Obtenez gratuitement votre accès aux 8 plénières et 12 ateliers de la conférence "L'Exode, un peuple libéré"

×
Parcourir

Il existe plusieurs manières de rechercher la connaissance. Dans mon premier article de la série j’avais parlé du scepticisme qui cherchait à être le plus possible détaché de soi pour pouvoir réellement connaître. J’avais brièvement expliqué en quoi cela conduisait à une impasse. Aujourd’hui, je vous propose de nous arrêter un peu plus longuement sur la question. Pour faire cela, laissez vous raconter une histoire…

Imaginez que vous ayez quelqu’un qui se déclare fièrement sceptique à la maison et qui vous demande si vous êtes mariés. Vous lui répondez que oui et il vous rétorque que vous pouvez mentir. Alors, vous appelez votre famille, le pasteur qui a fait la bénédiction de mariage, vos amis pour prouver que vous êtes mariés. Malheureusement, il réagit de la même manière, toutes ces personnes peuvent s’être mises d’accord pour lui mentir. Vous finissez alors par lui sortir une vidéo du mariage mais ce dernier dit qu’elle a pu être truquée. Vous lui montrez ensuite votre certificat de mariage en montrant une comparaison d’avec une signature actuelle. Il n’est toujours pas satisfait, tous ces documents peuvent être montés de toutes pièces. Vous finissez par abandonner et le sceptique ne sait toujours pas si vous êtes mariés ou pas.

Dans cette histoire, nous pouvons dire que le sceptique a gagné le débat, mais à quel prix ?[1] Imaginons une nouvelle histoire. Après avoir vécu une rupture difficile, parce que son amie lui a menti, Robert n’arrive plus à s’engager dans une relation parce qu’il refuse d’être blessé à nouveau. D’une certaine manière, Robert ne sera plus jamais blessé par d’autres personnes, mais à quel prix ? Au profit de ne pas être blessé, Robert a décidé de ne plus aimer. C. S. Lewis le formule ainsi :

Aimer, dans l’absolu, c’est être vulnérable. Aime quelque chose, et ton cœur sera certainement déchiré et probablement brisé. Si tu veux être sûr de garder ton cœur intact, abstiens-toi de le donner à qui que ce soit, même à un animal. Enveloppe-le soigneusement dans le linceul de tes passe-temps et de tes petits luxes ; évite toute forme de relation ; enferme ton cœur à clef dans la châsse ou le cercueil de ton égoïsme. Mais dans ce cercueil – lieu sûr, obscur, inerte, sans air -, il changera. Il ne se brisera pas ; il deviendra incassable, impénétrable, indissoluble. L’alternative à la tragédie, ou, du moins, au risque de la tragédie, est la damnation. Il n’y a qu’un endroit en dehors du Ciel où nous puissions être parfaitement préservés des dangers et confusions de l’amour, c’est l’enfer.[2]

Avec la connaissance, c’est la même chose. Nous pouvons très bien être sceptiques de peur de se tromper mais à quel prix ? Si la connaissance est comme une relation, nous devrions agir comme si c’était une relation. Je m’explique : lorsque nous rencontrons différentes personnes , nous ne nous engageons pas toujours tout de suite. Il y a une période où nous essayons de nous connaître mutuellement. Nous essayons de voir si la personne en face de nous est bien ce qu’elle prétend être, nous essayons de la comprendre, etc. Mais à un moment il faudra nécessairement se lancer et lui faire confiance pour vraiment avancer dans la relation. Sans confiance nos relations ne peuvent pas grandir. Avec la connaissance, c’est pareil ! Nous ne pouvons pas apprendre à cuisiner si l’on ne fait pas confiance à la personne qui nous enseigne, nous ne pouvons pas apprendre à conduire si l’on ne fait pas confiance à notre moniteur, nous ne pouvons pas connaître l’histoire si nous ne faisons pas confiance aux historiens, etc.

Pour nous ouvrir de nouveaux horizons, ce n’est pas le scepticisme qu’il nous faut mais bien la confiance.

Pour nous ouvrir de nouveaux horizons, ce n’est pas le scepticisme qu’il nous faut mais bien la confiance. Pourtant, cette réponse semble partielle. Si nous faisons confiance à la mauvaise personne, nous pouvons partir à la dérive très facilement. Comment savoir à qui faire confiance ? Bien sûr, la Parole et l’Esprit de Dieu devraient être nos premiers guides. Ensuite, les résultats peuvent nous montrer quelque chose. On sait que l’on a mal suivi une recette (ou que la recette est fausse) lorsque le gâteau ressort brûlé du four. Nous savons que nous avons mal employé l’embrayage lorsque nous calons. Parfois, nous faisons face à des choses que nous n’avons jamais vues ou que nous n’avons pas l’habitude de voir. Dans ces cas-là, les personnes qui ont de l’expérience dans leur domaine ont toute leur importance. La sagesse de l’Église qui a subsisté à travers les épreuves du temps est également fondamentale.

La Bible nous exhorte constamment à bien choisir en qui nous plaçons notre confiance pour éviter le désastre. Le sage fait confiance au sage mais l’insensé ne l’écoute pas ou bien suit la voie des autres insensés.

La foi, ou la confiance, est donc fondamentale à la connaissance. Dieu a voulu que l’on s’engage pour connaître et il a voulu que l’on compte sur d’autres personnes pour apprendre. Cette foi n’est pas irrationnelle puisqu’elle est basée sur des arguments concrets mais, étant humains, il est évident que nous pouvons toujours nous tromper. Parfois nous avons de bonnes raisons pour nous engager dans un projet, dans une relation, dans une réflexion pour réaliser ensuite que nous nous étions complètement trompés. Nous réalisons que nous avions mal regardé les choses et corrigeons alors notre vision. La part de foi que nous devons avoir pour connaître vient donc de notre finitude et du fait que nous avons été créés par Dieu pour être des créatures relationnelles, reflétant ainsi la Trinité divine. Ce n’est pas quelque chose à abandonner, au contraire ! Mais attention tout de même, la Bible nous exhorte constamment à bien choisir en qui nous plaçons notre confiance pour éviter le désastre. Le sage fait confiance au sage mais l’insensé ne l’écoute pas ou bien suit la voie des autres insensés. Puissions-nous faire confiance aux bonnes personnes pour avoir une véritable connaissance.


1. Je tiens cette histoire de David Chapman, professeur de Nouveau Testament au Covenant Theological Seminary.
2. LEWIS C. S., Les quatre amours, trad. DUCATEL D. & MÜLLER J-L, Paris, Pierre TÉQUI éditeur, 2019, p. 151.
EN VOIR PLUS
Chargement