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Comment vous sentez-vous une fois que Noël est passé ? Triste ? Soulagé ? Nostalgique ? Seul ? Frustré ? Ballonné ? Impatient de voir les 347 jours, 7 heures, 43 minutes et 2 secondes qui vous séparent du prochain Noël s’écouler le plus vite possible ? (selon le temps calculé par xmasclock.com au moment où j’ai rédigé cette phrase.)

Jusqu’à cette année, ce qui dominait chez moi était cette sensation de déception qui atteignait son apogée au moment où il fallait enlever les décorations du sapin de Noël. Toutes ces belles décorations, accrochées avec soin, amassées au fil des années, ne verront pas la lumière du jour pendant les onze mois à venir. Fini la lumière chaleureuse des guirlandes lumineuses dans le sombre salon. Fini la musique de Noël (d’accord, il m’arrive d’en écouter une discrètement au milieu de l’année). Toute cette anticipation a disparu. Les journées de congé sont terminées.

En rangeant délicatement chaque décoration de Noël, au lieu de me sentir déprimé, j’ai ressenti une certaine anticipation, une impression d’aller de l’avant avec Jésus dans la nouvelle année qui démarre.

Cette année, je vécu une expérience différente. Peut-être est-ce dû aux inquiétudes liées aux soucis de santé que traversent certains membres de ma famille, qui ont relégué ma nostalgie grandissante au second rang. Je ne sais pas. Mais en rangeant délicatement chaque décoration de Noël, au lieu de me sentir déprimé, j’ai ressenti une certaine anticipation, une impression d’aller de l’avant avec Jésus dans la nouvelle année qui démarre. C’était une agréable surprise. J’ai beau aimer garder en souvenir certains moments festifs, y repenser régulièrement, et peut-être même m’en servir pour me protéger des aspects moins réjouissants du quotidien, le temps ne s’arrête pas pour autant. Je repense à la description que fait C. S. Lewis de Narnia, sous le règne de la Sorcière Blanche : « C’est toujours l’hiver, mais jamais Noël [1]». Je dois veiller à ne pas soupirer après l’inverse : une vie se résumant à « C’est toujours Noël, mais jamais l’hiver. »

Les Églises qui suivent le calendrier liturgique vont passer de la saison de l’Avent-Noël-Épiphanie pour entrer dans le « temps ordinaire » (les semaines qui se situent entre l’Épiphanie et le début du Carême). D’ailleurs, la plus grande partie de l’année dans la vie de l’Église se déroule dans cette période du « temps ordinaire » (33 semaines environ, qui suivent les Carême-Pâques-Pentecôte et se terminent à l’Avent). À mon avis, cela est très significatif. Notre culture est très attachée à cette joyeuse attente de la prochaine fête à préparer. Je prends en exemple notre magasin de quartier, qui a mis les cartes de la St-Valentin sur les rayons le 24 décembre ! Pourtant, une grande partie de la vie chrétienne est vécue en dehors de ce temps de célébration de Noël.

Notre culture est très attachée à cette joyeuse attente de la prochaine fête à préparer … Pourtant, une grande partie de la vie chrétienne est vécue en dehors de ce temps de célébration de Noël.

Jésus a lui aussi vécu cette réalité. Le tumulte d’une naissance dans une mangeoire, de bergers stupéfaits, d’une étoile, de mages qui amènent leurs présents, a été suivi de trente années de vie ordinaire. Il a appris son métier ; il a appris à aimer davantage ses frères et sœurs et à honorer ses parents. Luc a sondé les profondeurs des Écritures et décrit Jésus ainsi :

« Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2.52)

Jésus n’était pas là pour faire passer le temps. Chaque journée vécue lui donnait l’occasion de grandir en amour pour Dieu et son prochain. Chaque journée signifiait une dalle de plus posée sur la route que le Père avait prévu d’avance pour lui. Il en est de même pour nous.

Notre culture ambiante anticipe déjà la Saint Valentin. Ce n’est pas mon cas (je m’en excuse auprès de ma femme). Cette année, j’étais heureux de ranger les décorations et les lumières et de contempler le sapin vide dont la couleur verte (quoique décolorée) représente ce « temps ordinaire ». Nous sommes en hiver, et ce n’est plus Noël ici, à Glenside, mais chaque journée ordinaire est lourde de sens. Peut-être que comme moi, vous entendez le Psalmiste vous murmurer à l’oreille, alors que vous vous apprêtez à démarrer une nouvelle année : « enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que notre cœur parvienne à la sagesse ! » (Ps 90.12)

 

[1]     C.S Lewis, Le Monde de Narnia, Tome 2 : Le Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique

 

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