Vous vous préparez à implanter une église ? Préparez-vous à résoudre des conflits. Et je ne veux pas dire dans trois ans – je veux dire dans votre propre équipe. Avant de vous lancer. Et après cela, aussi. À chaque période du ministère, nous nous efforcerons d’apporter l’unité, l’harmonie et la réconciliation à nos amis, nos familles, nos églises et nos communautés.
Mais nous ne sommes pas seuls, et nous ne sommes pas désespérés. Le Prince de la Paix est avec nous alors que nous cherchons à être des implanteurs et des pasteurs de la paix. Et un jour, il mettra fin à tout conflit et écrasera Satan sous nos pieds.
En attendant, toutefois, nous avons besoin de ressources et de méthodes pour traiter les conflits. (Je viens tout juste d’écrire un livre pour aider les pasteurs et les conducteurs du ministère dans cette œuvre importante.) Voici cinq questions pratiques à présenter à ceux qui viennent vers nous pour le conseil et le soin pastoral.
1. Moi d’abord : Y a-t-il une poutre dans mon œil ?
Quand nous sommes en conflit avec quelqu’un, notre tendance est de souligner tout ce qui ne va pas chez lui en évitant de parler de notre propre péché. Mais Jésus nous a dit de considérer premièrement notre péché et notre faillite (Matt. 7:1–5). L’orgueil compromet notre capacité à voir avec acuité ; une fois que l’orgueil est enlevé, nous sommes davantage capables d’évaluer les actions des autres. Une vision plus claire nous conduit souvent à considérer leurs fautes comme un fétu de paille comparativement à notre poutre et à avoir le cœur juste pour les aider à l’enlever – libres de la colère ou du ressentiment. Nous allons probablement nous rendre compte que c’est nous, et non eux, qui contribuons le plus au problème.
2. Mineure : Puis-je surmonter cette offense ?
Certaines questions devraient être laissées de côté. Comme ce serait mieux si nous vivions selon ce proverbe : « L’homme qui a de la sagesse est lent à la colère, et il met sa gloire à oublier les offenses. » (Prov. 19:11) ! De même bien des conflits pourraient être résolus si, avec miséricorde, nous passions par-dessus des fautes mineures. Alors, quand devons-nous passer outre une faute ? Cela demande du discernement, mais voici certains aspects à considérer.
- L’acte a-t-il été fait non intentionnellement ?
- Est-ce un incident isolé et non quelque chose de récurrent ?
- Était-ce insignifiant ?
- Cela a-t-il blessé les autres ou le fautif ?
- Cela a-t-il nui au témoignage de l’église ?
- Est-ce non-moral ou moral ? Autrement dit, cette action est-elle due à de simples différences de personnalité ou de préférence, ou est-elle due à un péché manifeste ?
3. Majeure : Cette faute exige-t-elle le processus de restauration ?
Une faute majeure est toute faute dans laquelle l’action de quelqu’un déshonore Dieu, cause du dégât dans vos relations, blesse les autres, blesse l’auteur de la faute ou brise l’unité. Ces actions demandent un processus de restauration. À l’église Imago Dei, nous parlons souvent du besoin d’avoir des conversations à bâton rompu. Certains appellent cela de la confrontation, mais nous devrions nous souvenir du fait que s’il y a eu une faute majeure, le but n’est pas d’affronter ou reprendre (bien qu’il faille en passer par là), mais de restaurer (Gal. 6:1). Quand nous avons besoin d’avoir une conversation à bâton rompu, notre attitude devrait être empreinte de grâce et d’amour – et non de dureté et de colère – parce que le but est de voir se produire la restauration et le renouvellement (Matt. 18).
En se préparant pour le ministère, bien des aspirants implanteurs consacrent beaucoup de temps à la prédication et à la conduite de la mission. Mais il est important qu’on accorde aussi de l’attention au ministère de construction de la paix.
4. Matériel : Cette faute exige-t-elle une restitution en relation avec la propriété, l’argent ou d’autres droits ?
Parfois le conflit s’étend au-delà des relations personnelles et touche à des enjeux matériels. Ainsi certaines actions doivent être incluses dans le processus de restauration. Si vous êtes en faute et qu’il vous faut réparer un tort concernant les finances ou la propriété de quelqu’un, je voudrais vous encourager à vous souvenir de Zachée, un petit homme qui a vécu un grand changement. Jésus déclara que le salut était venu dans la maison de cet homme (Luc 19:9) et une évidence de cette grâce fut la réponse de Zachée : « Voici je donne la moitié de mes biens pour les pauvres, Seigneur. Et si j’ai extorqué quelque chose à quelqu’un, je lui rendrai quatre fois autant » (Luc 19:8). Zachée était prêt à faire plus que des excuses ; il était prêt à rendre aux gens quatre fois le montant qu’il leur avait extorqué !
5. Médiation : Cette faute nécessite-t-elle qu’une tierce partie aide au processus de restauration de la paix ?
Paul écrivit à l’église de Philippes environ 10 ans après qu’il l’ait implantée. Il aimait cette grande église, mais même les grandes églises connaissent des conflits : « J’exhorte Évodie et j’exhorte Syntyche à être d’accord dans le Seigneur. Oui, je te demande aussi, fidèle collègue, d’aider ces femmes, qui ont combattu pour l’évangile à mes côtés en même temps que Clément et le reste de mes collaborateurs dont les noms sont dans le livre de vie » (Phil. 4:2–3).
On ne sait pas grand-chose au sujet de ces femmes ou de la cause de leur querelle. L’enjeu ne semble pas avoir été doctrinal, mais plutôt relationnel. En demandant de l’aide, Paul montre l’importance d’autres personnes pour aider au processus de réconciliation. Paul aussi rappelle que ces deux sœurs devraient être réconciliées parce que leurs « noms sont dans le livre de vie. » La foi et l’espérance communes de deux croyants devrait à la fois stimuler et façonner le processus de restauration.
En se préparant pour le ministère, bien des aspirants implanteurs consacrent beaucoup de temps à la prédication et à la conduite de la mission. Mais il est important qu’on accorde aussi de l’attention au ministère de construction de la paix pour le bien de l’église, le bien de notre témoignage et la gloire de Dieu. Et tandis que nous nous engageons dans son œuvre, nous trouvons consolation dans le fait que le Prince de la Paix est avec nous et, un jour bientôt, il n’y aura plus de conflits dans nos maisons ou de conflits dans les rues.