Dans les cultes dominicaux de mon Église, le prédicateur et tous ceux qui participent à la louange s’assoient sur scène face à l’assemblée.
Dans le passé, je me suis souvent demandé s’ils adoraient vraiment ou s’ils ne faisaient qu’observer ce qui se passe. Quelqu’un qui adore ne devrait-il pas fermer les yeux, lever les mains et donner l’impression qu’il est dans la présence de Dieu ?
Du moins, c’est ce que je me demandais jusqu’à ce que ce soit à mon tour sur scène face à l’assemblée. Quand le chant commence, je contemple le peuple de Dieu louer Dieu. Et c’est incroyable !
Ce que nous voyons
Des yeux sont ouverts, d’autres fermés. Des mains sont levées, d’autres sont baissées. Mais la posture n’est pas le plus important.
Nous chantons le chant du 16e siècle « C’est un rempart que notre Dieu » écrit par Martin Luther et j’aperçois une femme qui, récemment agressée, chanter de tout son cœur « une armure invincible ».
Nous chantons les paroles du cantique du 18e siècle « Coule à flots source de grâce » et je suis profondément encouragé par la personne âgée qui a persévéré dans sa foi pendant des décennies et qui chante encore « prompt à chuter, je le ressens, à trahir le Dieu que j’aime ; Voici mon cœur, je te le tends, jusqu’au ciel qu’il t’appartienne. »
Nous chantons le cantique du 19e siècle « Quel repos céleste » et je vois cet homme dans la quarantaine qui est découragé dans sa lutte contre la colère, chantant à pleine voix « Que repos céleste ! Mon fardeau n’est plus ! libre par le sang du Calvaire. »
Alors que je m’assois et que je regarde, ma propre louange envers Dieu est fortifiée par le chant des autres. Ma foi est fortifiée et élargie par l’œuvre de Dieu dans son peuple.
L’écho des mots
Si nous chantons, c’est que nos nouveaux cœurs en Christ se réjouissent de faire écho à la parole de Dieu qui nous a donné la vie.
Peu importe si nos chants datent du 16e siècle ou d’aujourd’hui, ces chants doivent refléter les Écritures. S’il existe un endroit où la Parole de Dieu doit littéralement « réverbérer », c’est bien au travers des chants de l’Église. Seules les Écritures donnent vie.
Ainsi, tout chant d’assemblée doit être saturé des Écritures, de ces idées, métaphores et paroles.
Lorsque nous chantons ensemble, nous voyons que la louange de nos cœurs, nos confessions et nos résolutions sont partagées.
Nous ne sommes pas seuls. Louer à l’Église c’est autant écouter que chanter. Paul nous commande « Dites-vous des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ; chantez et célébrez de tout votre cœur les louanges du Seigneur » (Eph 5.19, SG21). Si mon chant se doit d’être entendu des autres, c’est que je dois aussi écouter. Parfois, j’aime beaucoup arrêter de chanter pour me laisser porter par les voix autour de moi !
« Ces frères et sœurs ont comme moi un nouveau cœur, une nouvelle identité, mon Seigneur et Sauveur, mon réconfort et mon soutien, mon espérance et mon ambition, ma gloire et ma joie. Je suis avec eux, ils sont avec moi et nous sommes avec Dieu ».
Pourquoi nous chantons
C’est un commandement de Dieu (Col 3.16 ; Ep. 5.19). C’est aussi imiter Dieu, Dieu chante et nous sommes des créatures créées à son image (Soph 3.17 ; Héb 2.12). Ci-dessous trois raisons pour lesquelles je crois que Dieu souhaite que son peuple s’encourage non seulement en prose mais par la poésie et de manière mélodique.
Nous chantons pour garder et affirmer la Parole
C’est par le chant que nous gardons et affirmons la Parole. Dans la Bible, le chant est un des moyens établis par Dieu pour répondre à sa révélation. Le Psalmiste encourage l’assemblée : « Chantez en l’honneur de l’Éternel, bénissez son nom, annoncez de jour en jour son salut ! » (Ps 96.2). Chanter le salut de Dieu implique que l’avons reçu, compris et que nous pouvons le proclamer.
Nous chantons pour vivre des émotions fortes reliées à la Parole de Dieu
Le chant est un moyen unique pour exprimer des émotions fortes et un attachement à la Parole. Nous ne restons pas émotionnellement neutres en chantant. Comme certaines odeurs évoquent un souvenir, certaines mélodies génèrent de la joie, de l’espoir, des envies, de la tristesse. Jonathan Edwards argumente que Dieu nous a donné la musique « pour exciter et exprimer pleinement l’amour des choses de Dieu ». Le Psalmiste entonne de même : « De belles paroles bouillonnent dans mon cœur » (Ps 45.2).
Le chant est le moyen par lequel le peuple de Dieu s’approprie la Parole de Dieu et fusionne ses émotions et ses affections à celles de Dieu.
Ce n’est donc pas surprenant que Paul commande aux Églises de chanter des psaumes. Jean Calvin appelait les Psaumes « L’anatomie de toutes les parties de l’âme ». Les chants inspirés des Psaumes permettent en effet, d’exprimer tout le spectre des émotions humaines. Dans la préface de son commentaire sur les Psaumes, Calvin écrit : « il n’y a pas d’émotion humaine qui ne soit ici représentée comme un miroir. Même, pour mieux dire, le Saint Esprit a ici dépeint toutes les douleurs, tristesses, craintes, doutes, espérances, sollicitudes, perplexités, jusqu’aux émotions les plus confuses qui peuvent nous agiter ». Comment les chrétiens peuvent-ils exprimer de deuil de manière pieuse ? Ou la tristesse, la crainte, le doute ? En faisant écho aux Psaumes, comme Jésus l’a aussi fait.
Même si nos chants ne tirent pas leurs paroles directement des Psaumes, nous devrions considérer l’équilibre des Psaumes en matière de confession, de lamentation, d’exaltation et de reconnaissance et de chercher à l’imiter dans notre répertoire de cantiques. Savons-nous comment nous lamenter dans nos Églises par la musique ? Ou se confesser ?
En faculté de théologie, les pasteurs en formation sont souvent avertis : « L’ancrage rigoureux de la parole dans l’assemblée sera le reflet de la qualité de la prédication en chaire »
C’est la même chose en ce qui concerne le chant et notre capacité de vivre notre louange pendant la semaine. Une Église qui enseigne à son assemblée de chanter Dieu avec son cœur, sera capable de le faire toute la semaine
Nous chantons pour montrer et construire l’unité
Chanter est un moyen de montrer et construire l’unité d’une assemblée. C’est l’exemple du peuple d’Israël :
[Appel] Louez l’Éternel, car il est bon ! Oui sa bonté dure éternellement !
[1ère réponse] Qu’Israël dise : « Oui sa bonté dure éternellement » !
[2e réponse] Que la famille d’Aaron le dire : « Oui sa bonté dure éternellement » !
[3e réponse] Que ceux qui craignent l’Éternel le disent : « Oui sa bonté dure éternellement » ! (Psaume 118.1-4 ; voir aussi 124.1 ; 129.1 ; 136).
Le psalmiste fait une déclaration et demande à trois groupes de répondre en écho : la nation, les prêtres et ceux qui craignent Dieu (ce qui pourrait même inclure les étrangers parmi eux !). La phrase « sa bonté dure éternellement » est la source de l’unité et la poésie (peut-être aussi la musique) encourage le peuple à partager cette vérité glorieuse.
Quand Paul commande le chant, il donne un contexte : « Que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans votre cœur. Et soyez reconnaissants. Que la parole de Christ habite en vous dans toute sa richesse! […] par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur de tout votre cœur. » Prenez note de la pensée de Paul : nous devons vivre en paix, étant appelés à former un seul corps. Nous sommes appelés à être reconnaissants. Et nous pouvons le faire en chantant ensemble la Parole de Christ !
En effet, le plus bel instrument pour tout culte chrétien est le son uni des voix d’une assemblée !