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La dépression de l’âme n’est pas un péché

Nous pensons souvent à tort que la dépression spirituelle est forcément un péché́. Un chrétien doit être joyeux ; après tout, il a la vie éternelle ! Être déprimé n’est pas un péché. Je ne dis pas

La Bible et la dépression de l’âme qu’un état dépressif ne mène jamais au péché ou que certaines attitudes lâches qui accompagnent la dépression ne sont pas coupables. Je dis plutôt que dans le Psaume 42, et dans une foule d’autres psaumes, nous retrouvons l’expression d’une profonde tristesse sans que l’auteur s’en repente ou implore le pardon de Dieu pour son état d’âme (Ps 13.1-4 ; 25.16-18 ; 31.7-10 ; 38.6-10 ; 43.5; 102; 107; 116).

Il y a certes un lien entre le péché et la dépression de l’âme (et nous examinerons ce lien dans le prochain chapitre). Cependant les psalmistes, bien qu’ils demandent pardon à Dieu pour les péchés qui leur causaient parfois de profondes tristesses, n’envisagent pas l’état déprimé de leur âme comme étant coupable et comme nécessitant une repentance. De grands hommes de Dieu dans l’histoire de la Bible et de l’Église passèrent par des mélan- colies très intenses. Qu’on pense notamment à Job, à David, à Jérémie ou à Paul. Luther réclamait parfois la mort, Spurgeon a lutté toute sa vie avec des épisodes de dépression et William Cowper, un poète au temps du premier grand réveil, a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Ce dernier dut apprendre à vivre selon une strophe d’un de ses propres poèmes :

Le côté obscur de la vie chrétienne - Les doutes de la foi, la dépression de l’Âme et le manque de croissance spirituelle

Le côté obscur de la vie chrétienne - Les doutes de la foi, la dépression de l’Âme et le manque de croissance spirituelle

Éditions Cruciforme. 252.

Êtes-vous venus au Seigneur pensant que tous vos problèmes seraient réglés ? Vous ne vous êtes pas trompés, mais il faudra toutefois attendre la résurrection finale avant que tout soit parfait. Entre-temps, la vie chrétienne n’est pas toujours rose. Certaines circonstances peuvent amener les chrétiens dans la confusion et les ténèbres, jusqu’à ce qu’ils ne sachent plus ce qu’est la vie chrétienne normale.
Dans ce livre Pascal Denault répond à plusieurs question que nous nous posons au sujet de la marche chrétienne et se penche sur plusieurs douleurs spécifiques de l’âme, qui minent notre relation avec Dieu, telles que le doute, la dépression et l’emprise du péché. En étudiant des passages clés de la Bible, l’auteur nous montre comment déjouer les tactiques de l’ennemi et affermir notre âme dans le Seigneur.

Éditions Cruciforme. 252.

Ne juge pas le Seigneur par de faibles sens, Mais confie-toi en sa grâce ;
Derrière une sombre providence
Il cache l’éclat de sa face.
(Traduction libre)

Un personnage bien connu de la Bible déclare ceci : « Mon âme est triste jusqu’à la mort» (Mt26.38). Et l’on sait que l’homme qui a dit cette parole et qui a vécu cette tristesse morbide n’a jamais péché de toute sa vie. La dépression de l’âme n’est donc pas un péché en soi.

La dépression de l’âme nécessite le secours de Dieu

Le psalmiste ne demande pas pardon à Dieu d’être dans cet état, mais il lui demande néanmoins de le secourir de cet état. L’âme en dépression est exposée à la tentation et court des risques importants. Il ne faut pas raisonner en soi-même que puisqu’il ne s’agit pas d’un péché nous pouvons attendre passivement que cet état cesse. Toutefois, comment lutter contre ce mal qui nous attaque de l’intérieur ? Les prochains chapitres tenteront de répondre à cette question à partir de plusieurs passages de la Bible. Il y cependant deux points que nous devons mettre immédiatement en application.

1) Il faut sans relâche implorer le secours du Seigneur.

Dans tous les psaumes où la détresse de l’âme est exprimée, nous retrouvons également d’instantes prières à Dieu pour la délivrance :

Regarde, réponds-moi, Éternel, mon Dieu ! Donne à mes yeux la clarté, afin que je ne m’endorme pas du sommeil de la mort (Ps13.3).

Regarde-moi et aie pitié de moi, car je suis abandonné et malheureux. Les angoisses de mon cœur augmentent ; tire-moi de ma détresse (Ps 25.16,17).

Aie pitié de moi, Éternel ! Car je suis dans la détresse ; j’ai le visage, l’âme et le corps usés par le chagrin (Ps 31.9).

Dans leur détresse, ils crièrent à l’Éternel, et il les délivra de leurs angoisses; il les fit sortir des ténèbres et de l’ombre de la mort, et il rompit leurs liens (Ps 107.13,14).

Pourquoi faut-il crier à Dieu ? Parce que nous avons cette promesse : « Quand un malheureux crie, l’Éternel entend, et il le sauve de toutes ses détresses » (Ps 34.6). Est-ce vrai ? La Parole de Dieu ne peut pas être fausse ! Pourtant, j’ai crié à l’Éternel et il ne m’a pas sauvé de ma détresse… As-tu cessé de crier ? Le Seigneur délivre parfois instantanément, mais pour des raisons que lui seul connait, il laisse parfois passer des années avant d’apporter une délivrance complète. Mais même lorsqu’il tarde, le Seigneur n’abandonne pas un malheureux qui crie à lui, il lui donne chaque jour la grâce nécessaire pour supporter l’épreuve et Dieu lui rappelle : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9).

2) Il faut cesser de s’écouter et se parler au moyen de la Parole de Dieu.

Ce n’est pas seulement à Dieu qu’il faut parler, mais à soi-même. Deux fois le psalmiste se répète (v. 5 et 11) : « Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu au dedans de moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore ; il est mon salut et mon Dieu. » J’aime beaucoup l’application que le docteur Martyn Lloyd-Jones fait de ce verset :

Nous devons parler à notre âme, au lieu de la laisser s’adresser à nous ! Saisissons-nous la distinction ? Dans la dépression spirituelle, nous laissons notre « moi » s’exprimer au lieu de lui parler. Là réside le problème essentiel. Je ne cherche nullement le paradoxe. Ce point constitue l’essence même de la sagesse dans ce domaine. Réfléchissons aux pensées qui nous assaillent le matin au réveil. Nous n’avons rien fait pour les susciter mais elles commencent à s’adresser à nous, à rappeler les problèmes de la veille, etc. Quelqu’un nous parle : c’est notre « moi ». Très souvent, la tristesse nous envahit pour une raison essentielle : nous nous écoutons au lieu de nous parler.

Revenons au remède du psalmiste. Il s’interpelle au lieu de s’écouter. «Pourquoi t’abats-tu, mon âme?», demande-t-il. Son âme l’avait déprimé, dominé. C’est pourquoi il lui parle : « Mon âme, écoute un instant, je veux te parler. » Le secret de la vie spirituelle consiste à savoir se prendre en main: comment se parler, s’exhorter et s’interroger. Il nous faut dire à notre âme : « Pourquoi es-tu abattue ? D’où viennent tous ces gémissements?» Au lieu de nous morfondre dans la dépression, nous devons affronter ce « moi », le réprimander, le condamner et l’exhorter : « Espère en Dieu7 ! »

Il vient un temps où nous devons saisir notre âme par la cravate et lui parler dans le casque ! Il faut arrêter d’écouter notre âme, d’écouter ses gémissements et ses plaintes et lui dire : « Maintenant, c’est toi qui vas m’écouter ! » Puis nous devons lui parler par la Parole de Dieu, non pas avec nos raisonnements logiques, non pas avec la parole des hommes, mais lui parler au moyen de la Parole de Dieu.

Ce n’est pas un dialogue que nous voulons avoir avec notre âme, pas plus que nous ne souhaitons lui faire de simples suggestions. Nous employons plutôt l’impératif et nous lui commandons : « Espère en Dieu, car je le louerai encore ; il est mon salut et mon Dieu. » Puis, nous nous prêchons à nous-mêmes la Parole de Dieu, nous nous rappelons les vérités objectives de notre salut et cessons d’écouter nos dispositions subjectives. Christ est mort pour moi, il m’a donné son Esprit, je suis un enfant de Dieu et un héritier à part entière. J’appartiens à un royaume éternel, mon Sauveur règne et il m’aime, le péché et les ténèbres vont disparaître éternellement, en Christ je suis déjà dans la gloire.

Dans les prochains chapitres, nous continuerons à parler à notre âme au moyen de la Parole de Dieu. Nous écouterons ce que sa Parole déclare concernant la dépression de l’âme et nous mettrons en pratique toutes ses instructions. Nous suivrons à la lettre les prescriptions du gardien de nos âmes (1 Pi 2.25) afin d’être guéris.

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