L’amour sacrificiel
Avant tout, aimer jusqu’à en souffrir, c’est aimer les autres suffisamment pour les servir de façon sacrificielle. Nous trouvons un exemple frappant de ce type d’amour dans Jean 13, lors de l’une des interactions les plus mémorables du Seigneur avec ses disciples. Comme ils avaient l’habitude de le faire, les disciples s’étaient querellés pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume de Dieu. En dépit de leur relation intime avec Christ et les places de choix qu’ils occupaient tout au long de son ministère public, ils étaient souvent préoccupés par leur propre bien-être, leur prospérité et leur avenir. En fait, Jacques et Jean ont eu l’audace suprême d’envoyer leur mère demander à Jésus si, dans le royaume, ils pourraient occuper les sièges à sa droite et à sa gauche (Mt 20.20,21). Les autres disciples étaient furieux – non pas parce que c’était un manque d’intégrité spirituelle, mais parce que la requête les excluait. Dans ce cas, Christ les a avertis des épreuves qu’il allait bientôt subir, leur expliquant qu’il était venu « pour donner sa vie comme la rançon de beaucoup » (v. 28). Mais les disciples, indifférents à ses paroles, ont continué́ à se battre pour obtenir une place dans le royaume, jusqu’à la nuit de la trahison et de l’arrestation de Christ (Lu 22.24).
Étonnamment, ce Dieu souverain, sauveur, gardien et éternel a ignoré la laideur, l’égoïsme, l’indifférence, l’orgueil des disciples soucieux de satisfaire leurs ambitions personnelles, et il les a aimés sans limites.
C’est la scène qui se déroule à l’approche de la chambre haute, dans Jean 13.1. À la fin du verset, nous lisons : « Ayant aimé́ les siens qui étaient dans le monde, il mit le comble à son amour pour eux. » Étonnamment, ce Dieu souverain, sauveur, gardien et éternel a ignoré la laideur, l’égoïsme, l’indifférence, l’orgueil des disciples soucieux de satisfaire leurs ambitions personnelles, et il les a aimés sans limites. C’est le premier point que Jean souligne au chapitre 13. Christ les a aimés jusqu’au bout, jusqu’au maximum absolu de sa capacité divine.

Demeurez fermes
John MacArthur
Au fur et à mesure que le croyant approfondit sa compréhension des vérités spirituelles et qu’il tourne son cœur vers Dieu, son ancienne vie marquée par le péché perd de son attrait.
La vie chrétienne est un véritable combat pour la sainteté. Notre vocation à être mis à part nous place dans la ligne de mire d’une culture qui s’oppose à la vérité de Dieu. Même si le monde qui nous entoure change, notre combat reste le même. Pour résister à la tentation de faire des compromis quant au péché ou de fuir la souffrance, les chrétiens doivent s’accrocher à la Parole de Dieu. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mener une vie qui plaît au Seigneur.
Dans ce livre, John MacArthur nous présente un plan de bataille fondé sur la Parole de Dieu qui nous aidera à rester fidèles au Seigneur. Dieu a révélé quel comportement nous devons adopter au sein d’un monde hostile. Par sa Parole et son Esprit, il nous fournit tout ce dont nous avons besoin pour persévérer dans la sainteté, l’humilité et l’amour.
La suite du passage illustre comment Jésus a manifesté cet amour. Jean écrit : « Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était sorti de Dieu et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite, il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (v. 3-5).
Un certain contexte est utile pour comprendre la valeur et la solennité du service humble et aimant que Christ a rendu. Dans la culture juive de l’époque, il était habituel de se laver les pieds chaque fois qu’il y avait un repas comme celui-ci. Les gens portaient des sandales, et sur ces chemins poussiéreux et boueux, leurs pieds se salissaient. De plus, les repas comme celui-ci avaient tendance à se prolonger. Les hôtes ne se dispersaient pas rapidement pour s’adonner à une autre activité ; ils passaient souvent trois ou quatre heures ensemble. Ce type de repas pouvait durer toute la soirée. Et en général, ils ne s’asseyaient pas droit sur des chaises dures, mais adoptaient plutôt une position inclinée, confortable, qui les rapprochait des pieds d’un autre invité. C’est pourquoi la simple courtoisie voulait qu’un serviteur, généralement l’esclave le plus humble de la maison, soit chargé de laver les pieds de tous les convives.
Or, ce soir-là, aucun domestique n’avait été prévu pour accomplir cette besogne. Une chose est sûre : les disciples ne se chargeront pas de cette tâche, car aucun d’entre eux ne veut connaître cette humiliation. En dépit des années passées ensemble dans la fraternité, chacun d’entre eux se croyait apparemment supérieur à celui qui s’abaisserait à accomplir cet acte de courtoisie au profit des autres. Comprenant qu’aucun d’entre eux n’entreprendrait cette tâche si évidente et nécessaire, le Seigneur s’en est chargé. Le Fils de Dieu se leva de la table, prit les ustensiles nécessaires et commença humblement à laver les pieds des disciples.
Les Écritures rapportent la réponse de Pierre, qui est probablement un indice de la réaction des autres. Il lui dit : « Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! » Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt » (Jn 13.6,7). Pierre ne pouvait pas apprécier la solennité de ce qui se passait ; aucun d’entre eux ne le pouvait. Christ faisait une démonstration de son humilité – pas simplement en tant qu’homme lavant les pieds d’un autre, mais en tant que Seigneur et Créateur de l’univers, venu chercher et sauver les perdus. C’est le même genre d’humilité que l’apôtre Paul décrit dans sa lettre aux Philippiens : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ : existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2.5-8). Le lavement des pieds de ses disciples était une manifestation extérieure de l’humiliation que Christ avait déjà endurée et qu’il continuerait à endurer jusqu’à la croix.
Peu de gens ont l’audace de donner des ordres au Seigneur du ciel, mais Pierre était l’un d’entre eux. Il n’avait aucun scrupule à dire au Seigneur ce qu’il devait faire. « Pierre lui dit : Non, jamais tu ne me laveras les pieds ! Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi » (Jn 13.8).
Lorsque le disciple impétueux comprit que cela pourrait compromettre sa relation avec Jésus, il changea rapidement d’avis. « Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. Jésus lui dit : Celui qui est baigné n’a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur ; et vous êtes purs, mais non pas tous » (v. 9,10). On ne prend pas un bain complet chaque fois qu’on se salit les mains ou les pieds. De même, les croyants n’ont pas besoin de la purification et de la régénération complète de la nouvelle naissance à chaque fois qu’ils pèchent. Une fois que la justice de Christ nous a été imputée, nous n’avons besoin que du lavage de l’œuvre sanctifiante de l’Esprit qui se poursuit tout au long de la vie du croyant.
Jésus a cependant fait remarquer qu’ils n’étaient pas tous purs ; il a désigné Judas par implication : « Car il connaissait celui qui allait le livrer ; c’est pourquoi il a dit : Vous n’êtes pas tous purs » (Jn 13.11). Jésus connaissait le cœur de ses disciples. Il connaissait les passions impulsives de Pierre et savait que son disciple bien-aimé le renierait trois fois, plus tard dans la soirée (v. 38). De même, il savait que Judas le trahirait bientôt et alors qu’il était assis à table, son cœur appartenait déjà à Satan. Et pourtant, Jésus s’est penché pour laver aussi les pieds de son traître.
Le récit de Jean de cette soirée dans la chambre haute se poursuit ainsi :
Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit : Comprenez- vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé (v. 12-16).
En d’autres termes, Jésus leur disait : « Si vous n’êtes pas prêts à vous abaisser et à rendre le plus abject des services au profit de quelqu’un d’autre, si vous n’êtes pas prêts à assumer le rôle le plus humble d’un esclave et à laver les pieds d’autrui, alors vous faites réellement comprendre que vous m’êtes supérieurs. » Les paroles de Christ auraient transpercé leurs consciences. Elles devraient aussi percer la nôtre. Sommes-nous vraiment prêts à nous humilier pour répondre aux besoins des autres ? Ou affichons-nous l’idée orgueilleuse d’être au-dessus de ce genre de service – que quelqu’un d’autre s’en chargera ? Jésus a clairement montré que si nous pensons être trop bons pour nous mettre au service des autres, nous faisons en réalité clairement comprendre que nous lui sommes supérieurs.
Notre volonté de servir humblement et de nous sacrifier avec amour est un témoignage rendu à notre Sauveur.
D’autre part, notre volonté de servir humblement et de nous sacrifier avec amour est un témoignage rendu à notre Sauveur. Christ le dit explicitement lui-même : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13.34,35). Nous devons suivre l’exemple de Jésus et être prêts à mettre de côté notre importance et notre orgueil pour servir de façon sacrificielle ceux que nous voyons dans le besoin. Aimer jusqu’à ce que cela fasse mal, c’est se sacrifier au profit des autres.
Jésus a résumé le lien entre l’amour et le sacrifice dans sa déclaration monumentale : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15.13). Aimer et servir les autres peut exiger le sacrifice suprême. Dans Philippiens 2.17, Paul écrit : « Et même si je sers de libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi, je m’en réjouis et je me réjouis avec vous tous. » Paul a servi Christ en servant son Église, et cela lui a coûté la vie. Dans son épître aux Galates, il écrit : « Je porte sur mon corps les marques de Jésus » (Ga 6.17). Toutes les cicatrices qui lui ont été infligées tout au long de son ministère – des cicatrices de fouets, de bastonnades, de lapidation, de mise au carcan et que sais-je encore – étaient toutes des insignes du service sacrificiel de Paul. Elles l’ont marqué comme un homme qui a littéralement donné sa vie pour les autres.
Nous devons cultiver cette même humilité et cette volonté de nous dépenser et de nous sacrifier pour autrui. Nous devons être prêts à renoncer à notre temps, à nos priorités, à notre statut social, à notre confort, et même à notre vie en prenant soin des autres. Lorsque nous voyons des gens à qui il faudrait symboliquement « laver les pieds », nous devrions saisir l’occasion. Aimer jusqu’à en souffrir, c’est aimer suffisamment les autres pour sacrifier tout ce que nous avons – y compris nous-mêmes.