Pendant mes études universitaires, j’ai eu la conviction que Dieu m’appelait à Le servir à temps plein. Si j’étais convaincu de cette direction, j’étais cependant perdu face aux choix qui m’étaient proposés pour me préparer. Je ne me sentais pas très académique et plusieurs m’ont averti : “Si tu passes des années à étudier la théologie, tu vas perdre ta passion !” D’autres, au contraire, m’ont fortement encouragé à m’équiper en suivant des études avant de me lancer dans un service. Après un cheminement au travers de la prière, de réflexions et des moments d’angoisse, je me suis finalement inscrit dans un lieu de formation pour étudier la théologie. Vingt ans plus tard, je constate surtout combien Dieu a été fidèle et patient envers moi. Voici quelques conseils qui auraient pu m’aider avant de me lancer dans la formation :
1. Ne vous attendez pas à ce que les études académiques augmentent “automatiquement” votre zèle pour Dieu.
Mes héros dans la foi – pasteurs et auteurs – avaient à la fois un grand zèle pour la gloire de Dieu et des connaissances impressionnantes de la Bible. J’en ai tiré une conclusion simple : plus de connaissances produit plus de zèle.
Le vrai zèle provient de l’œuvre miraculeuse de Dieu en nous. Les connaissances bibliques, aussi importantes qu’elles soient, ne peuvent jamais remplacer ce miracle de grâce.
Mais ma conclusion était erronée. La Bible fait état d’individus avec une connaissance phénoménale des Écritures, mais qui ont pourtant un cœur loin de Dieu (Marc 6.7). Paradoxalement, il peut s’avérer dangereux de faire des études en théologie si nous ne sommes pas constamment renouvelés à l’intérieur par le Saint-Esprit. Un théologien est finalement mieux équipé pour esquiver une vérité qui dérange ou même la banaliser en l’enrobant d’un discours purement académique. Le vrai zèle provient de l’œuvre miraculeuse de Dieu en nous. Les connaissances bibliques, aussi importantes qu’elles soient, ne peuvent jamais remplacer ce miracle de grâce.
2. Si vous avez le choix, réfléchissez à étudier sous les hommes et les femmes qui vous inspirent et non simplement en fonction d’un programme académique.
Lorsque j’ai fait une Journée Portes Ouvertes dans une école biblique, j’ai demandé à un des étudiants pourquoi il avait choisi de se former en institut. J’ai été surpris par sa réponse. Il a réfléchi un moment, puis m’a déclaré : “Je voulais simplement avoir le privilège de côtoyer des hommes qui ont consacré toute leur vie à l’étude de la Parole.” Un bon professeur ne transmet pas essentiellement ses connaissances. Il transmet son enthousiasme et sa passion pour la matière enseignée. Les connaissances se trouvent relativement facilement dans les livres ou par internet. Mais rares sont les livres qui peuvent cultiver la motivation voire même l’émerveillement comme un professeur passionné.
3. Considérez le temps de préparation pour un service comme un ministère en soi.
Dans les meilleurs des cas, la préparation pour un ministère crée une saine frustration. L’étudiant est motivé pour servir, conscient des immenses besoins autour de lui. Il y a tellement à faire : investir dans les relations avec les membres d’une assemblée, préparer des études bibliques, annoncer l’Evangile aux non-chrétiens. Et pour ces choses, les enjeux sont éternels ! En arrivant dans un lieu de formation, le changement de rythme est rude. On se retrouve face à une montagne de devoirs qui demandent de longues heures à la bibliothèque. C’est à ce moment-là qu’il faut se remémorer que la préparation est en soit une partie du ministère. Faire des devoirs et préparer des examens est un acte d’amour qui vise le bien de l’Eglise.
4. Profitez des avantages d’une institution, ne vous focalisez pas sur ses faiblesses.
Les institutions de formation ont une capacité d’enseignement et de transformation que l’autodidacte n’a pas. Elles fournissent un cadre : les cours quotidiens, les devoirs, les examens, les activités communautaires et le temps consacré à l’étude. Très rares sont les personnes qui peuvent profiter de tous les bénéfices d’un tel environnement, en restant seules chez elles. Cependant, les institutions ont également leurs faiblesses : la paperasse, l’investissement financier, un cadre plus rigide et souvent la nécessité d’un déménagement. En plus, une école ne remplacera jamais le rôle d’une Église locale. Soyez réalistes dans vos attentes et choisissez de vous focaliser sur les avantages particuliers liés au cadre institutionnel.
5. Veillez sur votre cœur, plus même que sur votre cerveau.
Les notes aident à suivre le progrès académique (ou le manque de progrès !). Mais les notes ne relèvent pas forcément de ce qui est le plus important : votre cœur. Faites le point de temps en temps : mes connaissances me rendent-elles plus humble ? Est-ce que je suis sensible aux signes d’orgueil ? Par exemple : comparaison aux autres (“au moins, je connais plus que lui”), tendance à critiquer (« celui-là ne sait pas de quoi il parle”), attitude du “clanisme” (le style de prédication devient l’élément que nous utilisons pour évaluer un frère ou une sœur avant de prendre en compte son attachement à Jésus). Plus de connaissances de Dieu et de sa gloire devraient nous rendre plus émerveillés par sa grandeur, mais aussi plus humbles face à sa grâce imméritée.
6. Préparez-vous à bosser.
La Bible est comme une mine remplie de trésors. Mais il faut creuser pour les découvrir ! Cela implique un travail ardu.
La Bible est comme une mine remplie de trésors. Mais il faut creuser pour les découvrir ! Cela implique un travail ardu. C’est surtout le cas si nous voulons vraiment apprendre. Pour certains, étudier la théologie permet de simplement valider des idées qu’ils ont déjà. Toutefois, un vrai apprentissage entraîne bien souvent le défi d’être confronté(e) à des idées différentes. Une nouvelle compréhension d’un texte biblique peut secouer une conviction à laquelle nous tenions beaucoup auparavant. Ce processus peut s’avérer déstabilisant et perturbant. Lorsque Paul encourage Timothée pour l’étude de la Parole, il le compare à un ouvrier (2 Tim. 2.15). Alors préparez-vous à un travail qui demandera de la discipline et de la persévérance.
7. Etudiez en communauté.
Une vraie connaissance de sa Parole va approfondir notre relation avec Lui, mais elle va également travailler nos relations avec les autres.
À la fin de l’année, je pose souvent la question aux étudiants : “Qu’est-ce que vous avez retenu le plus cette année ?” Quand je l’ai posée pour la première fois, j’attendais comme réponse le nom d’un cours ou d’un professeur. Mais ce n’est pas la réponse la plus courante. L’aspect le plus formateur est la vie communautaire. Ce n‘est pas surprenant. Nous sommes créés à l’image d’un Dieu profondément relationnel. Une vraie connaissance de sa Parole va approfondir notre relation avec Lui, mais elle va également travailler nos relations avec les autres. Apprendre plus sur l’amour de Dieu implique apprendre à plus aimer. Etudier en communauté nous permet de vivre cette grâce.
L’histoire de l’Église est remplie d’exemples de personnes n’ayant pas reçu une formation en théologie, Dieu les a pourtant utilisées de manière extraordinaire. N’oublions pas que Dieu n’a pas besoin de nous : il n’a certainement pas besoin d’un diplôme en théologie ! Mais c’est un immense privilège pour ceux qui peuvent y consacrer de leur temps. Je vous souhaite des moments d’émerveillement et de joie dans un parcours de préparation pour un ministère.