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Réunis par la gracieuse initiative de Dieu

L’Église locale est donc un rassemblement. Or, nous ne nous rassemblons pas nous-mêmes, de notre propre initiative, avec nos propres forces. Nous ne sommes un rassemblement que parce que Dieu nous attire ensemble. C’est lui qui fait de nous un corps, et c’est lui qui, semaine après semaine, rassemble le corps le jour du Seigneur. 

Nous nous réunissons par la grâce de Dieu. 

Lorsque nous reconnaissons que le rassemblement du peuple s’opère à l’initiative de Dieu, cela recadre la façon dont nous concevons le culte collectif. Voici ce que je veux dire: il est courant d’entendre les gens décrire l’adoration comme « notre réponse à Dieu ». Bien que cette définition comprenne une vérité essentielle, elle n’est pas complète. Avant que nous répondions à Dieu, Dieu œuvre d’abord en nous. 

Le culte collectif

Le culte collectif

Éditions Cruciforme & Evangile21. 219 pages.

Quel est le rôle du culte collectif dans l’Église ? Parmi les chrétiens qui viennent adorer Dieu à l’église chaque semaine, beaucoup ne savent pas exactement ce qu’est l’adoration ni pourquoi ils la pratiquent. Pour certains, c’est un échauffement pour être mieux préparé à écouter le sermon. Pour d’autres, c’est un moment « seul à seul » avec Jésus. Comment devrions-nous considérer le culte collectif d’un point de vue biblique ?

Dans ce livre, Matt Merker montre que le culte collectif est le rassemblement du peuple de Dieu par la grâce du Seigneur, pour sa gloire et pour le bien des croyants, devant un monde qui les observe. Il propose des pistes de réflexion bibliques et des suggestions pratiques pour faire du culte ce qu’il devrait être : un avant-goût de l’adoration commune et éternelle du peuple de Dieu dans la nouvelle création.

Éditions Cruciforme & Evangile21. 219 pages.

Pensez à Romains 12.1, l’un des versets les plus célèbres du Nouveau Testament sur le culte. Il y est question de servir Dieu par toute notre vie, pas seulement le dimanche. Toutefois, il illustre un point important. Paul dit ceci : « Je vous exhorte […] à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. » C’est ce que nous sommes appelés à faire, du dimanche au samedi, à chaque instant. Nous nous offrons entièrement à la gloire de Dieu. 

Mais comment des pécheurs comme nous peuvent-ils faire une telle chose? Uniquement grâce à la miséricorde et à la souveraineté de Dieu. Nous ne devons pas oublier que Paul lance cet appel « par les compassions de Dieu » (Ro 12.1). Nous pouvons nous offrir nous-mêmes à Dieu uniquement parce que Christ s’est d’abord offert à nous. Puis, nous ayant sauvés, Dieu suscite souverainement en nous ce qu’il nous demande. Dans le verset qui précède immédiatement celui-ci, Paul explique : « C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles ! » (Ro 11.36.) À lui sont toutes choses, certes. Néanmoins, toutes choses sont aussi de lui et par lui. Cela inclut les corps et les vies que nous lui offrons en retour. Cela inclut notre culte, tant individuel que collectif. Ainsi, lorsque nous adorons Dieu, c’est Dieu lui-même qui œuvre en nous, et « produit en [nous] le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Ph 2.13). 

Le culte est d’abord l’œuvre de Dieu, avant d’être la nôtre

Réfléchissons à la manière dont cette vérité devrait inspirer nos rassemblements communautaires. Dieu prend l’initiative lorsque l’Église se réunit. Pour le dire aussi clairement que possible, le culte est d’abord l’œuvre de Dieu, avant d’être la nôtre. Dieu le Père nous permet de l’honorer dans et par notre médiateur, Dieu le Fils, par la puissance de Dieu l’Esprit. Notre culte prend sa source dans le Dieu trinitaire et résonne à la gloire éternelle du Dieu trinitaire. 

Imaginez une famille avec de jeunes enfants échangeant des cadeaux le matin de Noël. Jonathan, 5 ans, et Anna, 3 ans, n’ont pas d’argent à eux. Pourtant, ils sont impatients d’offrir un magnifique collier en or à leur maman et une nouvelle trousse à outils à leur papa. Comment ont-ils payé ces cadeaux ? Leurs parents les ont achetés, bien sûr. Mais cela ne rend pas Jonathan et Anne moins sincères en les offrant. Et les parents n’en sont pas moins heureux de les recevoir. 

De la même manière, le culte collectif est un don que nous recevons et que nous rendons à Dieu, le divin donateur de toutes choses. Comme l’affirment les théologiens, le Dieu trinitaire est à la fois le principal « sujet » et le principal « objet » de notre culte. 

On entend fréquemment certains appeler ce que fait une Église le dimanche matin un « service d’adoration ». C’est vrai, mais il faut placer l’accent là où il doit être: Dieu nous sert avant que nous le servions. Il nous sert. Il nous bénit. Il se révèle à nous. Il déverse grâce sur grâce imméritée. Ce n’est qu’une fois qu’il nous sert que nous le servons. Et même alors, nous le servons avec la force que lui seul nous donne. 

Voyez comment Dieu nous permet de l’adorer en premier lieu. 

Dieu le Père connaît d’avance et prédestine un peuple pour lui-même sur la base de sa propre volonté d’amour (Ro 8.29 ; Ép 1.4,5 ; 1 Pi 1.1,29). Il appelle les pécheurs à lui faire confiance, il justifie les coupables, et il nous transforme d’idolâtres en adorateurs (Ro 8.30; 1 Co 6.11; Ép 2.5; 1 Th 1.9). 

Dieu le Fils est l’adorateur parfait. Il a mené une vie qui plaisait pleinement au Père. Il s’est ensuite offert en sacrifice à notre place, il a été le médiateur d’une nouvelle alliance avec nous et, aujourd’hui encore, il intercède pour nous (Mt 26.28 ; Hé 7.25, 9.15, 10.12), ouvrant la voie pour que nous puissions nous approcher de Dieu (Hé 10.22). 

Dieu l’Esprit illumine nos cœurs pour qu’ils connaissent le Père par l’intermédiaire du Fils, il nous permet d’invoquer Jésus comme Seigneur, nous régénère de la mort à la vie et prie pour nous (Jn 3.6-8 ; 1 Co 2.10-12 ; 12.3 ; Ro 8.26,27). 

Non seulement Dieu suscite-t-il notre adoration en premier lieu, mais il nous sert chaque fois que nous nous réunissons : 

  • Dieu manifeste sa présence au milieu de nous : « Je suis au milieu d’eux » (Mt 18.20) ; « Dieu est réellement au milieu de vous » (1 Co 14.25). 
  • Dieu se révèle à nous, nous instruit et nous réconforte par sa Parole lue, chantée et prêchée (Col 3.16 ; 2 Ti 3.16,17 ; 4.2 ; Hé 4.12 ; 2 Pi 1.21). 
  • Dieu nous accorde la participation au corps et au sang de Christ lors de la sainte cène (1 Co 10.16,17). 
  • Dieu convainc et convertit les non-croyants par l’enseigne- ment de l’Église (1 Co 14.24,25). À l’image de la vision d’Ézéchiel d’ossements morts qui, à la prédication de la Parole de Dieu, reviennent à la vie (Éz 37), Dieu accorde la foi à l’écoute de la Parole de Christ (Ro 10.17).
  • Dieu édifie le corps lorsque les croyants utilisent les dons que leur confère l’Esprit Saint pour se fortifier mutuellement (Ép 4.11-16 ; 1 Co 12.7 ; 14.26). 

Bryan Chapell le résume bien : « Dieu n’est pas seulement le principal auditoire de notre culte ; par sa Parole et son Esprit Saint, il est aussi le véritable orateur, chanteur et prieur10. » 

Voici plusieurs raisons pour lesquelles cette vérité est importante : 

  1. Premièrement, l’accent mis sur l’initiative de Dieu met en évidence les dimensions trinitaires du culte collectif. Dieu le Père rassemble ceux qui sont unis à Christ dans la présence de son Esprit Saint. Grâce à la présence de l’Es- prit, nous sommes en communion avec le Père en Christ, notre médiateur, en écoutant sa Parole et en participant à sa sainte cène. 
  2. Deuxièmement, le fait d’apprécier l’initiative de Dieu nous protège d’une approche du culte centrée sur l’homme et sur les œuvres. D’après le théologien Nicholas Wolterstorff, l’un des principaux problèmes du système catholique romain médiéval était qu’on y «perdait de vue» l’action de Dieu. Les actions étaient toutes humaines. En revenant à l’accent biblique sur l’initiative gracieuse de Dieu, les réformateurs protestants ont retrouvé une vision du rassemblement comme « l’action de Dieu et notre réception fidèle de cette action11 » 
  3. Troisièmement, lorsque nous comprenons que notre culte collectif provient de Dieu, nous sommes en phase avec les desseins de Dieu pour l’Église en tant que corps global. Dans 1 Corinthiens 12.4-11, nous apprenons que Dieu donne aux croyants divers dons à exercer lorsque l’Église se réunit, mais les diverses formes de cette « manifestation de l’Esprit » ont toutes le même but : « l’utilité commune » au sein de l’Église (12.7). Lorsque Dieu nous « habilite » à pratiquer le culte communautaire, il nous lie les uns aux autres dans l’unité (12.11). 
  4. Quatrièmement, le fait que Dieu soit responsable du culte nous apprend à chérir les membres de notre Église. Ce n’est pas par hasard que votre assemblée a son propre mélange unique de personnes : « Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu » (1 Co 12.18). La volonté souveraine de Dieu est que je me réunisse avec les croyants spécifiques de mon Église locale – avec son lot de problèmes, de désaccords, de maladresses, etc. Puisque c’est le cas, je ferais mieux d’arrêter de me plaindre de leurs défauts et de me mettre au travail pour les aimer. Après tout, c’est ce qu’ils ont fait pour moi.
  5. Cinquièmement, puisque Dieu convoque l’assemblée, ce que nous faisons lorsque nous nous réunissons est sa prérogative. Hughes Oliphant Old l’exprime ainsi : « Le culte de l’Église est une question d’activité divine et non de créativité humaine12. » Loin d’être restrictive ou étouffante, cette vérité nous libère en fait des chaînes de l’innovation humaine dans le culte. J’aborderai davantage cette idée, souvent appelée «principe régulateur» du culte, dans un chapitre ultérieur. 
  6. Sixièmement, et pour finir, la primauté de l’initiative de Dieu signifie que nous devons nous rassembler pour recevoir sa bénédiction. S’il est vrai que le culte implique le sacrifice et l’obéissance à Dieu, il consiste d’abord à « entendre et recevoir13 ». Nous nous réunissons comme des enfants dans le besoin, affamés, dans une dépendance totale à l’égard de notre Père tout-puissant. Lorsque nous nous réunissons, Dieu nous réconforte. Il convainc. Il équipe. Il nourrit. Il sanctifie. Il parle. Il soutient. À l’approche du dimanche et de la fin de la semaine, n’avez-vous jamais eu envie de vous ressourcer dans les eaux de la bonté de Dieu au cours d’un culte d’Église? C’est ainsi que les choses sont censées être. Dieu nous rassemble pour nous donner ce dont nous avons le plus besoin : Christ, son Fils. 

Quelle joie et quel privilège de se réunir avec le peuple de Dieu, rassemblé par sa grâce ! Maintenant que nous avons examiné cette réalité fondamentale, nous sommes prêts à aborder ce que Dieu accomplit parmi son peuple rassemblé lorsque nous nous réunissons. Quels sont les objectifs du culte ? C’est ce que nous allons explorer dans notre prochain chapitre. 

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