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Ils avancent, sur une petite route, plate et sinueuse. C’est lui qui conduit. C’est elle qui le guide, la carte sur les genoux. Elle a dit : « Là, ce doit être vraiment beau ! On doit bien voir le large. » Il ne sait pas lire une carte. Il lui fait confiance. Ils sont en vacances en Bretagne, en septembre, pour la première fois, puisqu’il vient d’accéder à la retraite.

Le temps est mitigé, comme souvent ici. Le gris est troué parfois par un soleil éclatant. Et personne. Personne sur la route. Personne en approchant du littoral. Il gare la voiture en épi. Ils en descendent. Coupe-vent. Petit sac à dos. Ils sont partis. Ils marchent sur des dunes, dans un peu de lumière, et le bruit de la mer est encore lointain.

Le sentier côtier monte, descend. Ils avancent, l’un derrière l’autre. Soudain, la vision est là. Une ouverture extraordinaire. Le sable est blanc, très blanc. Pas d’algues, comme parfois. Pas de galets. A perte de vue, la plage. Et dans l’éclat du soleil qui revient, la mer, encore assez basse, est bleue, d’un incroyable bleu. Lui, a le souffle coupé face à tant de splendeur. Pas de mots pour parler. Seulement cette répétition, stupide : « Que c’est beau ! Que c’est beau ! … » Ce lieu inscrit aussitôt en lui son immensité pâle et sublime. Il restera, à jamais, « la plage bleue ».

Si l’absence de vacanciers – si ce n’est, comme eux, « des cheveux blancs » – les irrite souvent, parce que la vie leur manque, les familles, les enfants, par contre, ils ont là le sentiment puissant d’avoir entièrement pour eux cet espace magique.

Ils sont descendus sur la plage. Leurs pas se séparent. Elle avance vers l’eau. Lui, lance de partout son regard, ébloui. Et parce que ses yeux cherchent, il discerne, au loin, ce qui n’est d’abord qu’un point noir. Quelqu’un ? Qui ? Dans le vaste de cette étendue, une présence humaine devient un étonnement. Quelqu’un est penché sur le sable.

Entre soleil, blanc du sable, et bleu d’eau, il avance encore. Et c’est une femme qu’il va bientôt croiser. Une femme en noir. Comme ces veuves de marins du passé. La mer. La mort.

Ils se croisent sans se saluer, chacun en soi. Mais en allant, il voit, devant lui, qu’on a écrit sur le sable. Quatre lettres. Un prénom : « Jean ». Il ne sait pourquoi, son cœur s’émeut. Il pressent …

Mais où est-elle maintenant, cette femme qu’il a croisée ? Il se retourne. Le point bleu, là-bas, c’est son épouse. Elle vient à lui, lente. Mais la femme en noir n’est pas si loin. Elle s’est avancée vers l’immensité bleue. Seule. Il la regarde. Elle se met à élever lentement ses deux bras, simultanément, les paumes des mains ouvertes, vers l’infini.

Il n’oubliera pas.

Son épouse l’a rejoint. Sa main cherche la sienne. Ils avancent, ensemble.

            Psaume 88 : 8-10 :

            « Ta fureur s’appesantit sur moi,

            Et tu m’accables de tous tes flots.

            Tu as éloigné de moi ceux que je connais (…)

            Mon œil s’éteint de souffrances.

            Je t’invoque tous les jours, ô Eternel !

            J’étends vers toi les mains. »

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