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La société occidentale connaît des crises régulières et les chrétiens qui y vivent subissent eux aussi les conséquences de ces crises. Qu’il s’agisse de terreur physique ou numérique, de changement climatique, d’inégalités sociales croissantes, de l’instabilité des marchés financiers ou même de l’insécurité énergétique, les défis sont nombreux. Dans une société mondialisée, quel est l’avenir de nos sociétés ? Et quelle place les chrétiens pourront-ils avoir ?

La société résiliente

Pour comprendre pourquoi l’expression « société résiliente » est si discutée, il faut d’abord définir la résilience : « c’est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique pour ne plus, ou ne pas, avoir à vivre dans la dépression et se reconstruire. Elle a été popularisée par Boris Cyrulnik qui a médiatisé le concept en psychologie à partir de l’observation des survivants des camps de concentration et de la capacité des individus à se reconstruire suite à des situations extrêmes de vulnérabilité. »[1] Une société résiliente, c’est donc une société qui parvient à résister à des crises imprévisibles.

Quatre modèles de sociétés résilientes

Le premier type de société résiliente met l’accent sur un discours sécuritaire. Le danger principal identifié est celui de l’insécurité. Les solutions se concentreront sur l’intervention d’urgence ainsi que sur l’atténuation systémique des dommages.  En conséquence, une attention particulière est accordée à l’amélioration de la stabilité des systèmes qui permettent à une société de fonctionner.

Le deuxième type de société résiliente est axé sur l’innovation, et se concentre « moins sur la minimisation des risques et la gestion des catastrophes que sur l’ajustement aux risques et la transformation des catastrophes »[2]. Les solutions mettront l’accent sur l’analyse des changements sociaux et technologiques, et leur utilisation afin de rendre la société plus « compatible » (et donc plus résiliente) avec une situation en constante évolution.

Une troisième perspective sur la société résiliente se contente d’identifier les critères qui seront nécessaires à la création d’une telle société. Ces critères vont des affaires sociales au logement, et de la gestion énergétique à l’aménagement du territoire.

Le quatrième type de société résiliente est celle qui se construit sur les promesses technologiques. La solution par excellence est celle qui intègre les nouvelles technologies au processus démocratique et à l’organisation de la société. Pour certains, c’est une société de type transhumaniste.

Et donc ?

Qu’est-ce que tout cela peut bien avoir à faire avec la foi ? Après tout, notre vocation n’est pas de construire la société, mais de proclamer Jésus-Christ. D’un côté, nous devons reconnaître une priorité au mandat missionnaire. Le peuple de Jésus-Christ est celui qui porte la lumière de la résurrection. D’un autre côté, le mandat créationnel que Dieu a confié à ceux qui portent son image n’est pas annulé par le mandat missionnaire. Les chrétiens doivent prendre part aux deux vocations : missionnaire et créationnelle. La priorité de l’un n’efface pas le second. Nous sommes toujours porteurs de l’image de Dieu, représentants du Dieu créateur dans le monde qui lui appartient. La responsabilité qu’Il a confiée aux êtres humains n’a pas changé.

C’est la première raison pour laquelle il est important d’être familier avec le concept de « société résiliente ». La participation des chrétiens au mandat créationnel demande que nous prenions part à la réflexion sur l’avenir de la société. Sur quels fondements une société humaine doit-elle se construire ? Quelles sont les origines des défis sociaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui ? Quelle vision de l’humain devons-nous défendre et affirmer ? En quoi cette vision de l’être humain, selon l’enseignement biblique, change-t-elle notre vision politique, sociale, et technologique ? Nous devons nous poser ces questions par souci de fidélité envers la vocation créationnelle que Dieu nous a confiée.

Deuxièmement, la notion de « société résiliente » nous permet de discerner quelles sont les idoles de notre société. Après avoir identifié les problèmes, nos experts nous proposent une vision de la société résiliente. Cette vision met en avant des choses cruciales comme la nature de l’être humain, les raisons de notre espérance, la nature de notre avenir, etc. Ce ne sont pas que des questions sociales. En fait, ce ne sont pas premièrement des questions sociales, mais philosophiques et théologiques. Cela signifie que les options proposées en vue de la construction d’une société résiliente manifestent le cœur humain. Cela peut nous aider à comprendre ce qui se trouve au cœur de nos sociétés, et donc de mieux prendre conscience de ses idoles. Cela veut dire que nous pouvons approcher les quatre types de sociétés résilientes de manière apologétique.

Tout d’abord, nous ne pouvons pas prévoir. Dans les solutions proposées il y a quelque chose de l’omniscience humaine. Nous devrons proclamer que l’espérance de l’humanité est dans la reconnaissance que notre connaissance est limitée. Nous nous reposons sur la connaissance et la bonté du Dieu créateur qui amène sa création vers sa plénitude. Ensuite, nous ne pouvons pas tout régler. Nous ne sommes pas tout-puissants. Si les solutions en vue d’une « société résiliente » semblent parfois proches de l’omnipotence humaine, nous proclamons que la seule vraie société résiliente est fondée sur la puissance de Dieu, qui assemble un peuple (ou société) nouveau en Jésus-Christ. Enfin, nous ne pourrons pas créer une société éternelle.  L’espérance d’une société juste et bonne est profondément ancrée dans le cœur humain. Mais elle n’est possible que par l’action du Dieu qui restaurera le monde en un royaume dans lequel il n’y aura « ni deuil, ni cri, ni couleur » (Apocalypse 21.4).

[1]   Bernard Kalaora, « La société française est-elle résiliente ? », 23 août 2016, Médiapart, http://blogs.mediapart.fr, consulté le 31 juillet 2019.

[2]    Roland Benedikter et Karim Fathi, « What is a Resilient Society? », 17 septembre 2017, International Policy Digest, https://intpolicydigest.org, consulté le 31 juillet 2019.

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