×
Parcourir

« J’arrive très bien à vivre ma foi tout seul » : bien des chrétiens ont pris le parti de ne pas fréquenter d’église locale. Ils se nourrissent spirituellement par un culte personnel quotidien ou des cultes de famille (c’est très bien), en écoutant des prédications sur internet (on ne peut que l’encourager si le prédicateur tient la route) ou en se connectant régulièrement sur le site d’Evangile 21 (on applaudit !). Mais est-ce suffisant ? Peut-on, sous prétexte qu’aucune église n’est parfaite, que les chrétiens nous déçoivent ou que les anciens sont faillibles, devenir un chrétien « non-églisé »? La Bible répond « non ».

Un problème théologique et un problème pratique

Une telle démarche soulève en effet un problème théologique : Dieu n’a pas fait alliance avec des individus éparpillés, mais avec un peuple, une famille. Un nouveau converti devient non seulement enfant adoptif de Dieu, mais aussi frère et sœur des autres enfants adoptifs de Dieu. Vouloir vivre sa foi tout seul, c’est ressembler à un enfant de deux ans qui fugue de la maison en pensant qu’il sera mieux tout seul.

Ce qui conduit évidemment à un problème pratique : cet enfant de deux ans qui veut vivre sans sa famille ne tiendra pas longtemps. Il ne progressera pas, ne s’affermira pas et ne sera pas équipé pour affronter les défis de la vie. Pourquoi ? Parce que l’être humain a été créé pour avoir des relations, lesquelles sont vitales pour son développement. C’est encore plus vrai dans la famille de Dieu : l’église locale est le cadre que Dieu a prévu pour notre croissance.

Des relations restaurées par Jésus-Christ

Certains rétorqueront que les autres chrétiens sont trop décevants. C’est parfois vrai, et la raison en est simple : l’entrée du péché dans le monde a mis à mal la beauté des relations telle que prévue à l’origine. Créés pour vivre des relations caractérisées par l’amour – à l’image de l’amour que le Dieu trinitaire vit de manière parfaite en lui-même –, les êtres humains transpirent bien souvent d’un individualisme et d’un égoïsme indéniables dans leurs relations. La superficialité est aussi de mise. Quant aux déceptions et aux blessures, elles sont monnaie courante.

Cependant, un chrétien qui a compris le message de l’Evangile ne s’arrête pas à ce constat : il se souvient que Jésus-Christ est venu apporter non seulement une réconciliation verticale (entre Dieu et les hommes), mais aussi une réconciliation horizontale (entre les hommes eux-mêmes). Le mur de séparation a été détruit entre nous (Ephésiens 2.13-16) et il a rapproché des jeunes et des personnes âgées, des riches et des pauvres, des Palestiniens et des Israéliens, des universitaires et des gens plus simples, des amateurs de jeux vidéo et des adeptes de tricot. Tous sont unis en Christ et manifestent cette unité en vivant au sein d’une même église locale.

Comprendre ensemble l’amour de Dieu

Cette unité ne doit pas en rester au stade de la cohabitation. Elle doit être vécue concrètement, elle doit amener ces nouveaux frères et sœurs à grandir ensemble, à changer ensemble. De même que l’école est obligatoire comme organe de formation pour les enfants, de même l’église est obligatoire pour les enfants de Dieu comme agent de transformation. De quelle manière, exactement ?

L’église locale permet tout d’abord à ses membres de grandir ensemble dans la compréhension de l’amour de Dieu. Dans Ephésiens 3.14-19, l’apôtre Paul demande que les Ephésiens soient enracinés et fondés dans l’amour, « pour être capables de comprendre avec tous les saints » l’ampleur de l’amour de Dieu. L’amour de Dieu est tellement infini, tellement profond, que nous avons besoin du témoignage et des exhortations de « tous les saints » pour en saisir un peu mieux la mesure. C’est là un appel à ne pas se « gêner » de parler de ce que Dieu a accompli dans notre vie. Trop souvent, nous préférons parler de banalités à la fin du culte : le programme de nos prochaines vacances, la Coupe du monde de football, les progrès de nos enfants, alors que l’église de Dieu devrait être le lieu où l’on médite ensemble sur la fidélité de Dieu, son amour et son action dans nos vies.

Nos frères et sœurs font ressortir notre péché

L’église locale est ensuite un outil formidable pour nous aider à prendre conscience de notre propre péché. Plutôt que de voir nos frères et sœurs comme des casse-pieds qui ravissent notre joie, nous devrions les considérer comme des instruments de sanctification. Devant un frère qui nous agace facilement, nous pourrons par exemple prendre conscience de notre irritabilité et de notre impatience, puis initier le changement. Avec une sœur qui parle tout le temps, nous nous rendrons compte de notre difficulté à vraiment écouter, de notre tendance égoïste à vouloir nous mettre en avant. En entendant certains raconter leur vie, nous découvrirons peut-être que la jalousie se tapit dans notre cœur, ou que l’ingratitude et l’amertume nous rongent devant ce que les autres ont et que nous n’avons pas. Tous ces constats nous amèneront à une prise de conscience, à la repentance et au désir sincère de changer, de pardonner, d’aimer et de vivre, in fine, une unité réelle entre nous.

Viser la maturité

C’est donc souvent à travers l’église locale que l’on grandit en maturité et en sainteté, ce qui constitue d’ailleurs le but de notre vie. On pourra prendre exemple sur la générosité de tel membre, sur l’amour et la patience de tel autre, sur l’intégrité et l’attachement à la Parole de Dieu de tel autre, et ainsi de suite. Chacun a des points forts, des qualités que nous devrions chercher à imiter, des dons qui visent au « perfectionnement des saints », selon Ephésiens 4.12-13 : « Cela en vue de l’œuvre du service et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ ». Le changement se fait donc en équipe !

De même qu’un joueur de football ne deviendra jamais bon s’il joue tout seul dans son jardin, de même un chrétien ne progressera jamais vraiment s’il ne travaille pas avec ses coéquipiers. Or si vous êtes chrétien, vous faites déjà partie de l’équipe : vous avez reçu le maillot lorsque vous Christ vous a attirés à lui. La question qui se pose : allez-vous rester sur la touche, seul chez vous, ou allez-vous jouer avec l’équipe, profiter des talents de vos coéquipiers pour progresser et vous mettre au service de l’équipe pour qu’elle devienne toujours meilleure ?

EN VOIR PLUS
Chargement