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« La peur d’une deuxième vague ». « Une crise économique pire que celle de 2008 ». « Le Covid-19 pourrait devenir saisonnier ». « L’apparition d’une maladie grave touchant les enfants suscite des inquiétudes ». Voilà quelques titres d’articles publiés ces derniers temps. On imagine que certains, rien qu’en lisant ces quatre slogans accrocheurs, se trouvent soudainement pris d’inquiétude et rongés par le pessimisme. Pour se remonter le moral, on pourrait plutôt choisir les titres suivants : « Une lueur au bout du tunnel pandémique ». « L’espoir commence à naître en Europe ». « Retour à la normale en Chine ». Et voilà que nous respirons à nouveau : et si, après tout, il y avait de quoi être optimiste ?

Quel avenir pour nos Eglises ?

Nous sommes certainement beaucoup à balancer entre ces craintes et espoirs contradictoires, à penser un jour que le « retour à la normale » sera pour tout bientôt, et à redouter le lendemain que la situation dure encore des années. Ces sentiments contraires peuvent concerner notre avenir professionnel ou économique, notre reprise des loisirs ou l’avenir de nos Eglises. Quand les cultes reprendront-ils ? Quand pourra-t-on enfin faire à nouveau salle comble, se serrer la main et partager des repas ensemble ?

Entre pessimisme et optimisme : le réalisme de la Bible

Il est bon de se poser, fondamentalement, cette question : la Bible nous appelle-t-elle à l’optimisme ou au pessimisme ? Non seulement face à la crise du coronavirus, mais de manière générale. Dans un premier temps, on peut répondre que la Bible est équilibrée et qu’elle nous appelle… au réalisme.

Tout dépend de Dieu : bonne ou mauvaise nouvelle ?

On lit en Proverbes 19,21 : « Il y a dans le cœur de l’homme beaucoup de projets, mais c’est le dessein de l’Eternel qui s’accomplit ». On pourrait adapter et compléter ainsi cette parole pleine de sagesse : « Il y a dans le cœur de l’homme beaucoup de pronostics, d’hypothèses, de théories et de scénarios, en particulier concernant le Covid-19, mais c’est toujours le plan de Dieu qui s’accomplit, et il a le dernier mot ». Voilà un constat réaliste, qui peut susciter à la fois du pessimisme et de l’optimisme. Du pessimisme, parce que cela signifie qu’ultimement nous ne pouvons rien gérer. Nous n’avons aucune idée de ce que nous réservent les prochaines semaines, les prochains mois et les prochaines années. Les avancées médicales, les décisions politiques et les stratégies de confinement porteront peut-être leurs fruits… ou peut-être pas. Car tout dépend ultimement de Dieu. Mais dire que « tout dépend ultimement de Dieu », n’est-ce pas là source d’optimisme ?

Dieu, à la fois juste et plein de grâce

On aurait envie de répondre : oui et non. Parce que, là encore, la Bible est réaliste et équilibrée quant à la personne de Dieu : Dieu est d’un côté juste et en colère contre l’humanité pécheresse, de l’autre patient, lent à la colère et plein de grâce. Il y a donc de quoi être pessimiste si nous comprenons que Dieu peut très bien continuer d’agir avec sévérité pour nous amener à l’humilité et à la repentance, que ce soit par une persistance de la situation actuelle ou par d’autres maux. Mais il y a de quoi être optimiste, puisque Dieu est celui qui ne cesse de manifester sa patience et sa grâce à des hommes et des femmes qui le rejettent.

Entre Genèse 3 et Apocalypse 21 : ni optimisme béat, ni pessimisme maladif

Depuis Genèse 3, nous sommes donc appelés à une vision réaliste des choses, et par conséquent à des projections réalistes quant à notre avenir. Le bien et le mal continueront de se côtoyer dans le monde et dans les cœurs. Les joies et les peines, les espoirs et le désespoir, la stabilité et l’insécurité, la vie et la mort, la paix et la guerre, la richesse et la pauvreté, la grâce de Dieu et ses jugements : tant que nous sommes entre Genèse 3 et Apocalypse 21, on ne peut pas séparer ces paires. Un optimisme béat reviendrait à nier la réalité du péché et de ses conséquences, tandis qu’un pessimisme maladif reviendrait à nier la bonté de Dieu et sa grâce commune. Covid-19 ou pas, cela reste la réalité. Que ce virus nous « laisse tranquille » ou non dans un avenir proche ou non, le réalisme sera toujours de mise.

Nos espoirs de progrès en prennent un coup

On comprend aisément qu’un tel constat puisse déstabiliser. Nous avons tous besoin d’espoir. En toute situation, et en particulier quand les choses tournent mal, nous aimons nous accrocher à des espoirs d’améliorations et de changements positifs. Nous vivons d’ailleurs dans des sociétés qui visent le progrès dans tous les domaines : on espère des progrès scientifiques, médicaux, économiques, écologiques, etc. Autant dire qu’une pandémie telle que celle qui nous affecte actuellement nous frappe de plein fouet et nous ramène à notre condition humaine, nous oblige à un réalisme humiliant : la perfection, la sécurité absolue et la maîtrise totale ne seront jamais de ce monde.

Vanité des vanités ?

On comprend aisément qu’un tel constat puisse déstabiliser… les non-chrétiens. Mais qu’en est-il de nous ? Le réalisme auquel nous appelle la Bible n’est pas un réalisme déprimant et résigné (« Tant pis, la vie restera toujours difficile »), mais un réalisme heureux et confiant. Car la réalité, celle que nous devons voir avec les yeux de la foi, c’est que si le dessein de l’Eternel s’accomplit plutôt que nos projets (Proverbes 19,21), alors cette réalité est belle ! En tant que chrétiens, nous croyons et savons que le dessein de l’Eternel, même quand il nous échappe, est un dessein sage. En tant que chrétiens, nous croyons et savons que Dieu fait concourir toutes choses au bien de son Eglise et de ses enfants (Romains 8,28).

Dans cette perspective, même la situation actuelle est utilisée par Dieu pour notre bien, en particulier pour notre sanctification. Le réalisme sans Dieu amène à soupirer « Vanité des vanités, tout est vanité ». Le réalisme qui inclut Dieu dans l’équation regarde au-delà des incertitudes visibles pour se focaliser sur les certitudes invisibles.

L’étonnante louange d’Habakuk

Le prophète Habakuk a dû apprendre cette leçon. Apeuré et attristé dans sa réalité tellement difficile, il a crié à Dieu qui, pour faire court, l’a averti que les choses seraient à certains égards encore pires à l’avenir. Mais Habakuk, comprenant un peu mieux Dieu, sa souveraineté et sa justice, termine son propos en louant Dieu : « Mais moi, j’exulterai en l’Eternel, je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut. L’Eternel, mon Seigneur, est ma force, il rend mes pieds semblables à ceux des biches et me fait marcher sur les hauteurs » (Habakuk 3,18-19). Sa réalité n’a pas changé ; la perception qu’il en a, oui.

L’Histoire avance « dans le bon sens »

Ce n’est pas tout ! Le chrétien est non seulement appelé à un réalisme heureux, mais il a aussi des raisons d’être résolument optimiste… sur le long terme. Il n’est plus alors question de simples « espoirs », mais d’espérance. L’Histoire avance vers quelque chose de mieux. Tout l’Ancien Testament pointait déjà vers quelque chose de meilleur : une meilleure alliance, un meilleur roi, un meilleur prêtre, un meilleur prophète, un meilleur peuple, un meilleur royaume. Jésus-Christ est venu et a instauré ce « meilleur ». Entre Genèse 3 et Matthieu 1, nous sommes déjà passés à quelque chose de plus excellent.

Mais le meilleur est encore à venir. La Rédemption nous garantit la Restauration finale. Le diable, le péché et la mort, déjà vaincus à la croix, seront à coup sûr définitivement balayés lors du retour de Jésus-Christ. Entre deux, notre Sauveur et Seigneur étend irrésistiblement son royaume, il soutient puissamment son Eglise, il préserve assurément chacun de ceux que le Père lui a donnés. L’Histoire avance souverainement selon le plan de Dieu et elle se terminera inéluctablement par sa victoire et celle de son peuple. Voilà une espérance et des certitudes qui devraient nourrir notre optimisme, un optimisme qui n’a rien de naïf, mais qui se fonde sur un glorieux réalisme.

Méditer davantage sur notre espérance

Les temps que nous traversons, qui pourraient si facilement nous rendre pessimistes, ont ce mérite de nous pousser à méditer davantage sur notre espérance, à nous réjouir plus profondément encore de vivre un jour dans cette réalité épurée de tout aspect frustrant et négatif. Les auteurs de la Bible insistent d’ailleurs tout particulièrement sur l’avenir glorieux qui attend les croyants, lorsque ces derniers traversent des circonstances pénibles. Certes, il nous faut bien entendu continuer à vivre dans ce monde, y travailler et nous y impliquer. Notre optimisme eschatologique ne nous conduit pas à fuir la réalité présente, mais à la voir sous un autre jour, pour y vivre d’une manière plus sage, plus équilibrée. Ces mots de Jésus constituent un bel encouragement : « Je vous ai parlé ainsi, pour que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde. Mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde » (Jean 16,33).

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