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Un jour, à Philadelphie, un chauffard s’est comporté dangereusement. Un autre conducteur, hors de lui, est sorti de sa voiture pour lui hurler dessus. Le chauffard a sorti un fusil de sa voiture, a tiré et tué la femme du conducteur fâché. Quel est le problème dans cette histoire vraie, racontée par David Powlison dans son ouvrage « Chrétien en colère » ? La colère de deux conducteurs pas très intelligents. Probablement que peu de lecteurs d’Evangile 21 en sont arrivés là… mais David Powlison est convaincu d’une chose : nous sommes tous régulièrement en colère pour de mauvaises raisons ou d’une mauvaise manière.

Une colère « volcan » ou « iceberg » ?

Cette colère peut sembler parfois anodine et ressembler « simplement » à de la mauvaise humeur ou de l’irritation. Certains s’apparentent plutôt à des volcans qui explosent. D’autres, plus subtilement, sont habités d’une colère profondément enfouie et parfois persistante : ce sont des icebergs, ruminant une colère froide qui se décline en amertume, en haine ou en cynisme. Toutes ces formes de colère sont condamnables : « Que toute amertume, animosité, colère, clameur, calomnie, ainsi que toute méchanceté soient ôtées du milieu de vous » (Ephésiens 4,31). Comment y remédier ?

Un mal aux conséquences nombreuses

Il faut commencer par comprendre le mécanisme de la colère, que David Powlison décrit ainsi : se mettre en colère, c’est dire « Je suis contre cela ». Je suis contre le bruit que font mes voisins, contre l’injustice subie au travail, contre le comportement de mon conjoint, etc. Nous avons parfois raison d’être « contre » certaines choses. Le hic, c’est quand la réaction est excessive, ou quand elle conduit à une colère durable et irrémédiable, ou encore quand on ne fait rien pour agir de manière constructive.

La mauvaise colère a des conséquences nombreuses, premièrement, sur moi-même : elle peut m’amener à ruminer des pensées sombres, me faire perdre de vue le sens de la vie et même conduire à la dépression. La mauvaise colère influence aussi mes relations : si je suis « de mauvaise humeur », tout mon entourage devra se tenir à carreau. Dans des situations bien plus graves, la colère est souvent à l’origine des séparations dans les couples, des divisions dans les églises, etc. Troisièmement, la colère a des conséquences sur ma relation avec Dieu : comment un chrétien en colère peut-il trouver sa joie à lire la Bible et à prier ?

La colère n’est pas due aux circonstances

Voilà le mécanisme de la colère. Mais quelles en sont donc les causes ? Pourquoi vais-je décréter que je suis « contre » cela, puis réagir par une mauvaise colère ? David Powlison remarque judicieusement que la faute n’est jamais à mettre sur les circonstances ou sur les gens. Selon Jésus, c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées (Matthieu 15,19). Même si tout s’est ligué contre moi pour me mettre en colère, je suis responsable de ma réaction de colère. Si ma colère me conduit à un conflit ou à une querelle, quelle en est la raison ? Jacques pointe le responsable : ce sont mes passions qui guerroient dans mes membres (Jacques 4,1).

Des désirs transformés en exigences

Nous avons tous des passions, des désirs et des attentes. Or, souvent, notre colère survient quand ces passions, ces désirs et ces attentes sont contrariés. On peut penser au prophète Jonas. Quand Dieu décide de pardonner aux Ninivites, « cela fut très mal pris par Jonas, qui se fâcha » (Jonas 4,1). Pourquoi sa colère ? Parce qu’il détestait les habitants de Ninive et qu’il désirait de tout son cœur que Dieu les extermine !

Pourquoi se met-on en colère dans un embouteillage ? On serait tenté de répondre : « A cause de l’embouteillage ! ». Pourtant, ma colère révèle que j’ai au plus profond de moi des désirs qui viennent d’être contrariés : le désir de contrôler le temps, le désir de pouvoir me reposer après ma dure journée de travail, etc. Ces désirs ne sont pas forcément illégitimes. Mais qu’est-ce que cela révèle si je me mets en colère quand ils sont contrariés ? Cela révèle que ce sont non seulement des désirs, mais des besoins, et même des exigences. Je veux ces choses… sinon je me mets en colère.

« Que ma volonté soit faite ! »

Notre colère révèle donc quels dieux nous servons. Elle montre en fait que nous voulons souvent être Dieu. Quand nous nous mettons en colère, nous sommes en train de dire : « Que mon règne vienne ! Que ma volonté soit faite ! ». Et quand nous sommes en colère contre des gens, nous sommes en train de leur dire : « Tu as péché contre moi ! Tu as transgressé ma loi ! Tu mérites une sanction ». La colère révèle que nous nous considérons comme un dieu qui doit être servi. La plupart de nos disputes de couple, par exemple, éclatent parce que nous avions un désir, érigé en exigence, et qui a été contrarié par notre conjoint.

Les intérêts de Dieu ou les miens ?

Que faire face à cette mauvaise colère ? Y remédier ! Ephésiens 4,26 est clair : le soleil ne devrait pas se coucher sur notre colère. Chaque jour, nous devrions remplacer la colère par la paix et l’amour. Cela veut dire aussi qu’une amertume cultivée depuis des semaines, des mois ou des années est d’autant plus grave, parce que le soleil s’est couché des centaines de fois sur une froide colère. Quel est donc le remède ? Remettre Dieu à sa place et me détrôner en tant que petit dieu. Je n’ai pas d’exigences à faire valoir devant Dieu. Mon objectif ne doit pas être mon intérêt, mais la gloire de Dieu.

Le remède appliqué aux relations

Dans nos relations, cela implique d’être bons les uns envers les autres, compatissants, et de nous faire grâce (Ephésiens 4,32). Vais-je me mettre en colère dès qu’on m’interrompt, qu’on me contrarie, qu’on me suit de trop près sur la route, qu’on me renverse un café dessus, ou vais-je faire grâce ?

Il n’est pas question ici d’être un paillasson. Dieu n’est pas un paillasson : il est indigné par le mal et il juge le mal. Mais en même temps, il est lent à la colère. Comme le relève David Powlison, le chrétien regarde le mal droit dans les yeux, il en ressent de la douleur, mais il décide de réagir non par une mauvaise colère, mais par une attitude constructive. C’est une forme de saine colère, qui ne se borne pas à dénoncer le mal, mais qui vise le pardon, la réparation, la réconciliation. Pourquoi ? Parce que l’enjeu, ce n’est pas que je sois un petit dieu, mais que Dieu soit glorifié.

Le remède appliqué aux circonstances

Ce remède s’applique aussi lorsque ce sont non pas les gens, mais les circonstances qui nous mettent en colère. Là encore, il faut lever les yeux : c’est Dieu qui est souverain sur l’univers, pas moi. Pour David Powlison, râler est un péché contre le Dieu à qui appartient l’univers. Un Dieu souverain… et en même temps plein de bonté envers nous : c’est un bon berger. Est-ce que, lorsque je suis tenté de me mettre en colère, je m’en souviens ? Est-ce que, si j’ai ruminé une froide colère pendant des années, je suis prêt à voir Dieu non plus comme un tyran injuste, mais comme un bon berger ?

Christ a subi la colère de Dieu pour nous affranchir de la mauvaise colère

Le changement est-il possible ? Oui, parce que Jésus-Christ a subi la colère de Dieu aussi pour nous affranchir de la mauvaise colère. Dieu est tellement en colère contre le mal, qu’il a puni son propre Fils. Nous sommes désormais libérés de l’esclavage du péché et rendus capables, par l’Esprit de Christ qui vit en nous, de remplacer la haine par la patience, la mauvaise humeur par la joie de vivre, les murmures par le contentement, l’amertume par l’acceptation confiante des plans de Dieu. Ce faisant, nous vivrons non plus comme des petits rois, mais comme des serviteurs du seul Roi. Allons-nous donc apprendre à être en colère contre notre mauvaise colère ?

Note de l'éditeur : 

Initialement publié le 1 mars 2019

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