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Il y a quelques jours, nous avons célébrer Noël et nous sommes tout particulièrement souvenu de la naissance de Jésus. Nous avons parfois de la peine à saisir comment ce bébé né dans une étable peut être à la fois pleinement Dieu et pleinement homme. Quel mystère ! Quel miracle ! Dans cet article, nous méditerons plus particulièrement sur l’humanité de Jésus-Christ et sur ce qu’elle implique, en nous basant notamment sur l’excellent ouvrage de Mark Jones, « Connaître Christ » (Publications chrétiennes).

Jésus est Dieu fait homme

Le Prologue de l’évangile de Jean nous place d’emblée face à cette puissante et surprenante affirmation : la Parole éternelle… a été faite chair et a habité parmi nous (Jean 1,1-3 et 14). Le symbole de Chalcédoine, en 451, a cherché à exprimer de la manière la plus juste et précise possible cette réalité des deux natures du Christ, insistant tout particulièrement sur le fait que chaque nature préserve ses propriétés essentielles au sein de l’union, sans mélange ni confusion. Avant lui, Augustin a fait part de ces étonnants paradoxes : « Le Créateur de l’homme a été fait homme, afin que, Souverain des étoiles, il puisse se nourrir aux mamelles de sa mère ; afin que le Pain ait faim, la Fontaine ait soif, la Lumière sommeille, le Chemin soit fatigué du voyage ; afin que la Vérité soit accusée de faux témoignage, l’Enseignant soit battu de verges, le Fondement soit suspendu sur le bois ; afin que la Force soit rendue faible, que Celui qui guérit puisse être blessé, que la Vie puisse mourir ».

Le puritain Thomas Goodwin, cité à plusieurs reprises par Mark Jones, décrit les choses ainsi : « Le ciel et la terre se sont rencontrés et ils se sont embrassés, à savoir, Dieu et l’homme ». Les propos du théologien hollandais Herman Bavinck ne manquent pas de saveur non plus : « Il nous est totalement incompréhensible que Dieu se révèle et, dans une certaine mesure, se fasse connaître aux êtres créés : l’éternité au sein du temps, l’immensité dans l’espace, l’infini dans le fini, l’immuabilité dans le changement, le « je suis » dans le « je deviens », le tout, pour ainsi dire, dans ce qui compte pour rien. Ce mystère ne peut pas être compris ; il doit simplement être reçu avec reconnaissance. Mais le mystère et la contradiction ne sont pas synonymes ».

Bref, toute l’Histoire de l’Eglise témoigne que Jésus, né à Noël, est à la fois humain et divin. Mais que faut-il entendre quand on évoque l’humanité de Jésus-Christ ?

Jésus était humain dans son corps et dans son âme

Nous comprenons bien que Jésus-Christ avait un corps véritablement humain : il a eu faim et soif, il a été fatigué, il a souffert physiquement. Mais on a peut-être tendance à penser, parfois, que Jésus, tout en ayant un corps humain, était habité d’une âme divine. Or, Jésus a bel et bien endossé un corps humain et une âme humaine, puisque, ainsi que le note le père de l’Eglise Grégoire de Naziance, « ce qui n’a pas été assumé n’a pas été guéri ». S’il a prié, c’est d’ailleurs parce que son âme était pleinement humaine. A certains égards, Jésus a vécu les infirmités de la chair : non pas les infirmités pécheresses, mais les infirmités douloureuses telles que la tristesse et la souffrance. Jésus a ressenti toutes sortes d’émotions. Les évangiles mettent en exergue sa compassion (Matthieu 9,36), sa colère (Jean 2,13-17) et sa tristesse, par exemple devant le tombeau de Lazare (Jean 11,35). Comme le remarque le théologien américain Benjamin Warfield, « rien ne manque pour que nous ayons une forte impression du fait que Jésus était un être humain au même titre que nous ». Cependant, contrairement à nous, les émotions de Jésus se sont manifestées dans la perfection et dans des proportions parfaites.

Jésus avait une nature humaine finie

Inconsciemment, il nous arrive parfois de penser qu’il était « plus facile » pour Jésus que pour nous d’obéir et de résister à la tentation : « Après tout, il était Dieu, non ? ». Pourtant, un texte comme Matthieu 24,36, dans lequel Jésus dit ne pas savoir l’heure de la fin des temps, nous rappelle que Jésus était bel un homme avec des limites, comme tout être humain, et qu’il « n’utilisait » pas toujours les attributs de la divinité. Tenté par le diable, il n’a pas manifesté son omnipotence pour lui venir en aide. Et c’était d’ailleurs capital qu’il triomphe de cette tentation en tant qu’homme. Il en va de même, donc, de sa connaissance. Benjamin Warfield écrit : « Nous sommes donc certains que la connaissance de la nature humaine de Christ n’est pas et ne sera jamais pareille à la connaissance infinie de Dieu lui-même. La théologie réformée n’a donc aucune réserve à confesser les limitations de la connaissance de Christ en tant qu’homme, et aucune crainte de surévaluer la perfection et la complétude de son humanité ».

Jésus a dû apprendre l’obéissance

Luc 2,52 nous apprend que « Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes ». Il s’est développé physiquement, intellectuellement et spirituellement. Enfant, il a appris à vivre comme enfant. Adolescent, il a appris à vivre comme adolescent. Adulte, il a appris à vivre comme adulte. Irénée de Lyon, théologien et pasteur du 2e siècle, explique que Jésus a « sanctifié tous les âges », devenant un modèle pour les nouveau-nés, pour les enfants, pour les jeunes hommes et pour les hommes matures. Et à chaque stade de sa vie, il a appris l’obéissance (Hébreux 5,7-8), l’obéissance ultime se manifestant à la croix.

Jésus a dû marcher par la foi

Selon Thomas Goodwin, « Jésus a dû vivre par la foi comme nous. Car nous avons en lui le plus grand exemple de foi qui ait jamais existé ». Nous ne parlons pas ici de la foi au sen de « mettre notre confiance en Dieu pour notre salut », mais de la foi-confiance en Dieu. Mark Jones le formule ainsi : « Dès sa plus tendre enfance, Jésus a cru et s’est confié en Dieu pour chaque moment de sa vie. Il a été le croyant le plus extraordinaire qui ait jamais vécu ». Pourtant, cette foi a certainement été mise à rude épreuve par les attaques du diable, par le rejet dont il a été l’objet, et, surtout, par la perspective de sa mort à la croix. Mais Jésus-Christ a gardé cette foi qu’après l’humiliation viendrait la glorification (Esaïe 50,8-9 et Esaïe 53,10-12). Ses dernières paroles ont exprimé sa foi qu’il avait accompli sa mission et que son Père le récompenserait : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23,46).

Jésus a été assisté de l’Esprit

Jésus, donc, a été pleinement homme… et il est toujours pleinement homme. On peut quand même se demander comment il a pu ainsi persévérer dans la foi et grandir dans l’obéissance sans jamais pécher. Mark Jones réfléchit au rôle de l’Esprit dans sa vie, le considérant comme le compagnon de Christ. C’est l’Esprit qui est venue sur Marie pour qu’elle tombe enceinte (Luc 1,35). C’est l’Esprit qui, lors du baptême de Jésus, l’a oint et équipé pour sa mission (Luc 3,21-22). C’est l’Esprit qui a conduit Jésus dans le désert pour être tenté et qui l’a assisté (Luc 4,1-2). C’est l’Esprit qui a permis à la prédication de Jésus d’être si puissante (Luc 4,14-15). C’est l’Esprit qui lui a permis d’accomplir des miracles (Luc 4,18-19). En résumé, écrit Mark Jones : « L’obéissance du Christ à notre place devait être une vraie obéissance, venant d’un vrai homme. Jésus n’a pas « triché » en s’appuyant sur sa propre nature divine en assumant la place du second Adam. Il s’est plutôt confié pleinement en son Père, en recevant le Saint-Esprit et en s’appuyant sur lui »

Jésus devait être un homme pour nous sauver

Pourquoi Jésus devait-il être ainsi pleinement humain à tous égards, hormis le péché ? Il le fallait afin qu’il puisse pardonner aux hommes. S’il n’avait été « que » Dieu, il n’aurait pas pu s’identifier aux hommes et payer pour eux. Un médiateur doit « se rattacher à ceux qu’il représente par les liens d’une humanité commune », écrit Stuart Olyott dans « Fils de Marie, Fils de Dieu » (éd. Europresse). Il devait donc être un homme… mais aussi un homme sans péché : s’il avait été pécheur, il aurait dû mourir pour son propre péché et n’aurait pas pu expier les péchés des autres. Or, en tant que souverain sacrificateur saint, innocent et immaculé, il a pu s’offrir en sacrifice une fois pour toutes (Hébreux 7,26-27).

Stuart Olyott écrit : « La nature humaine de Christ lui servait à garder la loi de Dieu en notre faveur, à mourir à notre place et à faire fonction de souverain sacrificateur et d’intercesseur plein de compassion pour nous dans les lieux célestes. En même temps, seule la dignité suprême de sa personne divine permit que le mérite de son obéissance suffise pour justifier les pécheurs et que la valeur de sa mort d’homme suffise à satisfaire la justice infinie de Dieu. Nous n’aurions jamais eu le souverain sacrificateur dont nous avons besoin si sa personne unique n’avait possédé deux natures distinctes ». Voilà ce mystère et ce miracle de Noël !

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