embrasser l’événement le plus inattendu de tous : la mort, même la mort sur une croix.
Siméon avait regardé Marie dans les yeux et avait dit : » Cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de beaucoup en Israël et à devenir un signe qui provoquera la contradiction. […] Ainsi, les pensées de beaucoup de cœurs seront révélées. » – avec cette parenthèse bouleversante : » une épée te transpercera l’âme » (Luc 2.34-35). Ton âme aussi. « Je serai transpercée ? » aurait-elle demandé. « Attends, il [Jésus] sera transpercé ? »
Premier vrai Noël
Il peut être trop facile de devenir familier avec la force bouleversante de ce premier Noël, une force qui n’a pas répondu aux attentes humaines. Peut-être avons-nous été endormis par nos routines annuelles et par l’étrange mélange de l’histoire de l’Église et de la célébration que fait le monde en décembre. Mais maintenant, Noël 2020 sera différent. Vraiment ?
Ce Noël 2020 inattendu, et son prélude de l’Avent, nous donne plus de raisons d’espérer que d’être désillusionnés. Peut-être que la meilleure façon de retrouver la réalité de Noël est d’avoir un Noël qui ne correspond pas exactement à ce que nous attendons. Peut-être que cette année, Dieu veut libérer « votre Noël » d’années de bagages accumulés, de l’agitation de décembre à la nostalgie et aux attentes trop élevées, et qui partent dans toutes les mauvaises directions.
Peut-être que cette année, la teneur de notre Noël sera plus en accord avec les rebondissements surprenants du premier Noël plutôt que de s’adapter aux idéaux de nos propres Noëls passés. Nous pouvons prier pour cela. Et commencer à recalibrer nos cœurs et nos espoirs, dès maintenant, comme nous avons dû le faire avec tant de bonnes choses cette année. Ça ressemblerait exactement au vrai Noël que de briller encore plus dans l’obscurité de ces jours.
Traduction : Joshua SIMS