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Le confinement est-il une bonne ou une mauvaise chose ?  Bien des introvertis se réjouissent du confinement, alors que bien des extravertis le subissent dans la peine. Certains se réclament de leur liberté ; d’autres sont heureux de passer plus de temps en famille. On entend toutes sortes de points de vue sur ces circonstances étranges que nous vivons. Et qu’en est-il de la notion de « confinement » selon la parole de Dieu[1] ?  Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, mais nous aspirons à présenter les grandes lignes de cette thématique selon le dévoilement progressif du plan salvateur de Dieu dans les Ecritures.  Notre prière, c’est que ces lignes nous amènent à glorifier Dieu pour l’Evangile… et aussi à être davantage en mesure de discerner les catégories bibliques appropriées dans nos réflexions et dans nos conversations.

1.    Confinement paradisiaque

Tout commence dans un Jardin paradisiaque (Gn 1-2) : tous les confinements ne sont pas mauvais !  Soumis au Créateur, le fait pour Adam et Eve d’être confinés ne pose aucun problème.

2.    Confinement pécheur

Avec l’entrée du péché dans le monde, un autre type de confinement émerge.  Le premier couple voudrait se cacher – fuir son Créateur (Gn 3,8-10).  C’est un schéma qui se trouve répété, par exemple chez David (Ps 32,3-5) ou Jonas (qui descend au fond d’un navire : Jon 1,5).  Par nature, volontairement confinés « en Adam » (Rm 5,12ss ; 1 Co 15,22), et captifs du péché (Jn 8,34), nous, les êtres humains, aimons les ténèbres, et ne voudrions pas que nos œuvres soient dévoilées (Jn 3,19-20).  Mais nous avons beau penser reléguer nos cadavres au placard : il n’est pas possible de cacher quoi que ce soit à celui qui connaît les secrets même de notre cœur (Ps 44,22).

3.    Confinement-punition et confinement-frustration

Le Dieu parfaitement saint et juste doit condamner le péché. La mort entre en scène, et le confinement paradisiaque n’est plus une option : la voie menant à l’arbre de la vie est barrée (Gn 3,22-24). Dans sa grâce, Dieu fait des promesses grandioses à Abraham, qui pourvoient à un retournement des conséquences du confinement en Adam (Gn 12,1-3). Mais les descendants d’Abraham devront d’abord passer par un confinement en terre étrangère (Gn 15,13).  Formellement constitué en tant que peuple de Dieu au mont Sinaï, les Israélites doivent obéir à la loi promulguée par Moïse (Ex 19-24), faute de quoi, un confinement en terre étrangère se reproduira (Lv 26 ; Dt 28).  Cette malédiction est l’ombre d’un confinement-punition effroyable et éternel s’appliquant à toute personne encore confinée en Adam et non bénéficiaire des promesses faites à Abraham (Ez 28,1-19).

Même les personnes qui ne subiront pas ce sort sont obligées, à la suite de la punition de Genèse 3, de connaître le confinement-frustration qu’implique habiter dans ce monde déchu (cf. Rm 8,20).  On voit un couple marié expérimenter la frustration de ne pas être en phase dans l’expression de l’amour (Ct). Eviter la lèpre, la peste, ou le Covid-19, nécessite un isolement.  Le bon fonctionnement de la technologie n’est pas garanti.

4.    Confinement salvateur anticipé

Un sort heureux ultime est en réserve pour les vrais enfants d’Abraham, qui placent leur foi en Dieu (Rm 4,16 ; Ga 3,7). Cela passe par le salut face au jugement qui est mérité : il est nécessaire de se confiner – de trouver un refuge sûr. Le confinement dans l’arche de Noé en est une anticipation (Gn 6-9 ; 1 P 3,20), comme d’ailleurs le confinement dans les maisons israélites lors du passage de l’ange de la mort à l’occasion de la Pâque (Ex 12). « Le nom du SEIGNEUR est une tour forte ; le juste y court et se trouve hors d’atteinte » (Pr 18,10 NBS). Il faut se confiner en lui, sous ses ailes (Rt 2,12), dans son Oint (Ps 2,12) – sinon on aura envie, à terme, d’être confinés dans les montagnes et les rochers (Ap 6,16).

5.    Confinement volontaire et juste

Dans l’histoire des Israélites, il arrive que des personnages se trouvent volontairement en confinement pour des raisons justes : on pense au début de la vie de Samuel, auprès d’Eli (1 S 1-3) ou aux exilés qui choisissent de rentrer pour peupler la Jérusalem rebâtie (Né).

6.    Confinement-persécution

Mais souvent le confinement rime avec la persécution : on pense à Joseph dans la citerne et en prison (Gn 37 ; 39-40), à David encerclé (Ps 22,13.17), à Joas dans le temple (2 R 11), aux habitants de Jérusalem assiégés (2 R 18), à Jérémie dans la citerne (Jr 38), à Daniel dans la fosse aux lions (Dn 6).

7.    Confinement salvateur prévu : confinement-cité

Force est de constater que, ultimement, la ville de Dieu est imprenable : il faudrait s’y trouver confiné (Ps 48 ; cf. Ez 48). Lorsque le prophète Esaïe prévoit le salut pour un reste – pour les personnes qui font preuve de repentance et de foi –, il accorde une place prépondérante à la thématique de la cité (la nouvelle Jérusalem splendide : Es 25-26 ; 60 ; 62 ; 65-66). Il s’agit d’une cité où l’on est en sécurité (Es 60,11-12) ; certes, les portes ne seront pas fermées, mais les ennemis ne constitueront plus une menace – les cadavres des réprouvés se trouveront à l’extérieur de la cité (Es 66,20-24).

8.    Confinement salvateur en Christ

Au moment fixé, Dieu envoie son Fils qui laisse de côté la gloire céleste pour se trouver confiné temporairement dans ce monde (Ga 4,4 ; Ph 2,6-7). En tant que dernier Adam et vrai Israël, il réussit là où Adam et Israël ont échoué (Jn 15,1 [cf. Ps 80 ; Es 5] ; Mt 2,15 [cf. Ex 4,22 ; Os 11,1] ; Mt 3,15 ; Lc 3,23-38 ; Lc 4,1-12 ; Rm 5,19 ; 1 Co 15,22 ; Hé 2,5-8 ; Hé 10,5-10 [cf. Ps 40,7-9]). Assumant la condamnation à la place de pécheurs (Es 53,4-6 ; 2 Co 5,21 ; 1 P 3,18), il est enseveli par la suite, mais il ne peut pas rester confiné dans la tombe (1 Co 15,4 ; Ac 2,24). Le confinement de Satan en résulte (Ap 20).

L’impératif pour tout être humain, c’est de ne plus se trouver en Adam mais de se trouver confiné en Christ : greffé à lui (Jn 15), incorporé en lui (Ga 3,27), caché en lui (Col 3,3). C’est le cas pour nous qui avons la foi en lui (Ga 3,26ss). Nous nous situons dorénavant à l’intérieur de la nouvelle Jérusalem céleste (Hé 12,22-24), et nous ne sommes plus confinés dans le péché (Rm 8,9).

9.    Confinement pécheur

Cela dit, le péché continue à nous coller à la peau, et l’un des péchés qui nous guettent, c’est justement le confinement. En effet, vivre en Christ veut dire aussi vivre dans le monde (et non dans un monastère) – quoique sans adopter les valeurs du monde (1 P). Au lieu de vivre dans la peur des incroyants et rester confinés chez nous (cf. Jn 20,19), nous devrions nous rassembler avec d’autres croyants (Hé 10,25), agir en sel et lumière dans le monde (Mt 5,13-16) et promouvoir l’annonce de l’Evangile (1 P 2,9). Grâce à l’œuvre du Saint-Esprit, le confinement de Jésus dans ce monde est transcendé (Jn 14,12) !

10. Confinement juste

En même temps, nous devrions nous confiner pour prier notre Père (Mt 6,6 ; cf. 1 Co 7,5), comme le faisait le Fils (Lc 5,16). Ce que nous vivons au moment d’écrire ces lignes correspond à la juste soumission aux autorités (Rm 13) : l’interdiction de nous réunir relève non pas de nos croyances chrétiennes mais de la santé de nos concitoyens et s’applique à tout type de rassemblement.

11. Confinement-persécution

Mais le confinement-persécution peut nous guetter à cause de notre foi (Ac 16 ; 22 ; 28 ; 2 Tm 1 ; Ap 1…). Que Dieu nous donne d’être solidaires de nos frères et sœurs qui sont confinés pour cette raison (Hé 13,3), et que Dieu leur donne de rester fidèles jusqu’à la fin.

12. Confinement-cité et paradisiaque, sans confinement-frustration

Un jour, la cité céleste sera devenue la cité terrestre, cela dans un contexte paradisiaque ; elle correspond au nouveau cosmos parfait (Ap 21-22). Le corps dans lequel nous sommes actuellement confinés (cf. 2 Co 5) aura cédé la place à un corps ressuscité, plus performant (1 Co 15 ; Lc 24) – adapté pour le service de Dieu et du Christ que nous rendrons, dans une joie non entachée par le péché et la corruption, pour toute l’éternité.

Il convient de conclure en adressant un mot à certaines catégories de personnes :

*aux personnes qui n’ont pas encore trouvé un refuge en Christ : confinez-vous en lui avant que ce ne soit trop tard !

*aux croyants introvertis : ne nous complaisons pas dans l’absence de contact avec le monde extérieur durant cette période de confinement !

*aux croyants extravertis : profitez de ces moments pour cultiver de bonnes habitudes en matière de prière !

*à chaque croyant : remercions Dieu pour notre confinement en Christ et la perspective de nous trouver à l’intérieur de la cité-paradisiaque !

 

[1] Pour certaines des références au confinement, je reconnais ma dette envers https://croire.la-croix.com/Abonnes/Formation-biblique/Le-confinement-est-evoque-lAncien-Testament-2020-03-30-1701086836 (consulté le 22 avril 2020), mon épouse Myriam et mes collègues en Conseil académique et pastoral.  Je remercie également quelques étudiants inscrits à la série de cours « Théologie biblique du culte, de la loi et du sacrifice » qui ont lu et commenté ce texte ainsi qu’Anne Mindana pour la relecture.  Je reste entièrement responsable pour toute faiblesse dans cet article.

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