La Pâque ne marquait pas seulement le point culminant des dix plaies, mais aussi la naissance de la nation. Pharaon en avait certainement assez de Moïse; Dieu en avait assez de Pharaon. Cette dernière plaie a fait disparaître tous les premiers-nés du pays, c’est-à-dire le symbole de sa force, l’orgueil de la nation et son espérance. En même temps, par sa forme, elle a donné à Dieu l’occasion d’enseigner quelques leçons importantes aux Israélites de façon imagée. Si l’Ange de la mort devait traverser le pays, qu’est-ce qui lui permettrait de différencier les maisons où la mort devait frapper, de celles où il devait passer outre?
Dieu demande aux Israélites de se rassembler dans leurs maisons, chacune accueillant assez de monde pour consommer en entier un agneau d’un an. Il leur donne des instructions détaillées sur la manière de l’apprêter. Ce qui frappe dans ces instructions, c’est l’obligation d’asperger du sang de l’agneau le linteau et les montants des portes: « Je verrai le sang, je passerai au-dessus de vous » (Exode 12.13). C’est suffisamment important pour que Moïse répète: « Quand l’Éternel traversera l’Égypte pour frapper et qu’il verra le sang sur le linteau et sur les deux poteaux, l’Éternel passera pardessus la porte et ne laissera pas le Destructeur entrer dans vos maisons pour (vous) frapper » (v. 23). À cause du sang, Dieu « passera par-dessus » les maisons israélites. Ainsi est née la Pâque (le mot Pâque en hébreu signifie passer outre).
On ne peut surestimer l’importance de cet événement. Il marque non seulement la libération des Israélites de l’esclavage, mais également S l’aube d’une nouvelle alliance avec leur rédempteur. Mais il sert en même temps d’illustration saisissante: des gens coupables sont frappés par la mort; la seule manière d’échapper à ce verdict consiste à sacrifier un agneau à la place de ceux qui sont condamnés à mort. Le peuple est même invité à changer les références de son calendrier (v. 2-3) et à commémorer cette fête à perpétuité, notamment en apprenant aux enfants à naître ce que Dieu a fait pour cette nation nouvelle, et comment il a épargné ses fils premiersnés la nuit où il les a rachetés (v. 24-27).
Un millénaire et demi plus tard, Paul rappellera aux croyants de Corinthe que le Christ Jésus, notre Agneau pascal, a été sacrifié pour nous, inaugurant ainsi une alliance nouvelle (1 Corinthiens 5.7; 11.25). La nuit où il a été livré, Jésus a pris du pain et du vin, et a institué un nouveau rite de commémoration. Cela s’est passé lors de la fête de Pâque, comme si le nou- veau rite rattachait l’ancien à ce qu’il préfigurait: la mort de Christ. Le calendrier est de nouveau modifié; une nouvelle rédemption, en apothéose, vient d’être accomplie. Dieu passe de nouveau au-dessus de ceux qui sont en sécurité grâce au sang de son Fils.