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J’ai décidé de lui en parler. C’est un collègue ancien. En général, il est bon d’être transparent avec la bonne personne, au moment opportun.

« Je n’ai pas retenu grand-chose de la prédication de dimanche. » En réalité, je voulais dire : « je n’ai rien retenu du tout ». J’aurais préféré confesser n’importe quoi, mais pas ça. N’importe quoi. Apprendre fait partie de mon travail, surtout de me laisser enseigner par les Écritures, et j’avais échoué. Pire encore, ma femme, elle, avait retenu quelque chose de la prédication.

Il a répondu vaguement, comme en passant : « Oh, moi non plus ». J’ai été surpris par la désinvolture de sa réponse, comme si cela s’était déjà produit auparavant.

« Je ne vais pas à l’église pour entendre une grande prédication », a-t-il-continué. « J’y vais parce que ces personnes sont ma famille ».

Au fil du temps, il avait grandi en maturité et changé grâce à la prédication de la Parole. Nous avions également discuté et prié ensemble à propos de certaines prédications. Mais il n’attendait pas le dimanche matin pour nourrir son âme. L’Écriture était vivante pour lui tous les jours.

Nous pouvons naturellement dériver vers la conception de l’église comme étant pasteur-centrique, d’où surgit l’inévitable question : est-ce que j’apprécie le pasteur ? Ou encore : répond-il à mes attentes ?

C’est ainsi que j’ai commencé à réduire mes attentes vis-à-vis de l’église locale. Depuis, j’ai découvert que c’était une attitude sage. Bien sûr, nous avons des attentes – comme le baptême, la Sainte Cène, la sainte doctrine, prêcher Christ crucifié, la prière – mais apprendre au moins une nouvelle chose par la prédication et avoir un temps de louange digne d’une grande scène n’en font pas partie. Je ne m’attends pas non plus à rester assis passivement et vivre une expérience semblable à celle que j’ai vécue en visionnant mon dernier film. À présent, voici à quoi je m’attends le dimanche matin : je veux prier pour le prédicateur, venir en étant préparé à participer activement à la louange, prendre quelques notes, chercher à connaître une nouvelle personne afin de savoir comment prier pour elle, et parler à ma femme du passage étudié.

Pourquoi allons-nous à l’église ? C’est une question qui mérite qu’on se pose plus souvent, et particulièrement en ce moment. Cette question en soulève une autre : quelles sont nos attentes ? Sur quels critères implicites – et erronés – jugeons-nous une église ? Deux critères me viennent rapidement à l’esprit. Le premier critère remonte à ces sermons dominicaux : le pasteur et ses sermons deviennent l’église. Nous pouvons naturellement dériver vers la conception de l’église comme étant pasteur-centrique, d’où surgit l’inévitable question : est-ce que j’apprécie le pasteur ? Ou encore : répond-il à mes attentes ? Ce critère est d’autant plus important aujourd’hui, alors que nos contacts avec notre famille d’église sont réduits et que les pasteurs prédicateurs sont plus nombreux. À cela s’ajoute la possibilité d’écouter de « meilleurs » prédicateurs en ligne !

Le deuxième critère implicite consiste à croire que l’église est composée de personnes qui sont « d’une même pensée » que nous. Cette notion mérite toutefois d’être examinée de plus près. Nous savons ce que cela devrait signifier – nous avons été rachetés par Jésus, nous nous reposons en lui et vivons pour lui – mais nous avons tous nos convictions et nos attentes. La plus évidente, qui s’est récemment et brusquement imposée à nous, est que nous voulons une église qui partage les mêmes idées politiques. Ce dernier élément de notre « même pensée » s’est ajouté à tant d’autres nuances que nous croyons devoir être partagées par tous les membres de notre église locale. Ce dernier élément est, bien évidemment, une tragédie et une abomination, mais c’est ce qui est en train de se produire.

Après notre mariage, ma femme disait qu’elle aurait pu épouser n’importe quel homme, du moment qu’il soit un croyant mature en Christ qui cherche à contribuer à la croissance de ceux qui l’entourent. Bien évidemment, j’ai soutenu que moi, et moi seul, avais été choisi pour elle depuis la fondation du monde. Mais, comme vous pouvez l’imaginer, j’ai appris à grandement apprécier ses attentes minimales envers un conjoint. Elle est satisfaite dans son mariage avec un homme qui ne réussit pas toujours à la combler dans des critères de base, et elle n’est pas encline à en chercher un autre.

Faire partie du corps de Christ c’est être un pasteur ; pas nécessairement un pasteur ordonné, mais un pasteur dans le sens où nous sommes tous appelés à prendre soin des âmes autour de nous. Pas question d’être passifs.

Ainsi, en suivant l’exemple de ma femme, je cherche à ajuster mes attentes envers l’église locale. Je les résume ainsi : faire partie du corps de Christ c’est être un pasteur ; pas nécessairement un pasteur ordonné, mais un pasteur dans le sens où nous sommes tous appelés à prendre soin des âmes autour de nous. Pas question d’être passifs. J’ai été rendu à la vie en Christ, et il y a beaucoup à faire, à l’instar de l’église primitive. « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Ac 2.42). Et au beau milieu de ces activités, je souhaite prendre régulièrement le temps de m’évaluer en tant que membre de la famille de mon église locale.

 

[Note de l’éditeur : l’original de cet article en anglais a été publié le 27 décembre 2020, lorsque la pandémie de Covid imposait des périodes de confinement ou d’isolement dans beaucoup de pays.]

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