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Un trésor dans un vase d’argile

Je suis née dans une petite ville du sud-est de la France. Seconde, d’une famille de six enfants, j’ai grandi dans une famille modeste mais unie. Mes parents cévenols m’ont élevée dans la foi chrétienne évangélique. Je me suis investie dans les activités de l’Église dès mon jeune âge. J’avais cependant conscience de l’état mauvais de mon cœur et de mon incapacité à rester pure. À cause de cela une certaine tristesse et insatisfaction m’habitaient.

À seize ans alors que je préparais un enseignement de catéchisme pour les enfants, le Seigneur a directement parlé à mon cœur au travers de sa Parole. Il l’a fait par le texte de Matthieu 23.28 où Il s’adresse aux pharisiens : « …À l’extérieur, vous avez l’air d’être des hommes justes aux yeux des hommes, mais à l’intérieur, il n’y a qu’hypocrisie et désobéissance à Dieu. ». Je me suis reconnue dans l’attitude de ces pharisiens. J’ai alors dit à Jésus que je voulais être purifiée de l’intérieur, je voulais qu’il vive en moi. Je me suis repentie et j’ai décidé de le suivre en vérité. Je suis entrée dans une relation d’amour avec Dieu et non plus de crainte. J’ai trouvé alors une joie et une intimité avec Dieu que je n’avais pas connues jusque-là.

Après le baccalauréat, j’ai entrepris des études de lettres car je voulais devenir institutrice, j’aimais l’enseignement. À cette époque, le désir de servir Dieu aux côtés d’un homme qui se consacrerait à plein temps pour Lui s’est fait pressant dans mon cœur. Je me suis mise à prier Dieu de m’accorder un tel mari. C’est alors que peu de temps après, une équipe d’Opération Mobilisation est arrivée dans ma région. Cet organisme international envoyait des équipes de jeunes pour aider les Églises dans l’évangélisation et l’implantation de nouvelles des églises. Un charmant jeune homme anglais prénommé Chris, était responsable de l’une de ces équipes. Le Seigneur m’a convaincue d’aller aider ces jeunes zélés dans leur mission d’annoncer l’Évangile. Je l’ai fait plus par obéissance que par enthousiasme. Bien m’en a pris car non seulement j’ai vu plusieurs familles s’intéresser à la Bonne Nouvelle mais j’ai pu les accompagner dans l’étude de la Parole de Dieu, assistée de…. Chris !

Nous nous sommes mariés en 1973 et nous sommes restés avec OM jusqu’en fin 1986. Nous avons vécu en communauté avec des équipes pendant sept ans dans le sud de la France. Chris est devenu responsable d’un projet d’évangélisation : « Espoir pour les années 😯 ». Le but était d’atteindre toute la France avec l’Évangile. Pour cela nous avons dû nous rapprocher des bureaux d’OM en région parisienne.

C’est ainsi que nous avons emménagé à Ozoir la Ferrière à une demie heure de route à l’est de Paris. Ces années-là, Chris était souvent absent du foyer parcourant la France pour préparer les campagnes d’évangélisation de l’été.

J’étais une jeune maman de trois enfants qui essayait tant bien que mal de garder une vie spirituelle vivante. Heureusement l’église locale était là pour me soutenir et me stimuler.
 

J’ai appris à cette époque-là que la qualité du service ne se mesure pas en exploits accomplis mais en résistance et fidélité au quotidien.

En 1986, les campagnes d’été d’OM « Espoir pour les années 80 » touchant à leur terme, Chris cherchait la voie de Dieu pour lui. L’église d’Ozoir allait perdre son pasteur missionnaire et elle a demandé à Chris de le remplacer. Il a accepté et je me suis retrouvée femme de pasteur !

Et nous voilà partis dans l’aventure de l’Église ! Je ne m’étais pas préparée à cela et je me sentais bien incapable d’accomplir cette tâche. Je n’avais pas fait d’études théologiques et j’avais bien peu d’expériences d’accompagnement et de conseil des personnes, pour la plupart plus âgées que moi ! Allais-je pouvoir répondre aux attentes des gens de l’église ? Un lourd fardeau est tombé sur mes épaules. Qui plus est, un quatrième enfant est venu s’ajouter à la famille, imprévu qui n’a fait qu’ajouter à mon désarroi.

Mais le Seigneur avait mis l’amour de l’Église dans mon cœur et petit à petit j’ai appris à compter sur ses forces, sa sagesse et sa puissance pour me rendre capable de le servir là où il m’avait placé.

Il vaut la peine d’investir sa vie dans l’église de Jésus-Christ car elle est la prunelle de ses yeux, il est mort pour elle, et c’est par elle que la lumière de Christ brille en ce monde.

Chris et moi avons travaillé en binôme dans le ministère pastoral pendant trente ans. Nous avons eu la joie de voir Dieu sauver de nombreuses vies et les transformer. Nous avons connu le privilège de participer à l’affermissement de l’Église d’Ozoir, sa croissance numérique et son expansion à Pontault-Combault. Nous avons immigré avec le nouvel « essaim » et vu une nouvelle Église naître et se développer. Dieu est intervenu miraculeusement à de nombreuses reprises.

Nous n’avons pas vécu que des victoires. Les peines et les échecs ne nous ont pas été épargnés.

« Nous étions à Pontault depuis six ans et nous n’avions connu que l’essor et le succès durant cette période. J’avais 50 ans, une bonne santé, nos deux filles venaient de se marier et notre fils aîné était parti pour le service militaire. Restait notre dernier enfant Benjamin, 16 ans, devenu autonome. La maison était presque vide.

J’avais la joie d’épauler Chris dans l’Église et particulièrement auprès des femmes et des enfants. Bref, je me trouvais dans un élan d’enthousiasme et d’invincibilité.

J’étais dans une nouvelle phase de vie plus libre. Je voulais exprimer davantage la compassion du Seigneur autour de moi. J’avais toujours eu le désir d’accueillir un enfant de la DASS1 à la maison à l’exemple de ma sœur cadette. Pour moi, venir en aide à un enfant était le summum du bien. J’ai pensé que c’était le bon moment d’ajouter ce « plus » à mes œuvres pour Dieu sans compter que ce travail mettrait du beurre dans nos épinards. En même temps, je pourrais continuer mon investissement dans l’Église.

J’avais bien sûr prié à ce sujet et consulté Chris. Il a émis un avis mitigé mais favorable dans la mesure où cela semblait me rendre heureuse. Benjamin a donné également son accord. Les services sociaux m’avaient mise en garde, me disant que c’était un travail contraignant et exigeant mais je me sentais à la hauteur.

J’ai donc accueilli une petite fille de trois ans à temps plein à la maison. Et…les choses ne se sont pas déroulées comme je l’attendais.

L’enfant s’est avérée difficile, la relation avec sa famille aussi. Benjamin pourtant favorable au début, acceptait difficilement cette présence envahissante et se rebellait en bon adolescent. De surcroît, à cette même période, ma deuxième fille Sara a eu besoin de moi pour garder son bébé de deux mois.

Je voulais continuer à m’investir autant dans l’Église mais la charge est devenue trop lourde. Je commençais à me sentir dépassée et enfermée. J’avais aussi minimisé les effets de la ménopause qui commençait à me troubler. J’ai lutté avec Dieu, lui demandant de me tirer de cette situation. Pour faire court, après quelques mois, la petite fille est tombée malade et j’ai craint pour sa vie. J’ai beaucoup stressé et j’ai fini par tomber malade à mon tour. Au final, j’ai dû renoncer à garder et la petite fille et mon petit-fils.

Insidieusement la culpabilité et le sentiment d’échec m’ont envahie. Je ne pouvais plus lire la Bible sans me sentir accusée. J’ai perdu la notion de l’amour de Dieu pour moi et je tombais peu à peu en dépression.

Il a bien fallu quatre ans pour que je remonte la pente petit à petit. J’ai dû arrêter la plupart de mes engagements à l’Église car je pouvais plus faire face aux enfants ni enseigner les femmes.

Je me revois ce jour de septembre 2003, assise en pleurs sur le canapé. Je me demandais comment j’allais faire face à l’Église et assumer mon rôle de femme de pasteur. J’étais à deux doigts de quitter la maison et de partir en maison de repos. Ce jour-là, avec Chris, nous avons décidé que nous ferions confiance à Dieu un jour à la fois…

Fin 2006, je commençais à sortir la tête de l’eau lorsque j’ai appris que j’avais un cancer du sein.

Pendant presque sept ans l’Église a grandi avec une femme de pasteur bien bancale et bien malgré elle !. Aujourd’hui je suis guérie et consciente de ma fragilité.

J’ai envie de témoigner que même avec nos faiblesses et nos fragilités, Dieu nous utilise pour ajouter à l’Eglise ceux qui sont sauvés, pour garder son peuple dans l’unité et pour faire aboutir ses projets. Il est un Dieu de grâce. »

Il y a trois ans nous avons pris notre retraite en tant que couple pastoral. Mon mari qui n’aime pas ce mot de retraite dirait que nous avons changé de ministère.

Nous voulons rester au service des Églises pour encourager les personnes à marcher et à grandir dans la foi en leur « enseignant à obéir à tout ce que Jésus-Christ a prescrit ». J’ai particulièrement à cœur les femmes et les personnes en souffrance.


1 Direction des Affaires Sanitaires et Sociales

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